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L’assainissement de l’eau en 1960

L’assainissement de l’eau requiert du temps et de l’argent

L’ampleur du problème est due à l’industrialisation intensive du Québec, dit le Dr A. Leclerc

Par un vote de 45 voix contre 11, le gouvernement a rejeté, hier soir (22 février 1960), une motion de l’opposition suggérant que les autorités gouvernementales prennent les mesures nécessaires au cours de la présenté session pour apporter sans retard une solution au grave problème de la pollution des eaux. Plusieurs députés ministériels et autres ont pris part à cette discussion sur la pollution des eaux dans la province Le débat a été amorcé jeudi soir dernier, alors que M. Paul Earl, député libéral de Notre-Dame-de-Grâce, a proposé la motion mentionnée plus haut.

Pour sa part, le ministre de la Santé, l’honorable Arthur Leclerc, a déclaré que le problème est complexe et de solution fort difficile. Il y aura toujours des eaux polluées, a-t-il dit. Il a révélé que le gouvernement avait déjà consacré de fortes sommes d’argent en recherche à ce sujet. Mais il est d’avis que le problème ne pourra être réglé du jour au lendemain et sans y consacrer des centaines de millions de dollars.

Le principal objectif de l’opposition en présentant cette motion, ont souligné les députés libéraux n’était pas de critiquer le gouvernement, mais plutôt de prendre les mesures qui s’imposent pour protéger la population.

L’honorable J.-J. Bertrand, ministre de la Jeunesse et du Bien-être, a souligné, pour sa part, que plusieurs compagnies ont consacré de fortes sommes d’argent pour prévenir la pollution des eaux. Il a souligné aussi le travail de l’Officier de biologie. Il a dit que le gouvernement provincial n’était pas en arrière dans ce domaine.

M. Glen Brown, député libéral de Brome, voudrait que la province imite ce qui s’est fait ailleurs où la pollution est devenue en quelque sorte un actif. Par des moyens chimiques, on extrait les matières organiques que l’on vend ensuite à bon prix.

Pollution des eaux

On reprit ensuite le débat sur la motion de M. Paul Earl, député libéral de Notre-Dame-de-Grâce, sur la pollution des eaux. M. Richard Hyde, libéral de Westmount-St-George, avait la parole. Montréal, dit—il en citant l’opinion d’un hygiéniste, est construit sur une île qui flotte sur une mer d’égouts.

Qu’est-ce que le gouvernement a fait pour remédier à la situation de la pollution des eaux? Il prétend qu’il a dépensé $25 millions pour construire de nouveaux égouts dans diverses localités de la province. Sans doute cela était-il nécessaire, mais je doute fort, dit M. Hyde, que cela améliore la situation des eaux. Il faudrait au moins que le gouvernement prenne des dispositions pour que l’on ajoute des filtres aux égouts lors de leur construction.

On a rapproché à l’Opposition, dit le député, de faire usage de journaux dans ses interventions contre le gouvernement. Je répondrais que c’est son devoir de scruter les actes du gouvernement et de critiquer ce qui lui paraît condamnable. Nous n’oublions jamais que nous représentions 50% des électeurs qui ont voté contre le gouvernement…

M. Barette : Ceci n’a rien à voir à la pollution des eaux.

Le président: Je prends pour acquit qu’il s’agit d’une simple digression et que le député reviendra au sujet.

M. Hyde : Je vais continuer de répondre aux arguments utilisés par le premier ministre dans son discours de vendredi dernier. Je dirai que Beauchesne, le grand expert en droit parlementaire dit que l’opposition à le devoir d’intervenir chaque fois qu’elle le juge nécessaire et que l’obstruction qu’elle fait n’est pas toujours condamnable. Je dirai au premier ministre…

M. Barrette : Le député a-t-il une question à me poser?

M. Hyde : Pas du tout… j’ai des conseils à donner au premier ministre.

M. Barrette : Je n’ai pas besoin de pareils conseils.

Le président : On s’éloigne de la question.

M. Hyde a continué en disant que l’opposition ne dénigre pas la province; c’est l’Union nationale qu’elle dénigre. Le premier ministre a dit qu’il aime les assemblées contradictoires? S’il en veut une dans cette Chambre il n’a qu’à le dire, nous sommes prêts.

