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Que se passe-t-il à Moscou ?

Que se passe-t-il à Moscou ? (Un récit paru dans le numéro du 11 mai 1930 du hebdomadaire Le Petit Journal de Montréal)

Peut-on obtenir une image exacte de la Russie Soviétique? – Est-elle supérieure à la Russie des Tsars? – Le livre sensationnel de Georges Le Fevre, « Un bourgeois au pays des Soviets », nous apporte une réponse

Tandis que M. Charles Ledré nous révèle, dans son ouvrage intitulé « Les émigrés russes en France », ce que sont devenus les anciens maîtres de la Russe.

Le général Koutiepoff est-il vivant ?

Quelle opinion doit-on se faire de l’immense Russie actuelle? Des centaines d’écrivains, de techniciens, d’économistes, seuls ou en délégation, ont été à Moscou. Leurs conclusions sont extrêmement contradictoires.

La Russie des Tsars sombra dans une mer de sang; mais depuis treize ans que les Soviets ont imposé leur régime, les choses ont dû changer? L’atrocité de la dictature prolétaire doit être moins affreuse ?

Il est impossible de juger un pays comme un individu. On ne peut ni le condamner, ni l’absoudre devant un tribunal. Il n’est permis que de l’observer de s’étonner ou de s’indigner. Ce n’est que plus tard que les historiens pourront dégager, avec le recul du temps, certaines vérités qui ne seront elles mêmes que relatives, de la masse des documents et des témoignages contemporains.

Le nouveau livre de Georges Le Fevre, « Un bourgeois au pays des Soviets” est donc un témoignage, mais un témoignage vibrant de sincérité. Cet écrivain est journaliste; c’est dire qu’il est habitué par métier à voir vite et à formuler clairement ses pensées.

Et il nous donne un livre étonnant! Ce qu’il voit, il le dit sans restrictions. Son premier contact avec les Russes, dès la descente du train à Moscou, est exprimé en quelques lignes, mais vaut des pages de descriptions: “Premiers regards. On dirait que des parents pauvres sont venus nous attendre. Décidément mes vêtements sont trop neufs devant ces vieux manteaux, Ces souliers avachis. Ce qui frappe tout d’abord dans les personnages de la Russie nouvelle, c’est qu’ils semblent avoir été oubliés depuis douze ans. »

Et ne croyez pas que l’auteur se laisse prendre au piège soviétique ! Il circule dans les rues de Moscou et son impression générale est celle-ci : « Autour de moi les gens qui passent et me frôlent ont la même démarche lasse, le même vêtement neutre et usagé. Les classes sociales ont disparu. Leur uniforme, du moins. Ces passants se ressemblent tous: des citoyens soviétiques.

« Ville étrange qui s’explique, qui affirme, qui barde. Tout lui est bon pour étaler sa doctrine. Ses murs ont des opinions; ses réclames ont une éloquence politique. Les mots de « Progrès », de « Culture », de « Travail », de « Production » n’ont plus de goût. Ils ont trop servi, ils sont usés.

« Écrits, le soir, en vapeurs de mercure, ils illuminent un quartier, mais ils n’éclairent qu’une foule muette, passive et déprimée qui circule sans passion dans ce décor passionné.”

Le volume entier est écrit sur ce ton. Il nous donne un document précieux sur cette immense Russie qui sépare l’Asie de l’Europe. Il nous fait nous souvenir que la destruction de toute une civilisation est déjà venue de ce côté. Il y à quinze siècles. Doit-on attendre un nouvel anéantissement de notre progrès par les hordes qui habitent les steppes sibériennes?

Où le communisme russe n’est-il qu’une expérience ? Un pays en retard de deux siècles peut-il prétendre en vingt ans se placer à la tête du mouvement social”.

Pour conclure par oui ou par non: réussite assurée ou épouvantable erreur? L’Histoire, en effet, n’admet pas “qu’on ne tente qu’une expérience” en prenant pour cobayes cent cinquante millions d’hommes!

Le volume de M. Georges Le Fevre est à lire par les personnes qui tiennent à être renseignées sur la Russie des Soviets.

**

Un autre livre tout nouveau, singulièrement mis en lumière par la disparition mystérieuse du général Koutiepoff, est le volume de Charles Ledré, “Les émigrés russes en France ».

Voulez-vous savoir ce qu’ils sont, ce qu’ils font, ce qu’ils pensent, ces centaines d’anciens princes, parents des tsars, d’ex officiers des armées impériales, de “chevaliers mendiants”? Cessez de lire les vieilles histoires des nobles de France chassés par la révolution de 1792, car elles pâlissent devant les aventures de ces héros modernes!

Ils ont lutté un contre cent. La plupart d’entre ces héros ont laissé toute leur fortune en Russie. Leurs femmes et leurs enfants ont été massacrés. Eux, ils sont maintenant chauffeurs de taxis à Paris, garçons de table, acteurs dans les boîtes de nuit, cuisiniers, musiciens, de tous les métiers!

Les agents de la Tchéka cherchent à les assassiner, car même à distance, ils sont dangereux pour le paradis des Soviets. Le chef de l’ancienne armée blanche, qui lutta contre las bolchévistes et faillit même los vaincre est disparu subitement, en plein jour, le 26 janvier dernier. Qu’est devenu le général Koutiepoff? La police aux abots s’est jetée sur vingt pistes différentes à la recherche de la fameuse “auto grise”.

Ses ravisseurs l’ont-ils brutalement massacré? Ou, au contraire, le gardent-ils dans quelque geôle sauvage, avec l’espoir que la torture finira par le faire parler! Une immense angoisse pèse sur cette troublante disparition. Le livre de Charles Ledré nous met très bien dans l’intimité de ce grand héros, victime de son dévouement à la cause des Tsars.

Ce livre nous révèle des faits troublants sur quelques-unes des tragédies les plus sanglantes et les plus hideuses dont l’Histoire ait gardé le souvenir.

Maxime Gorky retourne à Moscou

Maxime Gorky, illustre écrivain russe, a quitté définitivement Naples, après un séjour de trois ans dans cette ville, pour aller habiter Moscou. On voit ici cet ancien vagabond de génie, cet ex batelier du Volga serrer dans ses bras puissants d’aventurier une petite amie napolitaine. Cette enfant est heureuse d’habiter cette ville du soleil. Si elle était à Moscou, elle ferait peut-être partie des six ou sept millions d’enfants abandonnés qui errent comme des loups à travers l’immense Russie, parce que leurs parents ont disparu, emportés par la tourmente soviétique :

Maxime Gorky et une fillette napolitaine. Photo de l’époque, image libre de droit.


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