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La fin de la guerre de la Conquête et Montréal

Les Britanniques ont planifié une troisième invasion de l’île et de la ville de Montréal. En juillet 1760, le major-général Jeffrey Amherst (1717-1797) et ses troupes remontent la rivière Mohawk jusqu’à Oswego, puis obliquent vers Montréal. En même temps, le commandant militaire James Murray (vers 1722-1794) part de Québec et entreprend sa montée vers Montréal sur des vaisseaux de Guerre et avec une flottille de bateaux chargées d’une centaine de pièces d’artillerie. Enfin, à la mi-août, un autre corps d’armée descend le Richelieu jusqu’à Sorel pour rallier Murray.

Au début de septembre, les assaillants, au nombre de 17 0000 à 18 000 hommes, prennent position au sud-ouest de l’île, vis-à-vis de l’île des Sœurs, devant la ville, sur la rive sud, à Longueuil, et massent des détachements des côté est, à Pointe-aux-Trembles, que les troupes de Murray utilisent comme avant-port. L’étau se resserre.

Montréal est cerné, privé de secours, sans espoir de retournement de fortune. La discipline absente, la désertion se généralise parmi les miliciens et les alliés autochtones font défection. Presque tout le pays a été désarmé. Comme Québec, qui a vu le tiers de ses édifices détruits après deux mois de bombardements, Montréal risque d’être pilonné par l’artillerie lourde britannique et l’issue de la guerre serait particulièrement amère. Voilà pourquoi Vaudreuil dissuade Lévis de se retrancher et de résister avec ses hommes dans l’île Sainte-Hélène. Au coeur du fleuve, l’officier français a fait ériger des remparts de terre sur le pourtour de la petite île de 44 hectares et installer une batterie de canons.

Le 7 septembre, des émissaires, dont l’officier Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811), confèrent avec Amherst et entreprennent des pourparlers de paix. Vaudreuil signe la capitulation générale de la colonie le 8 septembre 1760. Le lendemain, la garnison de la ville dépose les armes sur la place d’Armes. Contraint de se rendre à la capitulation et se voyant refuser les honneurs de la guerre par les Britanniques, Lévis brûle tous ses drapeaux. Le projet colonial français au Canada est parvenu à son terme. Les pertes de vie durant cette dernière guerre se sont élevées à 6 000 ou 7 000 Canadiens, qui représente une ponction de 10% sur la population.

La Conquête du Canada en 1760 incarne pour la population établie un moment entaché de traumatismes causés par les guerres incessantes, coûteuses et meurtrières. Cet intervalle de temps se veut aussi teinté d’incertitudes attachées aux contions de règlement du conflit. On a fait état de sa loyauté éprouvée envers la mère patrie en insistant pour rappeler que, si la population locale était canadienne d’adoption, elle demeurait toutefois française d’inclinaison. En revanche, il est permis de douter qu’à a suite de la défaite de la colonie les gens du pays appréhendaient la domination d’une puissance ennemie devenue le fer de lance du protestantisme. Ceux qui avaient le plus à perdre du changement de métropole, c’étaient d’abord les privilégiés du régime, les membres de l’élite coloniale. Pour le peuple, ce qui importait avant tout, c’étaient les conditions d’existence et les enjeux matériels avec lesquels il devait conjuguer. Quant à la peur des représailles, la fureur de l’ennemi, les excès des soldats britanniques, on peut croire que ces facteurs ont joué surtout durant l’invasion de la colonie française.

Entre 1689 et 1760, faut-il le rappeler, Les Habitants du Canada avaient connu quatre guerres franco-anglaises (1689-1697, 1702-1713, 1444-1748, 1754-1760) ou quatre guerres coloniales engendrées par des rivalités métropolitaines. De plus, les Canadiens ont participé à des expéditions militaires contre les irréductibles Renards (1712-1734) et les belliqueux Sioux Dakota (1737-1740) dans l’Ouest. Même si l’intermède des années 1714-1744, marqué par la douceur de vivre, a été qualifié d’époque heureuse par l’historiographie, il est loisible de penser que les fatigues de la guerre et son cortège de misères avaient probablement convaincu la plupart des Canadiens qu’une paix durable ne saurait être qu’un but désirable, qu’un rêve espéré. On peut également présumer que, pour cette majorité, le maintien de la concorde se voulait le fruit de la prudence qui instaurerait un ordre social leur permettant de prendre en main leur destin.

À Montréal, en 1760, l’occupant n’a pas garanti tous les droits des fervents catholiques en assujettissant la pratique religieuse à la volonté du roi George III (1738-1820). Cependant, les habitants ont le droit de retourner en France ou de demeurer au Canada et peuvent garder la jouissance et la disposition de leurs biens. Par ailleurs, l’article XLVI de la capitulation de Montréal précise que « les habitants et négociants jouiront de tous les privilèges du commerce aux mêmes faveurs et conditions accordées aux Sujets de sa Majesté Britannique, tant dans les pays d’En-Haut que dans l’intérieur de la colonie ». Visiblement, cette dernière clause se veut une invitation à la communication et impose sa conclusion : le commerce alimente l’échange et la guerre tue le commerce. Aussi, à Montréal, ville ouverte sur l’intérieur du continent américain, le passage du Régime français au Régime britannique s’opère davantage comme un changement dans la continuité ou une continuité dans le changement qu’une rupture sèche, malgré le fait que cette transition marque indéniablement la fin d’une époque.

(Tiré de l’Histoire de Montréal et de sa région, sous la direction de Dany Fougères. Tome 1, Des origines à 1930).

La cour du Grand Séminaire de Montréal. Photo de GrandQuebec.com.


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