M. Barrette : Le député n’a pas le droit de s’adresser à moi directement. Il doit parler au président.

M. Hyde, revenant à la pollution des eaux, dit qu’une commission provinciale a été formée en 1955 et qu’elle n’a pas encore présenté son rapport. Nous avons demandé au gouvernement combien elle avait tenu de séances et il a répondu : « Plusieurs ». Et pendant tout ce temps là, dit-il, la situation s’aggrave. M. Hyde a répété que certaines gens disent qu’il y a peut-être relation de cause à effet entre la pollution des eaux et la poliomyélite.

Il a dit que la motion Earl n’est pas une motion de non confiance et que le gouvernement n’a aucune raison de voter contre.

Le ministre laisse donc entendre que, de toute façon, le groupe ministériel ne peut voter un tel amendement.

M. Bertrand déclare que l’Opposition base son argumentation sur des exemples, des rapports, des coupures de journaux dans lesquelles on semble indiquer qu’il se fait en Ontario une meilleur besogne que dans la province de Québec. Ce qui me surprend, dit le ministre, c’est de voir l’Opposition libérale féliciter le gouvernement conservateur ontarien que d’un autre côté, attaque l’Opposition libérale ontarienne.

En Ontario, dans le domaine de la lutte contre la pollution des eaux, le travail le plus important fait par l’Ontario Water Commission, a été construire quelques usines pour le traitement des eaux domestiques. Environ $25,000,000 ont été mis ainsi à la disposition des municipalités pour une solution au problème des aqueducs et des égouts.

Or dans la province de Québec, dans le même domaine, l’Assemblée législative a autorisé le gouvernement à dépenser $25,000,000 non pas pour installer des aqueducs et des égouts en payant jusqu’à 4% d’intérêt; et les travaux ainsi exécutés s’lèveront à quelque $91.000.000.

La province n’est pas en arrière, conclut le ministre. Le gouvernement n’a pas besoin de la motion de non confiance. Et nous pouvons assurer l’Opposition et la population que c’est le désir du gouvernement de travailler, dans le domaine de la lutte à la pollution des eaux, à l’avantage de la population en vue d’assurer le progrès du Québec, dit M. Bertrand.

M. Frank Hanley

Le député indépendant de Montréal – Sainte-Anne, M. Frank Hanley, fait remarquer, d’autre part, qu’avant la canalisation du Saint-Laurent, on entendait bien peu parler de la pollution des eaux à Montréal. C’est que la canalisation a empiré considérablement la situation pour toutes les villes situées en bordure du fleuve ou du lac Saint-Louis.

En 1956, le gouvernement fédéral avait promis à la population de ces municipalités d’apporter des remèdes à la situation. On devrait forcer les successeurs du gouvernement du temps à tenir cette promesse.

À Cornwall, les responsables de la canalisation ont vu à ce que ces inconvénients ne soient pas causés à la population. Du moins, on n’a pas entendu de plaintes de la part de celle-ci.

Quant à la commission provinciale d’enquête sur le problème de a pollution des eaux, les libéraux sont mal venus de lui reprocher des lenteurs. Le travail qu’on lui a confié, celui, en particulier, de classifier, les cours d’eau de toute la province, exigeait énormément d’étude. L’opposition au lieu de critiquer, devrait coopérer dans ce domaine.

M. René Saint-Pierre

Le député libéral de St-Hyacinthe, note, de son côté, que l’opposition ne désire pas tant critiquer le gouvernement que de protéger la population. Il ne fait pas de doute, dit-il, qu’avec l’accroissement de la population et l’arrivée de nombreuses industries chez nous, les déchets qui vont polluer les eaux augmentent sans cesse.

Les municipalités comprennent le problème. Mais elles ne peuvent le régler seules. Il y a des cours d’eau qui ne traversent d’ailleurs pas qu’une seule municipalité. Il y en a aussi qui sont navigables et relèvent, à ce point de vue, du gouvernement fédéral.

Le gouvernement provincial se doit, dit-il, en terminant, d’aider les municipalités à construire des usines de purification des égouts. Le problème est à l’échelle de la province. Celle-ci doit faire sa part.

M. Glen Brown

Le député libéral de Brome félicite M. Pau Earl, député libéral de Notre-Dame-de-Grâce, d’avoir présenté cette motion sur la pollution des eaux. Le problème a été bien posé, mais le gouvernement ne veut pas s’en occouper.

