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Œuvres sociales et de charité

Œuvres sociales et de charité à Montréal au XIXe siècle

Ce bref exposé des institutions cléricales et religieuses permet déjà de se faire quelque idée de ce que peut être la vie religieuse de Montréal. Il nous reste à donner un aperçu des cadres, où s’exerce l’activité de cette élite spirituelle, dans l’éducation, l’action paroissiale, les œuvres sociales et de charité.

On sait que le clergé et ses auxiliaires, religieux et religieuses ont la direction réelle, ici directe, là indirecte, de toutes les branches de l’enseignement, de l’école primaire à l’Université, en passant par les collèges classiques et les écoles spécialisées. Ce premier champ d’action de l’église, nous l’avons succinctement décrit au chapitre de l’éducation et au commencement de celui-ci, où nous avons fait connaître les diverses institutions. Il n’est pas à propos d’y revenir, croyons-nous.

Quant à la vie paroissiale, on sait quelle importance elle tient dans l’économie générale de Montréal, que l’on a si justement appelée la ville aux cent clochers. Il y en a même bien davantage aujourd’hui. L’on compte actuellement dans la ville et la banlieue immédiate plus de cent vingt paroisses, desservies par environ mille prêtres séculiers et réguliers. Ces chiffres comprennent évidemment les petites villes en territoire métropolitain: Westmount, Outremont, Verdun, Montréal-Nord, etc. La population globale du centre montréalais approche sûrement d’un million de catholiques.

Depuis quelques années, Montréal, dont la vie religieuse est devenue intense, prend sa part des œuvres missionnaires en pays infidèles. Prêtres, religieux et religieuses de plusieurs de nos communautés s’en vont chaque année en Chine, au Japon, aux Indes, en Afrique, aider à l’évangélisation chrétienne étrangère.

La vie paroissiale chez nous se complète d’œuvres sociales de toutes sortes qu’il serait trop long d’étudier en détail. Toutes sont à base d’esprit religieux et sont soumises à la direction des pasteurs ou des aumôniers nommés par l’autorité ecclésiastique.

Dans ce domaine des formations sociales spécialisées, les groupements de jeunesse sont nombreux. L’ancienne Association catholique de la jeunesse canadienne, (A.C.J.C.), que Mgr Bruchési avait fondée vers 1900, pour les jeunes gens, surtout les finissants de nos grands collèges, a considérablement évolué depuis. Elle a décentralisé son action et formé de nouveaux groupements pratiquement autonomes en raison des buts bien distincts de chacun. L’on compte aujourd’hui dix associations de jeunesse, tels la Jeunesse universitaire, la Jeunesse ouvrière, la Jeunesse technique. Les Jésuites et les Oblats en ont la direction.

Toujours avec la même préoccupation d’esprit social religieux, l’Église, depuis une vingtaine d’années, favorise et dirige, dans une large mesure, un grand nombre de syndicats ouvriers catholiques. Jusque-là, les Unions ouvrières américaines avaient été les seules à grouper les travailleurs par corps de métiers, en vue des intérêts particuliers de chacun. Quand, il y a trente ans (en 1912), quelques chefs ouvriers et des journalistes, en collaboration avec le journal Le Devoir, faisaient campagne pour la libération du travail de la domination étrangère, Dieu sait ce qu’il rencontrèrent d’apathie, d’opposition, de cruelles rebuffades. Et pourtant le syndicat catholique est aujourd’hui une belle et florissante réalité. Presque tous les corps de métiers ont maintenant leur syndicat particulier. L’on compte même quelques syndicats professionnels.

D’aucuns prétendent qu’il y a là un terrain tout préparé pour la levée du corporatisme chrétien, que plusieurs persistent à croire la formule de rénovation sociale dans un avenir prochain.

Au chapitre des œuvres de charité, on le pense bien, les congrégations religieuses occupent le premier plan, sinon toute la scène. Les initiatives privées sont rares. Quant à l’État, il se contente de verser des contributions annuelles d’argent aux principales œuvres de caractère public, tels les asiles d’aliénés, les écoles de redressement de la jeunesse, les hôpitaux et quelques autres. Dans ce domaine, le dévouement des religieux et religieuses est admirable, leur abnégation sans limite.

Des vingt-deux hôpitaux catholiques que compte Montréal, l’Hôpital St-Luc, est le seul de caractère purement civique. Ils sont tous maintenus par des subventions provinciales et municipales, qui s’ajoutent aux recettes fournies par les hospitalisés et les dons des bienfaiteurs.

Douze hospices et refuges pour vieillards, infirmes et nécessiteux ressortissent au budget des congrégations qui les ont fondés et les dirigent, et que le public aide aussi de ses aumônes. Il en est de même des treize asiles et orphelinats, tous des fondations religieuses indépendantes.

