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Vivant et déterminé à le demeurer

Petite histoire curieuse d’un notaire 

Le 27 décembre 1749, maître Antoine-Jean-Saillant devenait notaire royal de la prévôté et du gouvernement du Québec. Nommé par l’intendant François Bigot, il instrumenta avec suffisamment de talet pour se gagner, après 1760, la confiance du gouverneur Murray.

J.-Edmond Roy rappelle, dans son « Histoire du notariat », que la clientèle de l’avocat – notaire comptait quelques éléments prestigieux dont, entre autres, les Péan, les Bigot, les Duchambon, les de Vergor, les Duchesnay et le gouverneur Murray lui-même.

Après la Conquête et jusqu’au 12 février 1774, Saillant partagea une étude prospère Avec Monsieur Berthelot d’Artigny. Douze jours plus tard, la Gazette de Québec publiait un avis de rupture de société se lisant comme suit :

« Antoine-Jean Saillant, notaire et avocat à Québec, donne avis au public que sa société avec monsieur Berthelot d’Artigny, aussi notaire et avocat, est finie et résolue le 12 de ce mois : ceux qui auront confiance en celui des deux s’adresseront à lui séparément et dans son étude. »

Le geste est nombre, mais il devait comporter certains risques car voilà que, le 24 octobre de la même année, Antoine-Jean Saillant se présente aux bureaux de la Gazette de Québec pour faire publier un « avertissement » qui paraîtra le 27. Dans ce texte, se juxtaposent l’humour et la souffrance.

« Comme des personnes plus que mal intentionnées, ennemies de la société civile, ont fait courir le bruit, depuis plus de six mois, dans les Côtes, qui monsieur Saillant, notaire et avocat est mort, et dans la ville, qu’il ne se mêle plus de ses professions, et qu’il ne peut plus les remplir… Ces faux rapports ont été sus dudit monsieur Saillant qui ignorait la cause de son désastre et de son peu de travail, que par une personne de considération de cette ville qui l’avertit de ce qui se passait, et que six habitants avaient été chez lui et il y a quinze jours lui dire qu’il avait refusé de passer un contrat à huit heures du matin! Quelle fausseté! Il n’en a pas vu l’ombre d’un ; il les aurait reçus à bras ouverts s’ils étaient venus. Enfin, un habitant de Saint-Vallier vint en son étude, il y a huit jours, lui faire compliment de ce qu’il était ressuscité, l’ayant dit mort; d’où proviennent ces manœuvres. Elles ont été forgées dans la boutique de Satan; c’est ce qui oblige ledit maître Saillant de donner avis au public qu’il est encore au nombre des vivants avec lesquels il désire rester jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de l’en enlever de la face de la terre; que son étude sera ouverte à tout le monde, depuis le matin jusqu’au soir, même la nuit et les Fêtes et dimanches, après l’Office divin, pour les testament et actes de conséquence qui ne peuvent se remettre… »

Le notaire promet l’intervention de la justice s’il parvient à retrouver l’auteur du complot qui le ruine.

Le 23 mars de l’année suivante, Saillant annonce qu’il vient d’emménager dans une maison de la haute ville, rue Desjardins. Sa situation financière ne semble pas meilleure que l’année précédente, car il écrit : « Il travaillera Gratis pour les véritables pauvres, quoi qu’il soit du nombre. » Ayant une nouvelle fois souligné les malheurs qui s’étaient abattus sur lui récemment et le fait qu’il ait de la peine à faire subsister sa famille, il s’écrit : « Est-ce là la récompense de ses labeurs; on en devine la cause, mais la Providence y pourvoira, à ce qu’il espère. »

Maître Saillant est décédé l’année suivante et sa veuve renonça à la succession qui ne lui promettait que des dettes.

(Source : « Nos racines« ).

“Les rêves d’un chat sont peuplés de souris. ” Photo de GrandQuebec.com.


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