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Relations commerciales entre les premières nations

Les relations commerciales entre les premières nations : Une invitation au voyage

Les études ont détruit l’image de nations amérindiennes vivant en autarcie dans leur territoire de chasse. Plus nos connaissances se précisent, plus les Amérindiens nous apparaissent des voyageurs en perpétuel mouvement. Pouvait-il en être autrement. Le réseau hydrographique qui strie le nord-est de l’Amérique en tous sens n’est-il pas une invitation permanente au voyage?

Que nous révèle une carte de cette portion du continent nord-américain? D’abord, un fleuve qui pénètre jusqu’au cœur de l’Amérique. Puis, une Méditerranée intérieure formée de cinq lacs immenses qui sont une sorte de plaque tournante reliée aux quatre coins du continent. Enfin, des affluents impétueux dont les sources en panache d’orignal enlacent le territoire comme dans un filet. Au moins quatre voies naturelles mènent du Saint-Laurent à la baie d’Hudson. Ainsi, des voyageurs pourraient traverser le lac Manouane, par la Bersiamite, et descendre la Péribonka jusqu’au lac Saint-Jean; de là, s’ils empruntaient l’Ashuapmuchuan, ils atteindraient sans encombre la baie d’Hudson par la Rupert. Et, pour ce faire, des voyageurs disposeraient d’un moyen de locomotion sûr et rapide : le canot d’écorce.

Quelle peuplade a inventé le canot? Où est-il apparu d’abord? Nous l’ignorons. Facile à manier, assez léger pour être transporté par un seul homme, fabriqué de matériaux que l’on trouve partout, le canot révèle la capacité de l’homme de s’adapter à son environnement.

Le réseau hydrographique favorisait les voyages, et partant, les échanges commerciaux. Mais l’intensité de ces échanges, de même que les places commerciales, variaient d’une saison à l’autre. Pour comprendre ces variations, il faut connaître le cycle de vie annuel d’un nomade. Pour illustrer notre propos, nous suivrons donc, durant l’année 1632, le plus gros Clan des Montagnais de Tadoussac.

Dès la fin d’août et jusqu’au début de novembre, les Montagnais dressèrent leurs tentes près de Québec où ils firent provision d’anguilles pour l’hiver. Une famille indienne pouvait pêcher jusqu’à 3000 anguilles en une semaine lorsque la pêche était bonne. Les femmes se chargeaient de fumer le poisson qu’on voulait conserver.

Au début de novembre, le clan quitta Québec et descendit le fleuve vers Matane. Pendant quelques semaines, il vécut de poisson frais, du petit gibier qui abondait dans les îles, et d’oiseaux que d’habiles chasseurs prenaient au filet. À la fin de novembre, tous les membres du clan abordèrent près de Matane et dressèrent un autre camp. Les Indiens y construisirent des tentes pour eux et des abris pour leurs canots. Les femmes commencèrent à fabriquer des raquettes, des traînes – traîneaux sans patins – et tout autre objet nécessaire pour hiverner. Durant les premières semaines de décembre, les hommes quittèrent le camp pour quelques jours et allèrent à la chasse. Ils rapportèrent des castors, des perdrix, des lièvres et, tant que les rivières ne furent pas gelées, du poisson. Parfois, ils tuaient un orignal. Lorsque le clan quitta le camp, il y laissa dans des caches, à l’abri des bêtes sauvages, de l’anguille fumée pour le printemps suivant.

Vers la mi-décembre, le clan s’éloigna du fleuve et pénétra dans la forêt. Les Indiens prirent au piège des castors et toutes sortes d’animaux à fourrure. Ils chassèrent aussi le lièvre, la perdrix et le porc-épic, surtout lors des premières neiges. Toujours en continuel déplacement, le clan changea d’endroit tous les quatre ou cinq jours. La base de l’alimentation était le gibier qu’on abattait, mais surtout l’anguille fumée. À la fin de décembre et au début de janvier, les Indiens attendirent les grandes chutes de neige et le gel.

Lorsque la neige et le froid survinrent, le clan se scinda en plusieurs familles qui allèrent rejoindre leur territoire de chasse respectif. Toutes les familles se retrouveront au même endroit au début de mars. D’ici là, le missionnaire suivit la famille du capitaine, son hôte, à travers la forêt. Le père Le Jeune raconte que les Indiens atteignirent la limite extrême de leur territoire de chasse vers la mi-février et qu’ils revinrent ensuite vers leur point de rendez-vous. C’était le temps des grandes chasses, notamment celle de l’orignal. Les femmes fumèrent le surplus de chair de cet animal, pour le printemps. Les Montagnais complétèrent leur alimentation par du castor, du petit gibier, de l’ours et du poisson qu’ils pêchaient par un trou dans la glace.

Au début de mars, les différentes familles se rejoignirent. Elles descendirent vers le fleuve qu’elles atteignirent vers la fin d’avril. Cette période était souvent la plus difficile. En général, lorsque la chasse à l’orignal s’était avérée désastreuse durant l’hiver, et que dégel se faisait attendre, les Indiens connaissaient la famine et plusieurs d’entre eux mouraient de faim. Parfois, ils réussissaient à survivre grâce aux écorces et à l’eau d’érable, à différentes racines, aux petits gibiers, comme le porc-épic, et aux provisions qu’ils avaient laissées près de leurs canots, l’automne précédent.

Vers la première semaine de mai, les membres du clan prirent leurs canots et remontèrent le fleuve vers Tadoussac. Pendant tout ce mois, ils pêchèrent, tuèrent du petit gibier sur les îles et attrapèrent au filet les oiseaux qui, au moment de leur migration, descendaient vers le nord en suivant le fleuve. Le clan arriva à Tadoussac au début de juin, alors que les autres clans montagnais s’y donnaient rendez-vous, presque en même temps.

Les mois de juin, juillet et ao[ut furent une période d’abondance : les vivres obtenus en échange de fourrures tout ce que procurent la cueillette et la chasse assurèrent la nourriture quotidienne. Ce fut aussi le temps où l’on entreprit des voyages vers d’autres tribus et d’autres nations, soit pour contracter une alliance et commercer, soit pour faire la guerre ou la paix, etc.

Notons qu’à quelques variantes près, on peut appliquer le cycle de vie annuel d’un clan montagnais à tous les clans qui composaient la famille algonkienne. Les mois de mai à novembre méritent qu’on s’y attarde, car ils constituaient une période d’intenses relations durant laquelle il est possible d’analyser comment les clans, les tribus et les nations entretenaient des liens entre eux.

Au printemps, les familles quittaient leurs territoires de chasse et se rassemblaient sur les bords d’un fleuve ou d’un cours d’eau important. Mais toutes ne laissaient pas leurs territoires en même temps : les dates variaient en fonction des températures. Les Abénaquis, cantonnés au sud, sillonnaient le fleuve, mais les Montagnais parcouraient des terres nordiques.

(Histoire du Québec, publié sous la direction de Jean Hamelin. Edisem inc. St-Hyacinthe, Québec, Canada, Édouard Privat, Éditeur, 14, rue des Arts, Toulouse, France. 1976).

Voir aussi :

  • À propos de noms sauvages
Une famille algonquine à la pêche. Gravure ancienne.


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