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Mémoire Master 2 philosophie politique et éthique : l'humanitaire dans les démocraties contemporaines

L’aide Humanitaire est une forme de solidarité ou de charité, généralement destinée aux populations pauvres, sinistrées ou prises dans une guerre, qui peut répondre à des besoins divers (faim, santé, reconstruction après un sinistre, éducation, protection des enfants, mise en place de réseaux d'eau et de communication...). On distingue souvent à ce sujet l'aide d'urgence de l'aide permanente ou aide au développement.
Cette aide peut prendre diverses formes (dons d'argent, envoi de marchandises et équipements de première nécessité, envoi de personnel faisant des interventions sur place) et provenir de diverses sources : Les associations (laïques ou non) et les ONG humanitaires (dites aussi caritatives) ou même les États et autres collectivités publiques, les Organisations Internationales publiques, notamment celles dépendant de l'ONU, de l'Union européenne, ou encore les entreprises.
L’aide humanitaire est née indépendamment du politique et est issue de différentes sources, telles que la charité chrétienne, le colonialisme ou les guerres européennes. Elle partage aujourd’hui certains idéaux de la démocratie, la liberté, l’égalité… mais dans la pratique, politique et humanitaire peuvent entrer en conflit, défendre des intérêts différents, engendrer des conséquences contradictoires.
L’aide humanitaire est un phénomène à la fois unanimement plébiscité et en même temps fortement critiqué dans nos sociétés contemporaines. Ce qui pose principalement problème, c’est la question de savoir si l’aide humanitaire, capable de déplacer des foules et de drainer énormément de dons, est réellement désintéressée ou si elle poursuit d’autres buts. Cette question se pose notamment en raison des effets pas toujours souhaitables provoqués par l’aide humanitaire. L’aide humanitaire communique beaucoup sur les notions de responsabilité, de morale, de don de soi… mais elle ne semble pas toujours être réalisée pour ces raisons là. Parfois d’autres motifs peuvent être pris en compte dans la décision de donner, d’agir ou d’aider qui peuvent altérer la beauté du geste. Penser l’aide humanitaire, c’est réfléchir à la morale qui y est intégrée. L’aide humanitaire est née de l’action de citoyens indépendants qui se sont unis pour agir ensemble de manière plus efficace. Leur action est souvent née de sentiments purs, mais elle mettait du temps à porter ses fruits, trop liée à d’autres motifs (ethnocentrisme, colonialisme…). D’autre part, l’aide humanitaire s’est vite rapprochée de la démocratie en raison des idéaux qu’elles partageaient. Aujourd’hui, le lien existant entre humanitaire et démocratie met en jeu tant la morale humanitaire que la morale politique. L’objet de ce mémoire sera donc d’étudier l’apport théorique de la philosophie morale à l’humanitaire afin de comprendre quels en sont les enjeux contemporains et en déduire la conception la plus à même de réaliser l’idéal de l’humanitaire dans la pratique sans perdre de vue les liens qu’elle entretient avec la démocratie dans laquelle elle existe aujourd’hui.


Notre étude sur la morale de l’aide humanitaire met en présence deux notions philosophiques très proches qu’il convient d’expliciter avant de les utiliser régulièrement au cours du mémoire, il s’agit des notion d’ « éthique » et de « morale ». Si l’on souhaite réfléchir au lien ou à la différence entre éthique et morale, il convient avant tout de rappeler que l’éthique est un terme d’origine grecque alors que morale est un terme d’origine latine signifiant peu ou prou la même chose. Souvent aujourd’hui, on assimile l’éthique à la science de la morale , eu égard à l’activité des nombreux comités d’éthique qui se mettent progressivement en place.
Aujourd’hui des comités d’éthique cherchent à trouver une morale de l’action pour résoudre des incertitudes et des tensions liées à l’application par l’homme de connaissances nouvelles. La légitimité des actions qui vont être accomplies se réfère alors souvent à Kant et les décisions prises visent le respect de l’homme. Avec la morale utilitariste, il faut ajouter le respect des intérêts humains en plus.
Le débat éthique existe souvent sous la forme d’une tension entre deux rationalités morales reposant sur la raison mais n’aboutissant pas aux mêmes résultats. La délibération éthique doit alors hiérarchiser, dans le contexte étudié, les rationalités morales aux inférences divergentes. C’est ce que nous tenterons de faire en hiérarchisant les rationalités morales dans le contexte de l’aide humanitaire en tentant avant tout de ne pas se satisfaire d’un relativisme moral généralisé.

