Rue Beaudoin dans le quartier montréalais de Saint-Henri

Située dans le Quartier de Saint-Henri de Montréal, la Rue Beaudoin est une rue très courte qui relie les berges du canal Lachine et la voie ferrée, en passant par la rue Saint-Ambroise et la rue Notre-Dame Ouest. D’un côté cette rue calme et peu fréquentée par le trafic urbain, est voisine du parc historique Sir George-Étienne Cartier, d’autre côté c’est la rue Sainte—Marguerite qui suit son trajet en parallèle.

Notons que plusieurs quartiers municipaux ont d’abord été des municipalités ou des villages autonomes, jusqu’à leur annexion à la ville de Montréal. Il arrive donc que nous ayons sur le territoire actuel deux ou plusieurs voies de communication portant le même nom, chacune ayant son histoire propre. Bien que ce phénomène tende à disparaître, il se trouve encore quelques cas pour rappeler cette facette de l’histoire montréalaise. Ainsi, il existe deux rues Beaudoin à Montréal, une dans le quartier de Saint-Henri, et une seconde dans le quartier de Pointe-aux-Trembles, dont la date de dénomination est antérieure à 1982.

La rue Beaudoin a été ouverte au XIXe siècle dans ce quartier de tanneries, de forges et d’autres usines et plusieurs des ouvriers des industries y habitaient. En fait, les maisons étaient assez pauvres et caractéristiques des familles avec un grand nombre d’enfants (parfois, jusqu’à quinze enfants). La rue a été nommée par le conseil municipal de cette ville au moment de son ouverture. L’origine de ce nom et sa signification n’ont pu être déterminées jusqu’à maintenant, alors la Commission de toponymie invite détenant une information sur l’un ou l’autre de ces aspects à lui en faire part.

L’écrivaine Gabrielle Roy a immortalisé cette rue après l’avoir fait l’un des endroits les plus importants où se développe l’histoire de son célèbre roman « Bonheur d’occasion » et où la famille Lacasse habite jusqu’au moment quand sans moyens de payer le loyer dans leur petite maison ils doivent déménager sur une rue voisine.

Voici quelques extraits où la rue Beaudouin est mentionnée de ce grand roman qui témoigne de la vie au Québec, à Montréal et dans le quartier de Saint-Henri au début des années quarante du XXe siècle :

«Rue Beaudoin, elle s’arrêta devant la façade nue, très pauvre, d’une maison de bois. À droite, une ouverture basse et humide conduisait à une petite cour intérieure où des fenêtres timidement éclairées jetaient des lueurs sur des amas de détritus. La rue comptait une vingtaine de petites maisons de bois, traversée, de-ci de-là, par de semblables passages qui menaient aux cours intérieures. Au bout de la rue, un remblai grimpait très haut jusqu’au chemin de fer.»

« À travers cet inconnu, que les lumières lui paraissaient brillantes, la foule gaie, et le printemps même, plus très loin, à la veille de faire reverdir les pauvres arbres de Saint-Henri ! »

«D’un pas d’automate, elle prit le chemin de la rue Beaudoin. »

«En quittant le tram un peu avant la rue Beaudoin, elle avait pensé s’arrêter au Quinze-Cents pour donner des nouvelles de Daniel à Florentine, et acheter à une épicerie de la rue Notre-Dame quelques provisions pour le souper.»

«D’un pas rapide, il franchit la rue Saint-Jacques. La lumière d’un lampadaire le frappa en plein visage, puis, tout de suite après avoir traversé la chaussée, il fut de nouveau enveloppé dans la demi obscurité de la rue Beaudoin qui se fait plus sombre et plus lamentable à mesure qu’elle approche du canal de Lachine.»

«À peine sorti de la maison, Eugène avait redressé la tête et, tout en sifflotant, s’était dirigé vers la rue Notre-Dame. Il tourna le coin de la rue Beaudoin, respira profondément et laissa paraître sur ses lèvres un demi-sourire de ruse et de contentement.

«Séduite, comme si elle avait tout mis en règle, elle se leva et, après un dernier regard jeté dans la glace, sortit et s’achemina vers la rue Beaudoin.»

«Une joyeuse assurance se lisait dans son regard lorsqu’il atteignit la rue Beaudoin. Il réfléchit qu’il avait bien fait après tout de ne pas s’arrêter au magasin.»

« Avant, ils vivaient dans le halètement continu des trains encore qu’ils fussent assez éloignés du chemin de fer qui passait là-haut, au-delà du remblai fermant la petite rue Beaudoin»

Voir aussi :

• Le quartier Saint-Henri en images