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La drame de l’oreille coupée

Le drame de l’oreille coupée. C’est arrivé au XVIIIe siècle

Thomas Walker se serait noyé dans la masse anonyme des hommes qui ont accouru d’Angleterre et de Nouvelle-Angleterre pour venir profiter de la nouvelle situation politique imposée au Québec si…

S’il n’avait, sans compétence particulière, accédé au rang de marchand montréalais important et, presque aussitôt, été nommé à la charge de juge de paix. Car, arrivé à Montréal en 1763, après être passé par Boston où il avait émigré en 1752, Thomas Walker occupait, en 1764, une place enviée que ne justifiait ni sa connaissance du milieu ni le temps passé ici.

En 1764, vers la fin du mois de novembre, un ami de Walker reçoit l’ordre de loger chez lui l’un des officiers du 28e régiment. Nullement intéressé à héberger le militaire, l’ami prétend que la pièce prévue à cet effet est déjà réservée pour un ami. Le capitaine Payne, incapable de se loger ailleurs, décida de rester sur place, important grandement son hôte forcé qui décida d’aller voir son ami Thomas Walker.

Compréhensif, celui-ci décida tout simplement de faire arrêter le capitaine Payne qui, en guise de logement, fut forcé d’apprécier les angles droits d’un cachot.

Thomas Walker, pris d’une crainte justifiée par l’arbitraire du geste qu’il venait de poser, s’adressa à James Murray en se confessant pour mieux se justifier.

De leur côté, plutôt que de se montrer offensés, les membres du régiment firent mine de n’avoir pas remarqué l’injustice dont leur confrère avait été victime. Le 23 novembre, un autre officier du 28e régiment se présentait chez un Montréalais, muni d’un ordre de logement. On lui alloua une chambre dans laquelle in ne trouve ni lit, ni couvertures, ni cheminée. L’ordre d’agir ainsi avait été donné par Thomas Walker lui-même qui contestait ainsi l’obligation imposée aux citoyens de loger les militaires. Une nouvelle fois, les soldats décidèrent de ravaler leur colère.

Enfin, le 4 décembre 1764, deux militaires ayant été expulsés d’une maison privée sur l’ordre de Walker, le commandant du 28e régiment décida enfin de déposer une plainte devant le gouverneur Murray. Ce dernier somma Walker ainsi que trois autres juges de paix de se rendre à Québec, le 13 décembre, pour y répondre de leur conduite.

Entre-temps, raconte Léon Trépanier, « le 6 décembre, pendant que Walker, sa femme, sa sœur et ses amis étaient à table, six ou sept individus masqués ou barbouillés de noir envahirent la maison du marchand, en chassèrent brutalement les occupants à l’exception de Walker qu’ils battirent cruellement, l’un des assaillants lu tranchant l’oreille droite d’un coup de sabre…

Quelques heures après un soldat alla frapper à la porte du messe des officiers du 28e régiment et, dès qu’on lui ouvrit, jeta sur la table un petit paquet en disant Voici l’oreille de Walker »

L’affaire dormit pour un moment car, malgré des promesses de récompense, on ne devait pas, ni en 1764 ni en 1765, mettre le grappin sur les agresseurs. En 1766, après deux ans d’oubli, l’affaire renaissait de ses cendres : Thomas Walker avait eu le temps d’aller se plaindre à Londres et d’y troubler la quiétude de James Murray, dont les successeurs voulurent à tout prix rendre justice au marchand montréalais.

Sur la dénonciation d’un ancien soldat du 28e régiment, on procéda à l’arrestation de six hommes qui furent transportés de Montréal à Québec pour leur procès. Arrêtés au mois de novembre 1766, ils ne furent entendus qu’au mois de mars de l’année suivante. Il s’avéra, au cours du procès du premier accusé, que le témoignage du dénonciateur avait été fabriqué de toutes pièces par Walker et sa femme. Les six hommes furent relâchés à la grande satisfaction du public qui avait protesté contre leur détention. Walker et sa femme devaient être accusés de parjure, mais on ne sait pas s’ils furent jugés.

On reparla du couple en 1775 lors de l’invasion américaine. Thomas Walker ayant affiché publiquement sa sympathie pour les envahisseurs (avec lesquels il avait d’ailleurs correspondu), il fut arrêté. Il retrouvera la liberté dans des circonstances bien particulières :

«  Il appert qu’en juillet 1775, écrit encore Léon Trépanier, alors qu’il se reposait à sa maison de campagne de l’Assomption des soldats frappèrent à sa porte et le sommèrent de se rendre. Sur son refus d’obtempérer aux ordres des militaires, ces derniers mirent le feu à sa maison et à son usine de potasse qui furent entièrement détruites. Accusé de rébellion, Walker fut arrêté, ligoté et placé sur un bateau qui devait le transporter à Montréal. À Lavaltrie, cependant, le Petit Navire Anglais rencontra deux navires américains qui s’emparèrent du petit navire anglais et délivrèrent Walker. »

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Un visage du XVIIIe siècle. Photo de Megan Jorgensen.


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