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Le retour de la guerre et la fin de la Nouvelle-France


Le retour de la guerre. La dernière guerre franco-anglaise en Amérique et la Conquête

La guerre de la succession d’Autriche

En 1740, un autre conflit européen, la Guerre de la Succession d’Autriche, entraîne encore dans des camps adverses la France et l’Angleterre. Cette fois, les métropoles croisent le fer au sujet de l’accession de Marie-Thérèse (1639-1683) au trône impérial des Habsbourg, en Autriche. Le litige suscite, par ricochet, une troisième guerre en Amérique au printemps 1744. Alors que les corps expéditionnaires franco-canadiens attaquent les établissements frontaliers de la Nouvelle-Écosse, de la Nouvelle-York et de la Nouvelle-Angleterre, la riposte anglo-américaine se concentre sur Louisbourg. Une expédition menée par les miliciens des colonies du Massachusetts, du Connecticut et du Rhode Island, et appuyée par la marine britannique, s’empare de la forteresse française au terme d’un siège de six semaines. La capitale de l’île Royale passe sous domination anglaise durant trois ans. Les Anglais bloquent le Saint-Laurent et isolent le Canada.

En mai-juin 1748, le traité d’Aix-la-Chapelle met un terme aux hostilités et à un conflit qui s’internationalisait. En vertu du traité, l’Angleterre restitue Louisbourg à la France en échange de l’abandon par la monarchie française de ses conquêtes dans les Pays-Bas. Rien n’est réglé pour autant. Car la guerre à l’occidentale, on le sait assez bien, poursuit toujours des buts politiques et idéologiques. Ne se veut-elle pas avant tout un moyen d’imposer sa volonté à l’ennemi?

Puissance militaire de l’Angleterre

Au début des années 1750, la situation géopolitique en Europe fait du vieux continent une véritable poudrière. Les traités d’Utrecht et d’Aix-la-Chapelle n’ont suscité que mécontentement et frustrations. La rivalité franco-anglaise sur mer rend la paix difficile à préserver. L’Angleterre aligne maintenant quatre fois plus de vaisseaux de guerre et de commerce que sa rivale qui ne consacre qu’un maigre 11,7% de ses dépenses à la Marine. L’union des royaumes d’Angleterre et d’Écosse (1707) et la victoire anglaise décisive sur les Jacobites à Culloden (1746) permettent désormais à la Grande-Bretagne de gonfler ses effectifs militaires. De nombreux Écossais pauvres de toutes classes trouvent maintenant dans l’armée britannique une route royale vers la mobilité sociale.

À la suite de son alliance inattendue avec la Prusse de Frédéric II (1756), de la maison des Hohenzollern, la Grande-Bretagne pourra aussi compter éventuellement sur 55 000 soldats germanophones et disposer ainsi d’au moins cinq fois plus d’hommes que la France, advenant une autre guerre. Les effectifs de ses troupes sont portés à 90 000 hommes alors que la France ne peut lui en opposer que 16 000. Pour contracter l’appui militaire de a Prusse, la Grande-Bretagne s’engage à lui verser un subside annuel équivalant à environ 15 000 000 libres.

En Amérique, les colonies deviennent l’enjeu principal. L’intrusion britannique dans le commerce de la fourrure oblige les Français à colmater leur système d’alliances avec les nations amérindiennes éloignées du Sud-Ouest, à protéger leurs intérêts commerciaux menacés et même à fomenter les guerres intertribales au besoin. L’empiètement des colons anglo-américains sur la vallée de l’Ohio, entre les monts Alléghanys et les Grands Lacs, amène les Français à ériger dans cette région une série de forts à partir de 1753.

Ces travaux de fortification à entreprendre sollicitent un grand nombre de miliciens canadiens qui doivent s’absenter le temps d’une ou deux saisons. On estime qu’entre 1000 et 1500 miliciens se trouvent dans l’Ouest en 1749 et que leur nombre atteint 4 000 en 1754-1755. Plusieurs restent épuisés à Montréal, quand la mort ne fait pas son œuvre. « Plus d’hommes ont péri là-bas par des soldats anglais commandés par un jeune officier, George Washington (1732-1799), en juillet 1754. L’événement déclenche une quatrième et dernière guerre franco-anglaise en Amérique.

Une lutte à finir

En 1755, les escadres britanniques se saisissent de 300 navires de commerce français dans divers ports européens et l’Angleterre envoie environ 23 000 régulières en Amérique. Dès le mois de juin, les milices anglo-américaines s’emparent des forts français de Beauséjour et de Gaspareau (Nouveau-Brunswick). Entre 6 000 et 7 000 Acadiens sont alors victimes de déportation durant la même année et plusieurs centaines d’entre eux se réfugient dans la vallée du Saint-Laurent. La guerre irradie l’Amérique, en même temps que le conflit s’étend à l’Europe.