M. Brown ajoute que le gouvernement se doit de protéger le peuple contre ce danger et la lutte contre la pollution des eaux devrait faire partie d’un programme de travaux pour les sans-travail, car que « nous sommes en face d’un problème très sérieux ».

La province de Québec a plus de rivières et de lacs que bien des pays de l’Amérique du Nord et M. Brown suggère que le gouvernement établisse une section spéciale au ministère de la Santé pour s’occuper de ce problème.

Dr A. Leclerc

Le ministre de la Santé déclare au toгt début de son discours que « nous sommes en face d’un problème très sérieux ». Pour lui, la pollution des eaux est la conséquence directe du développement de la province, surtout dans ses parties le long des cours d’eau. C’est facile de faire croire que tout est sale dans la province de Québec, que l’eau potable est rare.

Le ministre de la Santé explique que des experts de son ministère prennent chaque jour, quand les saisons le permettent, des centaines de prises d’eau. Des études sont également faites en marge du courant des cours d’eau, où ces relevés sont effectués. Cela ne constitue qu’une partie des études faites par son ministère en marge de la propreté de l’eau. Le Dr Leclerc note que plus de 85 municipalités de la province possèdent maintenant des usines de filtration. Il dit que chaque fois qu’une municipalité songe à construire un nouveau système d’aqueduc, le ministère de la Santé envoie sur les lieux des experts pour aviser les autorités locales quant à l’utilité de donner suite à leur projet respectif. Les recherches menées par les fonctionnaires du ministère et les conseils qui suivent le résultat de toute enquête sont aussi donnés gratuitement, dit le ministre.

En somme, dit le Dr. Leclerc, la pollution des eaux constitue un problème de longue haleine. On ne peut penser de trouver une solution du jour au lendemain. Il arrive par exemple que dans un endroit donné, l’eau est potable aujourd’hui. Demain elle ne sera plus bonne à boire en raison des développements riverains qui pourront être effectués.

Nous aidons les municipalités à construire des aqueducs et à trouver des sources d’approvisionnement saines. Cela fait partie de la solution du problème. De plus, nous avons fait du travail sur un grand nombre de rivières, entre autres la rivière Yamaska dont on a parlé tantôt, la rivière St-François, la rivière Rimouski, la rivière Matapédia, la rivière St-Charles. Pour aller partout à la fois, il faudrait une armée d’ingénieurs. De ces études peuvent tout de même se dégager des conclusions d’ensemble. Des rapports sont à se faire. Et d’ici quelque temps, nous pourrons demander à la Chambre certains montants. Il ne faudrait pas croire cependant qu’un règlera le problème de la pollution des eaux avec $25 millions.

M. Emilien Lafrance

Après avoir souligné l’importance du problème, particulièrement dans l’Estrie, le député de Richmond s’en prend à une déclaration du ministre de la Santé, à l’effet qu’on connaitrait pas encore la solution d’une façon précise. En décembre 1957, dit-il, un membre de la commission sur la pollution des eau a dit que les remèdes étaient connus et qu’il ne restait plus qu’à les appliquer.

Cette commission poursuit M. Lafrance, a été créées en novembre 1955. On dit que l’eau stagnante se corrompt. Je crois qu’on pourrait dire la même chose de certaines commissions gouvernementales.

À 6 heures M. Lafrance demande l’ajournement du débat.

À la reprise de la séance, M. Émilien Lafrance explique qu’il entend être bref et se contenter, en quelque sorte, de résumer le débat. Celui-ci a été plutôt bref, ne durant à peu près que quatre heures. Quatre libéraux et quatre ministériels, y compris M. Franc Hanley, y ont participé. Tous ont été unanimes à reconnaître que la situation est urgente.

Il appartient au gouvernement qui a ses experts en plus des membres de la commission qu’il a nommée, de prendre ses responsabilités. Le problème est connu et les remèdes aussi, du moins d’après le secrétaire de la commission d’enquête.

L’Opposition, termine M. Lafrance, a pris ses responsabilités en plaçant le gouvernement devant la situation. C’est aux administrateurs de la province maintenant de prendre leurs responsabilités.

Comme M. Lafrance est le dernier orateur, le président de la Chambre appelle le vote sur la motion. Elle est rejetée par un vote de 45 à 11.

Voir aussi :

  • Réduction de la pollution agricole
La rivière ontarienne Don coule à travers les sols pleins de sable. Photographie de Megan Jorgensen.


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