14 cents de plus pour un gallon d’essence (rassurez-vous, cette nouvelle vient de 1977, mais rien ne change)

Sans qu’Ottawa n’ait réussi a dégager un consensus au sein des provinces sur la nécessité d’augmenter le Prix du pétrole brut, il est déjà acquis que le prix du baril de pétrole augmentera de $2 cette année comme le réclamait l’Alberta. De plus, il existe « une forte possibilité » qu’il grimpe à nouveau de $2 l’an prochain.

C’est ce qu’a expliqué le ministre fédéral de l’Energie, M Alastair Gillespie. à la sortie d’une réunion avec ses homologues des provinces. M Gillespie a noté que sept des dix provinces canadiennes se sont mises d’accord pour Une Hausse de $2 cette année, soit une hausse de $1 le baril le 1er juillet et une hausse de $1 le 1er janvier 1978.

Questionné par les journalistes, il a précisé qu’il existe une forte possibilité que le prix grimpe encore de $2 en 1978.

Pour le consommateur canadien, cette augmentation de $4 le baril sur deux ans signifie qu’il devra payer 14 cents de plus pour le gallon d’essence et 12.4 cents de plus pour le gallon d’huile à chauffage d’ici deux ans.

Il semble donc qu’Ottawa se soit rendu à mi-chemin dans son intention d’établir un mécanisme permanent de fixation du prix du pétrole, puisqu’on envisage une hausse de $1 tous les six mois pendant deux ans. À la veille de la conférence, le ministre fédéral avait indiqué en effet qu’il souhaitait l’adoption d’un tel mécanisme qui ferait grimper graduellement le prix du baril de pétrole canadien jusqu’au niveau international en 1981.

Le ministre de l’Energie de l’Alberta avait affirmé cependant à l’heure du diner qu’il n’était pas d’accord avec ce genre de mécanisme qui ne colle pas toujours la situation changéante de l’industrie pétrolière.

D’autres discussions

Au cours de sa conférence de presse. M Gillespie a noté que les provinces s’entendaient pour réduire la dépendance du Canada en matière énergétique. Il a annoncé qu’il a l’intention de rencontrer chacun des ministres de l’Energie des provinces au cours des prochaines semaines « afin de mieux comprendre leur point de vue » avant d’entreprendre des discussions avec l’Alberta. Dès que ce tour d’horizon sera complété, M Gillespie proposera au Cabinet fédéral d’appuyer ces hausses successives du prix du pétrole brut.

Opposition

Trois provinces se sont opposées, tout comme ils l’avaient fait lors de leur dernière réunion il y a cinq semaines. à toute augmentation du prix du baril de pétrole. II s’agit de l’Ontario, de la Nouvelle-Ecosse et du Manitoba. Le 6 avril dernier, la conférence fédérale provinciale en était arrivée à une impasse et les provinces s’étaient données un mois pour en arriver à une entente.

Ces trois provinces ont fait valoir à nouveau hier que toute augmentation serait dommageable pour l’économie puisqu’elle alimente l’inflation et fait croître le nombre de chômeurs.

M James Taylor, ministre de l’Énergie de l’Ontario, s’est dit très désappointé de voir que le fédéral accepte cette demande d’augmentation. Il a avoue cependant qu’il est d’accord pour que le Canada soit moins dépendant des producteurs étrangers sur le plan énergétique. Soulignons que la campagne électorale bat son plein actuellement dans cette province.

C’est sûrement le Manitoba qui a mène hier la charge la plus violente contre le gouvernement fédéral. Le ministre de l’Énergie de cette province. M Len Evans, a réclamé dès le début de la journée que la conférence soit ouverte aux gens de la presse. Par la suite il devait accuser le gouvernement et M Gillespie d’induire la population en erreur en publiant des données incomplètes et erronées sur les revenus que le fédéral tire du pétrole.

Dans un communiqué publié en fin d’après-midi. M Evans souligne que toute augmentation de $1 du baril se traduira par une hausse du chômage de l’ordre de 2 pour cent, soit 21,000 emplois et par une hausse de 1.1 pour cent de l’indice des prix à la consommation.

Accent sur le pétrole canadien

Si le Canada dans son ensemble a accepté la demande de l’Alberta, celle-ci s’est engagée en échange à mettre davantage en valeur ses réserves de pétrole.