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Le Chien Jaune et Maigret se fâche

Le chien jaune et Maigret de fâche – deux romans policiers de Georges Simenon

Le chien jaune

Première édition : Fayard, 1931

Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert.

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Quai de l’Aiguillon, il n’y a pas une lumière. Tout le monde dort. Tout est fermé. Seules, les trois fenêtres de l’Hôtel de l’Amiral, à l’angle de la place et du quai, sont encore éclairées.

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Tout le monde a reconnu le blessé, M. Moustaguen, le principal négociant en vins de Concarneau, un bon gros qui n’a que des amis.

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Il est rédacteur au Phare de Brest, où il publie entre autres, chaque dimanche une chronique humoristique.

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De l’autre côté de ce mur, c’est une ruelle qui débouche sur le quai de l’Aiguillon.

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Depuis un mois, il était détaché à la Brigade Mobile de Rennes, où certains services étaient à réorganiser. Il avait reçu un coup de téléphone alarmé du maire de Concarneau.

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… Vous êtes de Paris, n’est-ce pas? … Moi aussi! … J’ai été longtemps directeur de la Vache Rousse, à Montmartre… J’ai collaboré au Petit Parisien, à Excelsior, à la Dépêche… J’ai connu intimement un de vos chefs, ce brave Bertrand, qui a pris sa retraite l’an dernier pour aller planter ses choux dans la Nièvre…

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Il est le propriétaire du plus beau lotissement de Concarneau et peut-être de Bretagne.

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Que je raconte ce demain dans mon canard et c’est la ruine de tous les bistros de Finistère…

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– Vous rentrez chez vous?
– Non, ma mère est à Paris… La servante est en congé…

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Le maire, de sa villa Des Sables Blancs, téléphona pour savoir au juste ce qui se passait.

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Ma mère est allée passer quelques jours à Paris et la domestique m’a demandé congé pour assister au mariage de son frère…

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J’ai été d’abord vendeuse à la papeterie, place de la Poste…

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Il paraît qu’il va faire la noce à Brest…

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Arrivée près de la jetée, il tourna à droite, prit un chemin qu’un écriteau désignait comme la route des Sables Blancs.

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La plage des Sables Blancs, bordée de quelques villas et, entre autres, d’une somptueuse demeure méritant le nom de château et appartenant au maire de la ville, s’étire entre deux pointes rocheuses, à trois kilomètres de Concarneau.

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Un grand panneau : Lotissement des Sables Blancs.

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Il s’en alla,, les deux mains dans les poches, le col du pardessus relevé, le long de la plage des Sables Blancs.

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La peur règne à Concarneau.

Notre excellent collaborateur Jean Servières a raconté ici même les événements dont Concarneau a été récemment le théâtre.

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Samedi, le commissaire Maigret, récemment détaché de Paris et placé à la tête de la Brigade Mobile de Rennes, arrivait sur les lieux, ce qui n’empêchait pas un nouveau drame de se produire.

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Or, ce dimanche matin, l’auto de Jean Servières a été retrouvée près de la rivière Saint-Jacques sans son propriétaire qui, depuis samedi soir, n’a pas été vu.

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On conçoit que la terreur commence à régner à Concarneau dont les habitants se demandent avec angoisse qui sera la nouvelle victime.

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En attendant, ce dimanche, la ville est comme morte et l’atmosphère rappelle les villes du Nord quand, pendant la guerre, on annonçait un bombardement aérien.

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Et qui a rédigé l’article au sujet des drames de Concarneau?

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Alors, j’ai pensé que quelqu’un l’avait entraîné à Brest.

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Ernest Michoux, dit le Docteur. Fils d’un petit industriel de Seine-et-Oise qui a été député pendant une législature et qui, ensuite, a fait faillite.

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Son ancienne femme est devenue l’épouse d’un notaire de Lilles.

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A mangé, depuis longtemps, le plus gros de son héritage, à Paris. Est venu s’installer à Concarneau quand il n’a plus eu que vingt mille francs de rente.

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Est arrivé par relations à se faire nommer le vice-consul de Danemark.

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Jean Servières (pseudonyme de Jean Goyard). – Né dans le Morbihan. Longtemps journaliste à Paris, secrétaire général de petits théâtres, etc. A fait un modeste héritage et s’est installé à Concarneau.

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Quelques frasques à Brest et à Nantes.