Les sociétés contemporaines sont riches de la diversité des traditions, des références philosophiques, religieuses et par conséquent morales. Les références étant multiples, est-il possible de s’accorder sur les valeurs fondant l’action bonne ? Au centre de l’éthique il y a le souci de l’autre, de sa liberté, de ses intérêts et de ses droits. C’est ce point central de l’éthique qui nous intéresse tout particulièrement dans ce mémoire.
Le problème de l’éthique contemporaine est alors de voir si ce que l’on propose est probablement vrai, réalisable et raisonnablement sûr, si c’est là un moyen de développer un marché et d’accumuler des richesses, et si c’est pour autant un bien ? Il faut se méfier de la réduction des valeurs immatérielles à leurs dimensions économiques et techniques. Dans une discussion d’ordre éthique il faut tenter d’introduire de la rationalité et de l’argumentation plutôt que de l’émotion et de l’idéologie. N’avons-nous pas déjà néanmoins commis cette erreur en agissant par impulsion et sous le coup de l’émotion lors de crises humanitaires ?
L’éthique contemporaine subit d’importantes mutations. On fait de plus en plus appel aux philosophes pour réfléchir aux applications possibles de la morale dans des champs aussi différents que la technologie, la biologie, la médecine ou même la politique. On fait appel à eux dans tous les domaines où se crée l’opinion, où se prennent des décisions. « Qu’il s’agisse de prendre position sur une législation destinée à réguler l’usage de technologies permettant de déterminer les caractéristiques génétiques d’enfants à naître, de faciliter la décision d’une fédération sportive sur l’usage de produits dopants ou de conseiller une entreprise sur les mesures appelées par les conséquences écologiques de ses activités, les instances concernées s’attachent la coopération d’éthiciens chargés de guider leurs réflexions ou d’évaluer le suivi de leurs choix » . « Ils font progresser la recherche philosophique sur des questions aussi radicales que celles de la distinction entre le Bien et le Mal, de la liberté et de la responsabilité des agents moraux ou des fins morales à poursuivre, entre bonheur et devoir, par les personnes individuelles ou collectives »  ajoute encore Ludivine Thiaw Po Une.  Il ne fait alors aucun doute que les problèmes de choix, ou de responsabilité dans le cadre de l’action humanitaire tireraient de nombreux enseignements de ces réflexions éthiques et permettraient de réfléchir à la façon de faire effectivement le bien là où l’on intervient.

Ce que nous souhaitons en effet étudier ici, c’est la façon dont la philosophie morale peut être mise au service de l’action humanitaire. Parmi la grande diversité des conceptions morales contemporaines, toutes ne sont pas adaptées à ce type d’action et l’objet de ce mémoire est de réfléchir à la conception la plus à même de faire en sorte que l’aide humanitaire soit à la fois morale et un succès tant pour ceux qui prodiguent l’aide que pour ceux qui la reçoivent. Nous procéderons donc à un débat éthique sur ces différentes conceptions.

Depuis Kant, la philosophie morale était représentée selon deux dimensions : la dimension fondatrice et la dimension applicative. Nous ne rechercherons pas ici à revenir sur la dimension fondatrice des philosophies morales que nous considèrerons. Nous supposerons que ces philosophies morales ont une assise assez forte pour être traitées au même niveau que n’importe quelle autre éthique du point de vue de ses thèses. La dimension fondatrice vise à établir « le principe ultime de la morale ». En énonçant l’impératif catégorique, Kant dégage « le critère ultime permettant de discerner quelles fins ou quels objectifs susceptibles d’être visés par le sujet humain sont proprement moraux  ». La dimension applicative de la philosophie morale cherche à mesurer les conditions d’application de la théorie à la pratique et aux cas concrets. C’est cette dimension qui nous intéresse ici, et si nous parlerons forcément des fondements des différentes philosophies morales afin de mieux les présenter, c’est uniquement leurs dimensions applicatives que nous mettrons en questions dans les cas de l’aide humanitaire.

Nous postulerons en effet que les sentiments à l’origine de l’action humanitaire ne sont pas totalement désintéressés et qu’ils sont issus de différentes sources, de différents motifs d’action. Il devient dès lors difficle, compte tenu de l’origine variée de ces sentiments moraux de prôner une morale déontologique stricte. La morale téléologique serait la plus à même de prendre en compte ces différents motifs d’action, ces sentiments à la fois altruistes et égoïstes afin de se donner des règles d’action capables de prendre en compte les conséquences afin d’orienter les différents motifs d’action vers la réalisation d’une aide la meilleure possible.

Parmi les différentes morales qui peuvent justifier l’acte humanitaire quelle est celle qui résiste le mieux à sa mise en pratique dans le contexte moderne des démocraties ?

Les deux premières partie, très philosophiques et conceptuelles permettront de montrer que l’humanitaire met en jeu les concepts de sympathie, de compassion et d’amour de l’autre, ainsi que différents systèmes de philosophies morales.
Nous partirons d’abord de l’étude des sentiments en jeu dans l’action humanitaire dans le but de comprendre préalablement quelles peuvent être les différentes motivations à l’action. Si les bons sentiments sont souvent mis en avant, d’autres sentiments moins nobles peuvent intervenir. Il s’agit alors de les comprendre pour les adapter à une morale de l’action qui permette de les corriger.
Les principales philosophies morales existant dans les démocraties contemporaines seront ensuite développées dans leur aspect théorique. Ce sont celles-ci qui seront mises à contribution pour étudier l’implication dans l’aide humanitaire des hommes et des Etats contemporains. La recherche du bonheur dans nos sociétés contemporaines peut se réaliser en suivant différentes philosophies morales qui se divisent principalement en deux types de morale, la morale déontologique et la morale téléologique. Nous préciserons donc à quoi correspond chacune d’elles, en nous appuyant sur les philosophes kantiens pour la morale déontologique et sur les utilitaristes pour la morale téléologique, en tentant de mettre en exergue les limites de chacune d’elles et les critiques auxquelles elles ont mené.
C’est seulement à partir de cette mise au point conceptuelle que nous pourrons réfléchir à l’application de ces morales dans le cadre de l’action humanitaire dans la troisième partie de ce mémoire et mettre en lumière notre thèse. Il faudra réfléchir au problème philosophique concret que pose l’humanitaire : problème politique et problème éthique. La bonne volonté ne suffit pas pour faire de l’humanitaire, il faut réfléchir aux conditions de réalisation et d’application de la morale humanitaire.

pour lire l'intégralité du mémoire :

Téléchargement Mémoire humanitaire



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