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La question du lait

La question du lait pur

Un fléau national. – Le lait impur tue quatre mille enfants par an à Montréal. – Comment on obtient du lait pur. – Une visite à la ferme modèle de M. Duncan.

Chaque année, quatre mille bébés au dessous d’un an meurent à Montréal. Pourquoi ? Parce qu’on leur donne du Lait impur. Voilà le fait brutal de sa cause.

Le mauvais lait cause autant de ravages parmi les nouveaux nés que l’alcool parmi les adultes.

Si j’étais M. Roosevelt, je dirais volontiers que la mauvaise alimentation de l’enfance constitue une des formes les plus graves du suicide de la race.

Alors je ne suis pas M. Roosevelt. Heureusement pour vous et pour moi.

Je me contenterai donc de faire observer que le développement de l’élément canadien français dans les grands centre dépend en grande partie du fermier et de celui qui vend des produits à l’humble et tout puissant laitier.

Un laitier consciencieux peut faire, pour la prospérité du pays, mille fois plus que M. R.-L. Borden dans toute sa gloire.

Qu’on nous permette ici quelques explications sans prétention. Le lait, chacun sait ça, est l’aliment « complet » par excellence. Il contient tous les éléments nécessaires au développement de l’enfant en bas âge, mais…

Mais le lait est en même temps un bouillon de culture par excellence. Nul milieu n’est plus propre au développement des bactéries et des microbes. Aussi le lait devient-il un poison lent mais sûr lorsqu’il est livré dans ces conditions anti-hygiéniques.

Malheureusement, en dépit des efforts des autorités médicales, la plupart des fermiers et des laitiers s’obstinent dans la routine désastreuse d’antan.

Lorsque l’un d’entre eux se signale par une heureuse exception à la règle, le moins qu’on puisse faire est de reconnaître officiellement ses efforts et de l’encourager publiquement à persévérer dans cette oeuvre patriotique.

C’est dans ce but que le Dr. Dagenais, président de la Commission d’Hygiène et un groupe de directeurs membres de l’Association de la « Goutte de Lait », se rendaient hier à la ferme modèle de M. Duncan à Howick.

Un train spécial les attendait à la gare Bonaventure. Remarquées au départ : Dr. Dagenais, Dr. Pelletier, secrétaire du Bureau d’Hygiène Provincial, Dr. Cormier, Dr. Cartier, Dr. Boucher, Dr. A. Bernier, Dr. J-A. Duhamel, Dr. Louis Laverge, chef du Bureau d’Hygiène, Dr. J.E. Laberge, bactériologiste de la ville, Dr. Milton, L. Hersy, analyste de la ville, Dr. J.J.é Carry, inspecteur des aliments, Dr. L. J. Demsers, assistant inspecteur des aliments, Dr. Lespérance, inspecteur du lait, Dr. Barry, M. Doré, ingénieur sanitaire.

Monsieur Lyster, gérant de la ferme Duncan accompagnait ces messieurs.

Voyage charmant sous un ciel gris, à travers la campagne verte. Des brumes légères traînent au bords des bois qui ferment l’horizon, présage de la pluie qui nous accueille à la gare d’Howick. Deux mille, sous l’averse, entre des pâturages admirables et nous voici devant la ferme Duncan, une résidence d’un chic très moderne, sur un plateau, à quelques arpents de la rivière English.

Monsieur Duncan est un gentleman fermier qui a su garder les traditions des ancêtres. Il a l’hospitalité écossaise et le banquet qui attendait les docteurs montréalais sous la vérandah eût satisfait le plus exigeant des archiducs.

Après déjeuner, inspection de l’établissement. De l’avis de tous les experts présents, la laiterie de Mé Duncan est la plus parfaite de la province.

L’étable qui peut contenir cinquante vaches a cent pieds de longueur par cinquante de largeur et 16 de hauteur. Elle est pavée en ciment et est éclairée par une vingtaine de châssis. L’aération est splendide. Deux tubes de six pouces aspirent l’air frais au dehors et la distribuent à l’intérieur par les travaux d’un pouce de large l’un pour deux vaches). L’acide carbonique, produit toxique de la respiration, est chassé au dehors par deux puissants ventilateurs. Ce sont, en vérité, d’heureuses vaches que les vaches de M. Duncan, et les ouvriers de nos manufactures de la ville pourraient à bon droit exiger qu’on leur donne, comme atelier, une étable pareille à celle-là.

Ainsi, un air parfaitement pur circule toujours dans cette étable et tout danger de maladie se trouve de ce fait écarté. Ajoutez à cela, une propreté impeccable. Bien des maisons de nos faubourgs sont, hélas, sous ce rapport inférieures à l’étable, Duncan.

Chaque vache est attachée dans une stalle spéciale, abreuvée dans un réservoir qui s’emplit automatiquement et une rigole à purin draine… l’humidité dont on n’a que faire. Grâce à l’ingénieuse disposition du local, que seul un dessin pourrait faire comprendre, il arrive que la vache à l’étable repose toujours sur une paille sèche et demeure aussi propre qu’il est possible.

Arrive le moment de la traite. L’opérateur dont M. Duncan exige la plus stricte propreté, lave le pis de la vache pour le débarrasser des poussières et des germes qui s’y sont reposés durant le jour. Il trait le lait dans des bassins préalablement aseptisés à l’eau bouillante que fournit un réservoir spécial.

Aussitôt après la traite, le lait est passé dans un réfrigérateur qui abaisse sa température à 45 degrés et les bidons sont déposés dans une vaste glacière où ils demeurent jusqu’au départ des train.

Grâce à ces multiples précautions, qui négligent, il faut bien le dire, presque tous les laitiers. M. Duncan obtient un lait pur que les mères de famille peuvent sans crainte, donner à leurs nouveau-nés.

Mais ce lait, pour excellent qu’il soit, ne convient pas encore à tous les jeunes estomacs. Certains supportent mal la caséine, d’autres digèrent difficilement la lactose ou d’autres éléments.

À ceux-là il faut recommander le lait « modifié » que M. Duncan produit à son laboratoire du #66 de la rue Drummond.

Le lait modifié est du lait traité par la force centrifuge auquel on ajoute en quantité déterminée les éléments prescrits par les ordonnées des docteurs.

Enfin, il est un lait de qualité absolument supérieure que M. Duncan se propose de livrer au public lorsque le public aura compris l’importance de la question du du lait dont il se désintéresse si fâcheusement.

Ce lait, réservé exclusivement à l’usage des nourrissons, serait fourni par des vaches de choix et filtré à travers un coton aseptique avant d’être embouteillé sur le lieu même de la traite. Ce lait vaudrait de 15 à 20 cents la pinte, mais il est pour de gens qui refuseraient de payer ce prix-là pour sauver la vie de leurs enfants.

En terminant, il ne nous reste qu’à supplier le lecteur de ne pas prendre ce compte rendu rigoureusement sincère pour une annonce ou une réclame.

Nous n’avons pas voulu vanter les produits de M. Duncan, nous avons simplement cherché à faire comprendre aux autres laitiers de qu’ils devraient faire, et au public ce qu’il devrait exiger.

Cette question est une question vitale et on ne répétera jamais assez au public que le lait impur, voilà l’ennemi.

(Texte paru dans le journal le Canada, vendredi 7 juillet 1905).

L’homme sûr est celui qu’on consulte. Photographie de Megan Jorgensen.


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