Aux vingt-cinq établissements de charité privée, si l’on peut dire, viennent s’ajouter vingt-trois instituts de charité publique, dans lesquels diverses catégories d’infirmités physiques et morales sont spécialement traitées, tels les aveugles, les sourds-muets, les invalides, les aliénés, et autres. Ici le gouvernement fait davantage qu’ailleurs.

Il en supporte une grande partie des frais d’entretien; mais la direction en est confiée à des communautés d’hommes et de femmes, dont la sage administration réussit à les maintenir toujours en progrès, avec un minimum de dépenses; ce qu’aucune autre administration ne saurait probablement accomplir.

À côté de ces institutions religieuses se place la Société St-Vincent-de-Paul, fondée en France par Ozanam, pour le soulagement des familles pauvres. Presque toutes les paroisses de la ville en possèdent une succursale, confiée au dévouement bénévole des laïques. L’on pratique ici la charité strictement anonyme; zélateurs, donateurs et secourus restent inconnus du public.

En 1841, à la suite de conférences à travers toute la ville, Mgr Forbin-Janson organisait la Société de tempérance dans toutes les paroisses; et dans presque tous les foyers, l’on vit apparaître au mur la croix de bois noir, témoin durable des engagements pris à l’église par les chefs de famille. L’un des principaux continuateurs de l’œuvre du célèbre évêque français fut l’abbé Charles-Pascal Chiniquy, qui se fit alors l’apôtre de la tempérance dans tout le district de Montréal. (M. Chiniquy, passé au protestantisme en 1856, tenta parmi les Canadiens une campagne de prosélytisme religieux qui ne réussir guère. Dans ce but, il fit construire le temple St-Jean-l’Évangéliste, rue Ste-Catherine. Il mourut le 16 janvier 1899. Il était de descendance suisse.)

À toutes ces œuvres de charité, il convient d’ajouter les sociétés de bienfaisance de caractère catholique. Elles ont pour but d’aider les chefs de famille à assurer l’avenir des leurs par un système coopératif d’assurance-vie. C’est d’abord la Société des Artisans Canadiens-français, une fondation montréalaise, commencée en 1876. Avant les Artisans, l’Union St-Joseph du Canada était la seule société du genre; puis vint s’ajouter l’Alliance Nationale.

Deux sociétés similaires irlandaises comptent aussi un bon nombre des nôtres parmi leurs membres. Ce sont les Forestiers catholiques et l’Association catholique de bienfaisance mutuelle, ou la C.M.B.A. fondée à Windsor, Ontario, le 11 février. 1878.

Quant aux sociétés nationales d’entraide, les Montréalais n’ont guère que la Société St-Jean-Baptiste, dont nous avons parlé au chapitre XIV. Dans ce domaine-là, pourtant d’importance vitale pour la société canadienne, les organisations étrangères ont eu l’habileté d’attirer dans leurs rangs un grand nombre des nôtres. Les Chevaliers de Colomb, société de fondation américaine, comptent des milliers de Canadiens, qu’ils ont réunis en groupes distincts de leurs autres « cours ».

Cette brève étude de la hiérarchie, des communautés et des institutions sociales catholiques montre toute l’étendue de l’esprit religieux de la métropole canadienne.

On l’a bien vu lors de la plus grande manifestation de foi publique que Montréal ait connue, durant l’inoubliable semaine du XXIe congrès eucharistique universel, en septembre 1910.

Présidé par le légat pontifical, le cardinal Vanutelli, le congrès dura huit jours, consacrés à de nombreuses séances d’études, à des cérémonies publiques de toutes sortes. Le dimanche, 11 septembre, la procession du St-Sacrement réunissait, on peut dire, toute la population de la ville et des milliers de visiteurs, venus de toutes les parties du monde.

Sur un parcours de huit kilomètres, l’interminable défilé de cardinaux, de centaines d’évêques, de milliers de prêtres et de clercs, des centaines de mille fidèles, congrégations et sociétés de toutes catégories et de toutes races, passa au milieu des rues, décorées à profusion de drapeaux, de banderoles, de pylônes, d’arcs de triomphe, et de fleurs. On atteignit le versant du mont Royal, au parc Jeanne-Mance, au coucher du soleil. Le défilé avait duré cinq heures. Sous un reposoir, magnifiquement décoré, s’élevant à cent pieds dans les airs, se déroula la triomphale apothéose de la roi catholique au milieu des prières, des chants et des acclamations de la foule, qui regagna ses foyers à la nuit tombante.

(Par Camille Bertrand, Histoire de Montréal, tome 2, 1942).

La charité du pauvre est de ne pas haïr le riche. Léon Tolstoï. Photo de GrandQuebec.com.


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