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Phil, l’enfant terrible

Légende de Phil, l’enfant terrible des Îles-de-la-Madeleine

Phil était un enfant doué d’une intelligence et d’une imagination très fécondes : il n’avait rien à son épreuve. Il avait un talent particulier pour le dessin. Dans le canton du Grand-Ruisseau, quand il y avait un personnage ou un paysage à dessiner, on allait chercher Phil. Très actif, il débordait d’énergie mais ne s’en servait pas toujours à bon escient.

Un jour, il s’était mis dans la tête de détruire tous les nids de corbeaux des environs. Il grimpait aux arbres Comme un écureuil, arrachant les œufs et détruisant les nids. Les Corbeaux, reconnaissant en lui un ennemi terrible, se rassemblèrent en croassant pour discuter des moyens à prendre pour se protéger de cet ennemi qui cherchait à les détruire tous. Enfin, ils en vinrent à une entente : ils décidèrent de se grouper pour mieux attaquer. Chaque fois que Phil sortait de la maison, les corbeaux étaient aux aguets. En groupe, ils fonçaient sur lui pour lui briser le crâne et remontaient dans les airs pour replonger ensuite, jusqu’à ce que Phil abdique et entre dans une maison. Tous les jours suivants, la même scène se répétant, il fut obligé de sortir la nuit pendant que les corbeaux dormaient. Il lui fallait trouver une solution.

Il lui vint finalement une idée géniale. Il prit deux bâtons et s’en servit pour tenir son chapeau à une distance d’environ six pouces au-dessus de sa tête. Les corbeaux pensant voir une tête plongeaient et donnaient de grands coups de becs dans le chapeau.

Un jour, avec d’autres petits camarades, il vint à l’idée de Phil d’aller jouer un tour à Jean à Pascal, un vieil haïssable qui ne tolérait pas que les enfants viennent jouer près de sa maison. Le vieux Jean avait une belle vache qu’il affectionnait particulièrement et qu’il gardait toujours dans son étable de peur que quelqu’un ne la lui vole. Nos jeunes turbulents prirent des boîtes de conserve, les enfilèrent sur une corde qu’ils attachèrent à la queue de la pauvre vache pendant qu’elle les regardait d’un air étonné.

À chaque mouvement qu’elle faisait, un tintamarre résonnait jusqu’à la maison du vieux. Réveillé au milieu de la nuit, il se lève, saute dans ses culottes et se rend à l’étable, pensant bien que le diable était aux vaches… En apercevant sa belle vache décorée comme un arbre de Noël, il devint rouge de colère. Cependant, il ne dit mot à personne, mais se promit bien de faire sa petite enquête pour découvrir le vrai coupable.

Quand il eut atteint l’âge de seize ans, Phil décida avec son frère Arcade, plus âgé que lui, d’aller travailler sur la Côte-Nord, dans un chantier de bûcherons. Après quelques semaines de travail en pleine forêt, il eut l’impression d’étouffer et fut soudain épris de liberté. Après s’être libéré de la tutelle de ses parents, il sentait maintenant le besoin de voyager pour mieux connaître le vaste monde. Il dit alors à son grand frère : « Je m’en vais. J’en ai assez de la forêt. J’veux voir du monde, des filles en masse, la grande ville. Ici, c’est rien que du bois, des arbres. »

Son frère lui demanda : « Mais où veux-tu aller? » Ne recevant aucune réponse, il examina l’étiquette collée à ses bagages et il lut : « Phil Harvey, va comme j’te pousse. » Comme adresse, cela ne voulait pas dire grand’chose. Il partit…

Vingt ans plus tard, il revint à Montréal voir ses sœurs qui y habitaient. Elles ne le reconnurent pas, tant il avait changé. Il dut s’identifier. Alors, il commença à leur parler de ses aventures…

« Une fois, dit-il, c’était pendant la crise économique. Je revenais des montagnes rocheuses, où j’avais travaillé à la construction de routes. J’étais à prendre un coup tranquillement dans un club de la ville, quand tout à coup entrent quatre gros policiers. Ils étaient à ma recherche. Ils s’avancent droit vers table en me disant : « Ton nom, c’est Phil Harvey? »

-Non, non, que je leur répond aussitôt, mon nom est Laplante! »

Rien à faire; un des policiers l’avait reconnu. Il faut dire que Phil n’était pas un enfant de chœur, et qu’il était en plus fort comme un bœuf. Il imposait par sa forte stature.

« Le policier me dit donc «  Je te reconnais. Je sais qui tu es. Tu m’a déjà donné une volée dans un taverne de la rue Sainte-Catherine… »

Mais Phil, alerte comme pas un, saute sur la table et leur dit : «  Si vous voulez me prendre, venez me chercher. » La bataille commença; les coups de poings de perdaient à gauche et à droite. Phil jouait plutôt des pieds. Les tables se brisèrent. Du sang giclait, et ce n’était pas celui de Phil! Une demi-heure plus tard, les quatre policiers étaient étendus par terre : seul Phil était debout, triomphant. Il sorti du club, tranquillement, comme si de rien n’était et disparut dans la foule.

« Je l’avais échappé belle! »

Grâce à sa force physique et à son endurance, il était sort vainqueur. On a dit de lui qu’il était membre d’une société mystique dont les membres se nommaient « Les maîtres du monde. » et que le travail manuel leur répugnait. Était-ce vrai? Personne ne le saura jamais.

(Tirée des Contes et légendes des Îles-de-la-Madeleine. Par Azade Harvey. « Azade : Raconte-moi tes Îles, » Ont participé à la réalisation de ces légendes Guy Saint-Jean, Robert Davies, Marie Décary, Rolande Vadeboncœur, Monique Saint-Jean, Carmen Garcia).

Pour en apprendre plus :

  • Église sortie d’un naufrage
Une île tropical fantaisiste. Illustration par Bing.


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