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Le meurtrier connaît à merveille Concarneau.

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Michoux… M.. I… choux comme choux… comme choux de Bruxelles…

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Des journalistes de Paris.
Le maire était à cran.
Magnifique Si bien que demain c’est dans toute la France qu’on parlera de cette stupide histoire.

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Quant à ces empreintes, je les ai expédiées au Quai des Orfèvres par bélinographe.

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Vous êtes reliés directement à Paris? Alors, donnez vite!…

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Les autres ne l’auront que dans l’édition de Paris…

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Affaire de Concarneau… nous prévisions étaient justes… nouveau crime…

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Courez voir le secrétaire de rédaction! Je vous dicterai tout à l’heure un papier pour l’édition de Paris, mais il faut que l’information passe dans les éditions de province…

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Une hampe de drapeau et un écusson aux armes du Danemark.

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Dans dix minutes, il sera trop tard pour mon édition de Paris.

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On en apporta de la maison du vice-consul du Danemark.

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L’homme de Cabélou
Un reporter, en bas, guettait l’arrivée des journaux de Paris.

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Le nommé Ernest Michoux, administrateur de la Société immobilière des Sables Blancs.

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– Et tout ce que vous trouvez à faire, après ce qui vient de se passer, c’est d’arrêter un des mes amis… de mes camarades plutôt… enfin, un des notables de Concarneau, un homme qui…

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Il n’y que des rochers, des bois de sapins, quelques villas habitées l’été par des gens de Paris… C’est ce que nous appelons la pointe du Cabélou.

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L’été, avec leurs amis de Paris, c’était pis…

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C’est mon collègue qui s’est souvenu de l’ancien poste de veille du Cabélou…

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On domine la passe des Glénan, la seule qui donne accès à la rade…

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Cela m’étonnerait qu’il ne télégraphie pas à Paris, comme il l’a dit…

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Des petits bateaux à voile se faufilaient entre la pointe du Cabélou et un écueil que le ressac laissait deviner, varient de bord et allaient mouiller leurs filets à moins d’un mille.

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Nous étions quelques amis à diner, chez une comédienne de Paris…

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Ce n’est pas rare à Paris…

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Un voyageur de commerce qui le connaît et qui vient d’arriver affirme l’avoir rencontré hier à Brest…

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Maigret ne bougeait pas, semblait ravi de contempler le panorama du petit port, la pointe de Cabélou, à gauche, avec son bois de sapins et ses avances rocheuses, la balise rouge et noire, les bouées écarlates marquant la passe jusqu’aux île de Glénan que la grisaille ne permettrait pas d’apercevoir.

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– J’ai téléphoné à Paris, afin d’avoir des renseignements sur Goyard, qui y a vécu longtemps…

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Puis directeur d’un cabaret de Montmartre…

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Dites que je suis parti à Brest, d’où je vous ai téléphoné. Ne quittez pas l’hôtel. Maigret.

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Ils sont en bas, sauf un qui vous cherche à Brest, persuadé que vous suivez la piste Goyard…

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Sûreté Générale à commissaire Maigret, Concarneau. Jean Goyard, dit Servières, dont avez envoyé signalement, arrêté ce lundi soir huit heures Hôtel Bellevue, rue Lepic, à Paris, au moment où s’installait chambre 15. A avoué être arrivé de Brest par train de six heures.

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– Quant à vous, Leroy, télégraphiez à Paris qu’on nous expédie Goyard et allez vous coucher.

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Un peu avant les Sables Blancs, on aperçut la villa bâtie à même la falaise, ce qui lui donnait un petit air de château féodal.

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Avant même cette découverte, le Phare de Brest a reçu un compte rendu des événements bien fait pour semer la panique à Concarneau. Or, Servières est vu à Brest d’abord, à Paris ensuite, où il semble se cacher et où il se trouve évidemment de son plein gré.

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Servières est à Paris enetre les mains de la Sûreté Générale…

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L’hiver, il y a très peu de monde à Concarneau…

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Étant donné les relations de Mme Michoux à Paris, cela ne tardera pas… De nombreux lots sont vendus…

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Un réverbère, de loin en loin. Concarneau dormait.

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Celle-ci, qui datait peut-être de dix ans et qui avait parcouru Dieu sait quel chemin, portait les mots : Souvenir d’Ostende.

