de Tiphaine Rivière
Bande dessinée - 175 pages
Editions Seuil - mars 2015
Jeanne Dargan est étudiante à la Sorbonne. Sa demande de thèse a été acceptée, elle est euphorique ! Son entourage l'est un peu moins : sa thèse donc ses années de recherche à venir ne seront pas financées. Et son directeur de thèse est un ponte universitaire toujours aux abonnés absents quand il s'agit d'avis ou de relecture. Son fiancé joue de patience devant les humeurs de Jeanne, totalement vouée à sa thèse, sa documentation, sa rédaction, sa nouvelle rédaction, ses remises en question, son énième rédaction.
Ce récit imagé d'une réalité étudiante est frappant de réalisme. Tiphaine Rivière arrive à nous faire partager les émotions de Jeanne, et à nous faire ressentir, presque revivre même si cela ne nous a pas été familier, des semaines de lutte pour la motivation, contre la lourdeur et l'inefficacité administrative. On compatit avec Jeanne, évoluant dans ce microcosme universitaire avec ses codes, ses hiérarchies, ses ambitions et ses trahisons, et surnageant également dans l'univers parisien et familial, où les carrières sont comparées, où elle entre dans l'âge de "faire sa vie", où elle assiste à la transformation de ses amis en jeunes parents.
C'est à la fois très drôle par le recul dont témoigne la bande dessinée, et également très touchant en ce que cela raconte de ces jeunes adultes dont les fragilités sont mises à rude épreuve, dont la liberté accordée peut enfermer dans un avenir qui semble se fermer à eux, dont la précarité assombrit le quotidien et l'insouciance.
Carnet de thèse est un ouvrage vraiment réussi, et salvateur.
Interview de l'auteure - LeMondeCampus
Lire les 8 premières planches - Bureau14 de la Sorbonne
