La catastrophe du pont de Québec le 29 août 1907

C’est le 29 août 1907 que le pont de Québec s’est écroulé, causant la mort de 70 ouvriers et entraînant des pertes estimées au bas mot à trois millions de dollars! 66.180 tonnes d’acier comme poids total du pont!

66.480 tonnes d’acier comme poids total du pont

Refaire l’historique du Pont de Québec, ce serait refaire l’histoire civique et politique de la vieille capitale québécoise. À la veille de chaque élection, en effet, les partis politiques en lice trouvaient dans le projet de construction du pont, un excellent appât électoral, et dépêchaient des groupes d’arpenteurs et d’ingénieurs sur les deux rives du Saint-Laurent, avec mission de dresser les plans de ce qui devait être l’une des merveilles du monde.

Sur le tapis

Dès 1852, l’ingénieur Serrel soumit un projet pour la construction d’un pont suspendu ayant une travée centrale de 1500 Pieds. Bien d’autres plans furent dressés et aucun ne fut réalisé. La construction fut promise en 1896 par les chefs des partis politiques. Après les élections, les journaux s’attaquèrent au gigantesque projet.

Choix du site

Le site du pont fut déterminé à sept mulles à l’ouest de Québec; à l’est du Cap-Rouge sur la rive nord, et à l’ouest de la rivière Chaudière sur la rive sud. À cet endroit, le fleuve Saint-Laurent a 2000 pieds de largeur à marée haute et 1900 pieds à marée basse. Pour cette dernière largeur, la profondeur atteint 100 pieds, avec un maximum, à marée haute, de 180 pieds. Le courant a une vitesse de sept milles à l’heure.

Le projet

M.GZ. Hoare, ingénieur en chef de la Compagnie, soumit les données suivantes qui furent acceptées : Longueur totale, 3.300 pieds. Longueur de la travée centrale, 1.800 pieds, soit 90 pieds de plus que toutes celles construites jusqu’alors. C’était le pont Forth, sur le détroit du même nom qui détenait le record avec une travée de 1710 pieds. Largeur, 68 pieds. Grande hauteur, 300 pieds au-dessus de l’eau à marée haute, avec un passage au-dessus du pont de 1,200 pieds de largeur, au-dessus duquel la plus basse partie du pont est de 150 pieds de hauteur à marée haute, donnant un passage suffisant pour les plus gros vaisseaux.

Le pont doit être assez large pour contenir 2 voies ferrées, 2 voies électriques, 2 trottoirs et 2 chemins pour voitures.

Les travaux

P. Davis, d’Ottawa. qui avait obtenu le contrat des fondations, s’attaqua à la gigantesque entreprise dès l’automne 1900, et termina son ouvrage en octobre 1902. La « Phoenix Bridge Company », de Phoenixville, Pe., s’attaqua résolument à la superstructure.

La catastrophe

Tout à coup. le 29 août 1907, survint l’horrible catastrophe, ruine momentanée de tant d’espérances. Voici comment une publication de l’époque. décrit l’effroyable tragédie:

Le pont s’est écroulé comme une masse, est tombé verticalement, comme un château de cartes, sur lequel souffle un enfant. C’est du côté sud, où les travaux était le plus avancés, que l’écroulement s’est produit. Les immenses piliers en pierre n’ont pas bougé d’un pouce. Un des piliers d’accès a été quelque peu endommagé par la chute de cette masse d’acier. Le pilier d’accès est situé à trois cents pieds environ du rivage et le pilier d’ancrage est érigé à cinq cents pieds au large de celui-ci. La structure en acier reposait solidement entre les deux piliers et le tablier qui devait couvrir le milieu du fleuve entre les deux piliers principaux ou piliers à eau profonde, s’étendait à plus de cent pieds au large du pilier du sud. Au-dessus de chacun des deux piliers s’élevaient, pour les besoins de la construction, une tour en acier à laquelle étaient attachés les câbles assujettis au rivage.

Le tablier en acier qui s’élançait au large du pilier principal est tombé dans le fleuve sans laisser aucune trace de son existence. Le tablier qui était posé entre les deux piliers, se brisa par le milieu, une partie tombant à terre sur le rivage, au ras de la culée d’accès et l’autre s’affaissant dans l’eau le long du pilier d’ancrage et formant un V suspendu avec l’autre portion du tablier effondrée du côté nord.

Inutile de relater les horreurs de ce sinistre; qu’il suffise de dire que plus de 70 ouvriers au travail ont péri et que l’on estime au bas mot les pertes matérielles subies à près de trois millions de dollars (en chiffres de 1907).

**

Le pont de Québec s’était écroulé, mais il devait se reconstruire : son achèvement définitif devenait une question d’honneur national.