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Tout un tas de cartes postales. L’une représentant un grand hôtel de Cannes.

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Au bas de la carte, la mention : Quimper.

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Le curé de Quimper m’a promis de le baptiser la semaine prochaine, avec l’eau bénite, les grains de blé, le sel et tout, et il y aura de vrai champagne, parce que je veux que ce soit une fête dont on parler longtemps dans le pays.

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Il y a gros à gagner en transportant les oignons en Angleterre.

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Ta patronne pourrait bien te donner deux jours de congé pour le baptême car tout le monde sera saoul et tu ne pourras pas rentrer à Concarneau.

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Il n’y avait plus rien dans la boîte aux coquillages, sinon un porte-plume en os découpé où l’on voyait, dans une lentille de verre, la crypte de Notre-Dame de Lourdes.

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– Cela se tire, messieurs !… Ce soir, vous pourrez regagner Paris…

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Ni Goyard qui vient d’être retrouvé à Paris.

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Il a sauvé une partie de sa fortune et il est venu s’installer ici, dans la maison de son grand-père, qui était, lui-aussi, maire de Concarneau… Il m’a vendu les terres qui ne lui servaient pas…

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Et ce Goyard qui est à Paris quand on croit… Qu’est-ce qu’il peut bien faire là? Et pourquoi?

– Nous ne tarderons pas à le savoir, car il va arriver à Concarneau…

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– Vous devriez téléphoner avant tout au syndic des gens de mer, à Quimper, pour lui demander ce qui est arrivé, voilà quatre ou cinq ans, peut-être six, à un bateau appelé la Belle Emma…

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Comme tous les caboteurs du pays, la Belle Emma transportait surtout des primeurs en Angleterre… Un beau jour, on a parlé d’une plus longue campagne… Pendant deux mois, on n’a pas eu de nouvelles, on a appris enfin que la Belle Emma avait été arraisonnée en arrivant dans un petit port près de New York, l’équipage conduit en prison et la cargaison de cocaïne saisie… Le bateau aussi, bien entendu… C’était l’époque où la plupart des bateaux de commerce, surtout ceux qui transportaient le sel à Terre-Neuve, se livraient à la contrebande de l’alcool…

*

Le franc remontait… L’Angleterre achetait moins de fruits…

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Il m’a donné rendez-vous dans un café de Brest où il se trouvait avec deux autres…

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On m’a remis une carte anglaise donnant tous les vents de l’Atlantique et la route de voiliers, car je n’avais jamais fait la traversée…

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Une heure plus tard, nous étions chacun enfermés dans une cage de fer, à la prison de Sing-Sing…

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Je suis resté à Sing-Sing…

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Ce n’est qu’après un an que j’ai rencontré, un jour, l’Américain de Brest, qui venait visiter un détenu…

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Il travaillait surtout à l’étranger, en Angleterre, en France, en Allemagne, d’où il envoyait à la police américaine des renseignements sur les convois en partance…

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Le jour même où l’on procédait au chargement, à Quimper, l’Américain reçoit un avis de son pays… Il y a un nouveau chef de la prohibition… La surveillance est renforcée… Les acheteurs des États-Unis hésitent et, de ce fait, la marchandise risque de ne pas trouver preneur…

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J’apprends que, tandis que je larguais mes amarres, anxieux, et que je me demandais si nous arriverions vivants sur l’autre bord de l’Atlantique, mes trois hommes discutaient avec l’Américain, sur le quai même.

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« C’est cela qu’on m’avouait, à Sing-Sing, où j’étais devenu une brute parmi d’autres brutes…

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Maigret regarda – en comprenant – les initiales SS tatouées sur la mais du colosse : Sing-Sing!

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A Sing-Sing, j’ai essayé vingt fois sans y parvenir…

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J’aurais voulu que ce fût en Amérique… Mais c’était impossible.
J’ai traîné dans Brooklyn, où j’ai fait tous les métiers en attendant de pouvoir payer mon passage à bord d’un bateau…

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Chaque phrase est calculée pour semer la terreur à Concarneau.

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– Vous l’avez enterrée?
– Au Cabélou… il y a une petite croix, faite de deux branches de sapin…

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Le principal délit a été commis en Amérique…

*

Quelques minutes plus tard, on roulait vers Quimperlé et Léon gêné, le regard flou, questionnait :
– Pourquoi avez-vous dit ça?