Au début des hostilités, l’appel aux armes mobilise, parmi la population civile des colonies, tous les hommes valides âgés entre 20 et 50 ans. Une grande partie des ruraux servent dans la milice et les cultures en souffrent. À la mi-août 1755, quand Jean-Armand Dieskau (1701-1767) part de Montréal pour aller assiéger le fort William Henry, au lac George, son armée rassemble 700 réguliers des régiments de La Reine et du Languedoc, 1 600 Canadiens, parmi lesquels 1 300 miliciens, et 600 Amérindiens dont la moitié proviennent de la mission du Sault-Saint-Louis. Le commandant en chef des troupes françaises au Canada a levé tellement de miliciens dans le district de Montréal que les autorités locales doivent solliciter 350 habitants des régions de Trois-Rivières et de Québec pour rentre les récoltes.

Jusqu’en 1758, les forces franco-canadiennes, placées sous le commandement du gouverneur Vaudreuil depuis la déconfiture de Dieskau, au lac George, passent à l’offensive. En compagnie de leurs alliés amérindiens, les miliciens canadiens et les troupes françaises se livrent surtout à « la petite guerre » (coup de main ou guerres d’escarmouches) aux frontières et obtiennent des succès militaires assez convaincants. Toutefois, la direction des opérations militaires ensuite confiée au généralissime Louis-Joseph de Montcalm (1712-1759), antérieurement sous les ordres de Vaudreuil, entraine l’adoption d’une nouvelle stratégie axée sur le repli défensif. Sans compter les rivalités personnelles entre les deux hommes qui sont à couteaux tirés et la discorde qui règne au sein des troupes royales.

Sur la côte atlantique, la forteresse de Louisbourg tombe encore une fois en juillet 1758. Dans l’Ouest, les alliés amérindiens des Français, las de la guerre, négocient la paix avec les Britanniques à Easton, en Pennsylvanie, obligeant ainsi leurs anciens partenaires commerciaux à abandonner la vallée de l’Ohio.

En 1759, le plan britannique d’invasion du Canada consiste en une attaque menée sur trois fronts : des escadres donneront d’abord un assaut naval sur Québec, une première armée partira ensuite de New York, empruntera le corridor du lac Champlain et remontera la rivière Richelieu jusqu’au fleuve Saint-Laurent, et une deuxième armée, en provenance du lac Ontario, descendra finalement le Haut Saint-Laurent jusqu’à Montréal.

Des opérations militaires britanniques d’une ampleur sans précédent sont déclenchées au cours de l’été. Les forces franco-canadiennes, largement inférieures en nombre, résistent tant bien que mal, mais perdent ou abandonnent graduellement tous les forts du corridor du lac Champlain et de la région des Grands Lacs.

À Québec, la stratégie comme la tactique de Montcalm se retourne contre lui. Retranché derrière les murailles de la ville, son adversaire, le major général et commandant des forces terrestres britanniques James Wolfe (1727-1759), le contraint de combattre à découvert et d’engager une bataille rangée sur les plaines d’Abraham. L’armée française y est mise rapidement en déroute. Montcalm et Wolfe meurent des suites de leurs blessures subies lors de l’engagement. Québec capitule en septembre 1759. Au printemps de 1760, Français et Canadiens viennent assiéger la ville à leur tour. Malgré une victoire à Sainte-Foy, l’arrivée d’une escadre britannique dans la rade de Québec oblige le brigadier François-Gaston de Lévis (1719-1787) et ses troupes à se replier et à attendre l’ennemi sous les murs de Montréal.

La fin d’un régime

Sur l’île de Montréal et dans les environs, c’est la désolation. La guerre a délesté la région de ses jeunes hommes. Les aînés, les femmes et les enfants, aidés par 350 des miliciens de Lévis, doivent mettre l’épaule à la roue pour faire les récoltes.

Environ 3520 réguliers métropolitains (2570 soldats des troupes de terre, 900 hommes des compagnies franches de la Marine et 50 artilleurs) et à peine quelques centaines de miliciens canadiens, ainsi qu’une poignée d’autochtones domiciliés défendent Montréal.

Les Britanniques ont planifié une triple invasion de l’île et de la ville. En juillet 1760, le major général Jeffrey Amherst (1717-1797) et ses troupes remontent la rivière Mohawk jusqu’à Oswego, puis obliquent vers Montréal. En même temps, le commandant militaire James Murray (vers 1722-1794) part de Québec et entreprend sa montée vers Montréal sur des vaisseaux de guerre. Les possibilités de la défense de la ville tombant par terre, le gouverneur de Montréal décide de capituler. C’est la fin du régime français. 

Plan de la ville et des fortifications de Montréal (ou Ville-Marie). 1766. Musée McCord. M21768.


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