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– On ne sait pas encore… Quitter le pays… Gagner le Havre, peut—être? … J’ai bien trouvé le moyen de gagner ma vie sur les quais de New York…

*

– Que coûte le train d’ici au Havre?

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Et iles poussa presque dehors, referma la portière alors qu’ils cherchaient encore des remerciements.
– A Concarneau ! … En vitesse!

*

Condamné à vingt ans de travaux forcés par la cour d’assises du Finistère, il espéra six mois durant que son affaire irait en cassation.

*

Mais une photographie vieille d’un mois à peine, parue dans tous les journaux, le montre, toujours maigre et jaune, le nez de travers, le sac au dos, le calot sur la tête, s’embarquant à l’île de Ré sur la Martinière qui conduit cent quatre-vingts forçats à Cayenne.

A Paris, Mme Michoux, qui a purgé une peine de trois mois de prison, intrigue dans les milieux politiques.

*

Léon Le Guérec pêche le hareng en mer du Nord, à bord de la Francette, et sa femme attend un bébé.

Le chien jaune. Illustration de Megan Jorgensen.

Maigret se fâche

(Tout Simenon. Omnibus, septembre 2002. Oeuvre romanesque, tome 1)

La vérité, c’est que, depuis qu’il était à la retraite, elle ne l’avait pas vu rester une heure entière dans son fameux fauteuil qu’il avait triomphalement rapporté du Bazar de l’Hôtel-de-Ville en jurant d’y faire des siestes mémorables.

C’était le deuxième été qu’ils passaient dans leur maison de Meung-sur-Loire depuis qu’il avait pris sa retraite.

*

Il avait fait une enquête, dans la Haute-Seine, et il avait vu passer à longueur de journée des trains de bateaux portant le triangle vert de la maison Amorelle et Campois. Dans l’île Saint-Louis, il lui arrivait souvent, quand il appartenait encoure au Quai, d’apercevoir les bureaux Amorelle et Campois, à la fois propriétaires de carrières et armateurs.

*

– Pardon ! Où étiez-vous ?
– A Orsenne, évidemment.

Comme une reine de France aurait dit : A Versailles !

Est-ce que tout le monde ne savait pas, ne devait pas savoir que Bernadene Amorelle, d’Amorelle et Campois, habitait Orsenne, un hameau au bord de la Seine entre Corbeil et la forêt de Fontainebleu ?

*

– A quelle heure avez-vous quitté Orsenne ?
*

Naturellement, ce serait plus facile de vous emmener en auto jusqu’à Orsenne, mais vous ne passeriez pas inaperçu et tout serait raté.

*

Or, moi, j’ai absolument besoin que vous veniez passer quelques jours à Orsenne.

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Elle avait traversé ainsi tout la Beauce, sans déjeuner, à l’heure la plus chaude.

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– Vous dites que, voilà sept jours, donc mardi de la semaine dernière, votre petite-fille s’est noyée dans la Seine.

*

On a retrouve Monita, morte, dans la Seine, au-dessus du barrage d’aval.

*
Dans une demi-heure, je vous dépose à la gare des Aubrais. Ce soir, à sept heures, vous serez à l’Auberge de l’Ange.

*

On aurait dit, quai des Orfèvres : « Le pauvre Maigret repique au truc, il en a déjà assez de son jardin et de la pêche à la ligne ».

*

A travers les arbres des parcs,, on apercevait les toits de quelques grosses villas et, au-delà, la Seine, large et majestueuse à cet endroit.

Soudain, lui aussi, comme les gens qu’il avait coudoyés dans le train, qu’il rencontrait en descendant le raidillon, qu’il voyait partout depuis qu’il avait quitté Meung, lui aussi se sentait en vacances.

Un autre air que celui de son jardin l’enveloppait, il marchait, allègre, dans un décor nouveau, il trouvait, en bas du chemin en pente, la Seine que longeait une route large pour livrer passage aux voitures.

*

Mes fils doivent être sur la Seine à faire du bateau…

*

De sa terrasse où ils se trouvaient, on découvrait toute la boucle de la Seine, bordée en face d’eux par des collines boisées où tranchait, d’un blanc cru, la saignée d’une carrière.

*

J’ai su qu’il était allé à Meung-sur-Loire et qu’il avait déposé un gros homme avec une valise à la gare des Aubrais.

*

Il pensait au train bourdonnant de la chaleur, à son ancien bureau du Quai des Orfèvres, à toutes les crapules qu’il avait interrogées, à tant de petits bars, d’hôtels malpropres, d’endroits invraisemblables où ses enquêtes l’avaient conduit.

*

J’ai un appartement à Paris, avenue Hoche. J’ai aussi acheté une villa à trois kilomètres de Deauville, et nous y sommes allés en juillet.

*

– Vous n’étiez jamais venu à Orsenne ?

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Des canoës s’attardaient sur la Seine, où parfois un poisson, en sautant, dessinait une série de cercles lents.

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Pas vers la Seine, car on l’aurait vu.

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Lorsque vous êtes venue hier à Meung, vous avez laissé entendre que vous vous refusiez à croire que la mort de votre petite-fille était une morte naturelle.

*

Un bref regard autour d’eux, mais ce n’était pas dans l’intention de pousser Maigret dans la Seine.

*

Je ne suis pas dans ton bureau du Quai des Orfèvres et tu n’y es plus toi-même.

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– Elle ne se décidera jamais à quitter Orsenne.

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Par où Georges-Henry aurait-il pu se diriger s’il avait l’intention de quitter Orsenne ?

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– Non… A moins de prendre un bateau et de traverser la Seine.

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– Si quelqu’un avait traversé la Seine en bateau, vers neuf heures, entre la maison des Malik et l’écluse, est-ce que vous l’auriez vu ?

*

C’était celle d’Ernest Malik, mais ce n’était pas celui-ci, c’était son frère qui se trouvait à l’intérieur et qui filait vers la route de Paris.

*

Il y avait à Orsenne, dans l’entourage des Malik, quelque chose à cacher, à cacher coûte que coûte.

*

La vieille Mme Amorelle avait profité de l’absence de sa fille et de son gendre pour se faire conduire à Meung dans l’antique limousine et pour appeler Maaigret au secours.

*

Il possède un pavillon et des chiens en Sologne.

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Il en passe d’autres, mais ils ne s’arrêtent pas à Orsenne.

*

Il y eut, entre autres, dans un salon de coiffure du boulevard de la Bastille, un quart d’heure d’une légèreté inoubliable, sans raison, parce que c’était Paris au mois d’août, que c’était le matin, et peut-être aussi parce que, tout à l’heure, Maigret irait serrer la main des camarades.

*

La veille, sans doute, quand il courait tout autour d’Orsenne pour s’assurer que Georges-Henry n’avait pas quitté le hameau.

*

Je voudrais des tuyaux sur la maison Amorelle et Campois, du quai Bourbon. Les Sablières de la Seine, les remorqueurs et tout le reste.

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S’est tué d’une balle de revolver dans la tête dans une chambre d’hôtel du boulevard Saint-Michel.

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Fréquentait depuis plusieurs mois les tripots du Quartier Latin et avait subi récemment de grosses pertes de jeu.

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Quant à la fille, elle était mariée et avait eu un enfant, sans doute le jeune homme qui accompagnait son grand-père à Orsenne.

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D’abord employé chez un entrepreneur de construction du quartier de Vaugriard, puis chez un architecte, puis enfin chez un entrepreneur de Villeneuve-Saint-Georges.

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Il s’est associé avec Campois, et tous deux ont acheté des terrains, en amont de Paris, où ils ont créé leur première sablière.

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Après quelques années, Amorelle et Campois possédaient une demi-douzaine de sablières dans la Haute Seine.

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Il y eut des manifestations devant les bureaux de l’île Saint-Louis…

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Puis Amorelle et Campois ont pris des intérêts dans les chantiers de construction de Rouen où ils faisaient construire leurs remorqueurs.

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Certains prétendent qu’il n’était qu’un petit agent d’assurances du côté de Lyon.

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Quant à lui, il avait eu soin de renverser la plus grande partie de l’alcool qu’on leur avait servi et il n’était pas trop somnolent tandis qu’il descendait vers la Seine et qu’un peu plus tard il pénétrait dans le jardinet de l’Ange.

*

Votre présence à Orsenne ne fait que compliquer une situation déjà pénible et je me permets d’ajouter que l’indiscrétion avec laquelle vous assumez la tâche que vous avais confiée, la maladresse dont vous avez fait preuve jusqu’ici me font désirer vivement votre très prochain départ.

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Lors de ma visite inconsidérée à Meung-sur-Loire, j’avais laissé sur votre table une liasse de dix mille France, destinés à couvrir vos premiers frais.

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C’étaient des « écuries » qu’on voyait encore sur certains canaux, mais qu’Amourelle et Campois, avec leurs remorqueurs fumants et leurs péniches à moteur, avaient chassées de la Haute Seine.

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Il avait passé une heure au Quai des Orfèvres, avec des hommes qu’il connaissait si bien, qui l’appelaient toujours patron, mais qui…

*

Maigret s’installa à son ancienne place, près de la fenêtre ouverte, et un remorqueur Anorelle et Campois passait justement sur la Seine, donnant deux grands coups de sirène avant de s’engager sous le pont de la Cité.

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– Vous êtres là, patron ? Je vous croyais à nouveau à Orsenne.

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– Rien de palpitant ce matin. Un coup de couteau rue Delambre.

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Nous nous trouvions dans un petit chemin qui descendait vers la Seine et, là non plus, il ne pouvait pas rouler vite.

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Il te conduira aux Aubrais et à six heures tu débarqueras à la gare d’Orsay, Dix minutes plus tard, enfin, un taxi te déposera place des Vosges.

*

C’est Me Ballu, qui doit habiter Paris.

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« Allo, Corbeil! Je vous donne Paris ». Cela venait donc vraisemblablement d’Orsenne ou des environs.

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– Vous demanderez au bureau de Corbeil l’origine du coup de téléphone.

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Alors qu’il était encore étudiant, Mali était un des plus forts joueurs de poker du Quartier Latin.

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Ballu… 75, quai Voltaire. C’est en face !

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Au standard, on lui annonça que l’appel venait de la cabine de Seine-Port, à cinq kilomètres d’Orsenne.

*

Ainsi, Monita était morte vingt-quatre heures après cette visite du notaire à Orsenne.

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Du pont de la Cité, il vit un remorqueur Amorelle et Campois.

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– Route de Fontainebleu. Après Corbeil, je vous conduirai.

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– Vous allez à Orsenne ?

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Est-ce qu’elle savait qui il était pour l’avoir vu rôder à Orsenne ?

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Monsieur va faire une croisière en Norvège à bord du Stella-Polaris.

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Les fjords de Norvège, à votre âge !

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– Vous habitiez déjà Orsenne?
– Non ! A cette époque, j’habitais Paris, dans l’île Saint-Louis.

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– Les Amorelle avaient déjà leur villa d’Orsennes ?

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Pour entretenir sa mauvaise humeur, il fit arrêter le taxi devant un bistro, mal éclairé, dans Corbeil, et il commanda deux verres de marc, un pour le chauffeur, l’autre pour lui.

*

Campois roulait en direction de la gare Saint-Lazare, en compagnie de son petit-fils.

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Il s’en allait au Havre.

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Au beau milieu du pont d’Austerlitz. Il n,avait pas envie de rentrer chez lui tout de suite, La Seine était noire.

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Place de la Bastille, au coin de la rue de la Roquette, on voyait des lumières plus aiguës, éclatantes, de cet éclat blafard qui est le luxe des quartiers pauvres – comme certaines baraques foraines, celles où l’on joue pour gagner des paquets de sucre ou des bouteilles de mousseux – , les lumières qu’il faut, probablement, pour faire sortir les gens de leurs petites rues sombres et étouffantes.

*

Maintenant, c’était Ernest Malik qui avait peur, aussi peur qu’un petit maquereau de la rue de la Roquette qu’on fait grimper, à deux heures du matin, au cours d’une rafle, dans le panier à salade.

*

La place des Vosges était déserte.

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On entendait les oiseaux et les fontaines de la place des Vosges.

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En arrivant à la P.J., je trouve un message important pour vous d’Orsenne, oui…

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– Taxi… Route de Fontainebleu. Je vous guiderai.

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– Dans votre maison de Meung ?
– A Paris, dans mon appartement de la place des Vosges.

*

Et il ne sut jamais s’il s’agissait du fait de l’avoir arraché pour quelques jours à la paix de son jardin de Meung-sur-Loire ou du coup de revolver.

Première édition : dans le volume intitulé La Pipe de Maigret (Presses de la Cité, 1947).

4 août 1945.



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