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Lannes, Murat, Davout et Soult

Lannes, Murat, Davout et Soult à l’attaque

Lannes et Murat aux prises avec Bagration

Vers midi, Lannes et Murat sont aux prises avec Bagration et la cavalerie russe, entre Siwith et Kruh.

Le rapport du général Suchet au maréchal Lannes est flatteur pour l’infanterie :

L’infanterie en bataille soutint avec le plus grand calme le feu de la mitraille ; les files renversées étaient aussitôt remplies. L’ordre de Sa Majesté fut fidèlement exécuté et, pour la première fois peut-être depuis la guerre, la plupart des blessés se traînaient seuls à l’ambulance. Le général Valhubert, ayant la cuisse coupée par un boulet, refusé de se laisser porter à l’ambulance : « Je mourrai aussi bien ici ; il ne faut pas qu’un homme en fasse perdre six. »

Plusieurs fois notre infanterie vit nos hussards et nos dragons, pressés par l’ennemi, rentrer dans les intervalles des bataillons et se jeter sur le front ; la ligne n’en était pas ébranlée. Le 1er bataillon du 34e s’est trouvé le premier assez heureusement placé pour accueillir ainsi par un feu de files la cavalerie ennemie, après avoir laissé de sang-froid passer derrière toute la nôtre et, dans ce mouvement qui s’est renouvelé trois fois, il a couvert tout son front de morts. Fatigué de l’audace d’un corps de dragons russes qui semblait menacer de couper la ligne, vous (le maréchal Lannes) avait fait avancer le 2e bataillon du 40e pour le prendre en flanc.

Deux fois vous avez fait avancer tout le corps d’armée ; le feu redoublait alors, et le même calme s’est toujours fait remarquer dans les rangs. On a soutenu la mousqueterie avec la même intrépidité que les charges et la canonnade. La deuxième ligne, qui souffrait beaucoup de L’artillerie, s’était déployée.

(Rapport du général Suchet au maréchal Lannes).

Ici, c’est la droite française que l’ennemi voulait tourner :

Là, j’appris ce qui s’était passé sur la droite. La division Legrand et la division Friant avaient suffi pour contenir le général Doctouroff et pour l’empêcher de tourner l’aile droite de l’armée que les généraux russes avaient eu la folle prétention d’envelopper entièrement.

La 2e et la 3e colonnes russes s’étaient croisées dans leur marche, le mouvement qu’elles avaient tenté en descendant de Pratzen sur Sokolntiz et Kobelnitz ne s’était opéré qu’avec beaucoup de confusion. Le général Kolowrat, qui avait remplacé sur les hauteurs de Pratzen la 2e et la 3e colonnes pour soutenir leur mouvement offensif, n’avait pas été plus heureux. Le maréchal Soult avait attaqué ces hauteurs à la tête des divisions Saint-Hilairen et Vandamme marchant en intervalles et rectifiant leurs guides comme sur un champ de manœuvres, pendant que Bernadotte portait sur le flanc droit la division Drouet qui cependant n’avait pas brûlé une amorce.

Le 4e régiment qui formait l’extrême-gauche du général Vandamme, ayant été un instant à découvert, avait été chargé par une partie de la réserve du grand-duc Constantin et notamment par les chevaliers-gardes ; un de ses bataillons avait essuyé quelques pertes. Et c’était alors que l’Empereur, qui suivait de très près tous les mouvements, avait lancé Rapp avec une partie de sa garde qui avait écrasé la garde russe. En même temps, le maréchal Soult avait couronné les hauteurs de Pratzen, et ainsi, à midi, la bataille était gagnée.

(Général Thiard, Souvenirs diplomatiques et militaires).

Le maréchal Lannes vu par Julie Volpelière. Image libre de droits.

Davout et Sault écrasent la gauche russe

Davout, et Sault qui descend du plateau de Pratzen, écrasent la gauche russe dont quelques régiments pourront fuir :

Le maréchal Davout, se tenant d’abord sur la défensive, entretenait le combat avec habilité. Après la défaite de notre centre, on lui fit parvenir l’ordre d’attaquer notre gauche, en le prévenant qu’une partie du corps de Soult, ayant quitté les hauteurs de Pratzen, marchait sur nos derrières, et que Napoléon en personne, avec sa garde et les grenadiers d’Oudinot, marchait sur Aujezd, afin de nous couper la retraite. Tout en retenant Doctouroff et Langeron, Davout dirigea le gros de ses forces contre Przibyszewski, placé sur les deux rives de Goldbach. Le 7e de chasseurs à pied, les régiments de Galicht, de Boutyrsk et deux bataillons de celui de Narwa, sous les ordres du général Stryck, étaient placés derrière le ruisseau devant Skolonitz, tandis que, de l’autre côté du ruisseau, se tenait en réserve le lieutenant général Wimpfen avec un bataillon de Narwa et les régiments d’Azoff et de Podolie, affaiblis par les pertes qu’ils avaient éprouvées près de Schoengraben : ils comptaient à eux deux à peine 1700 hommes. Aussitôt que Przibyszewski se vit attaqué par Davout, et qu’il eut appris l’arrivée des Français derrière Sokolnitz, il fit part de sa position critique à la gauche. Mais ces avis et au général Langeron, qui était à la gauche. Mais ces avis ne purent être remis, attendu que Davout avait déjà réussi à couper, par son aile droite, toute communication entre la troisième colonne et le comte Langeron. Il resta donc sans recevoir d’ordres de personne, ignorant ce qui se passait sur les autres points, sachant que les soldats avaient usé toutes leurs cartouches, voyant qu’ils se désorganisaient de plus en plus. Przibyszewski, de son côté, faisait tous ses efforts pour maintenir l’ordre ; il ne pouvait se décider à se retirer sans en avoir reçu l’autorisation. Sa position était d’autant plus difficile qu’il avait reçu le commandement de la colonne la veille de la bataille seulement, et qu’il connaissait à peine ses troupes. Davout le pressait avec furie ; nos officiers, le drapeau à la main, se précipitaient sur l’ennemi et tombaient percés de coups.

Pendant que Przibyszewski soutenait le plus sanglant des combats, Soult attaquait et battait les réserves du général Wimpfen, qu’il fit prisonnier, épuisé qu’il était par la perte de son sang, à la suite d’une grave blessure. Le général Selkhoff le remplaça, retourna au village de Sokolnitz, qui était encombré de monde, de canons, de munitions ; il ne put se frayer un passage à travers les rues, dans cette effroyable cohue, « où tout se confondait », selon ses propres paroles et d’après celles de Przibyszewski.

Les Français pénétrèrent dans Sokolnitz, coupèrent toute retraite à la colonne, et, dans ce château, firent prisonnier le général Müller, blessé au commencement de la journée à l’attaque de ce château. Przibyszewski se décida à marcher à droite, vers Kubelnitz, avec une masse d’hommes en confusion, espérant trouver la quatrième colonne de Kolowrat, qui, d’après les dispositions préalables, devait s’emparer de ce point. Foudroyés par le feu des batteries et celui de la mousqueterie, nos rangs s’éclaircissaient à chaque pas ; la certitude du succès doublait l’ardeur des Français. Nos troupes, poursuivies et enveloppées n’avaient pas parcouru deux kilomètres avant la nuit, qui, près de Kobelnitz, la cavalerie française les chargea, acheva d’y porter le désordre et fit prisonniers les généraux Przibyszewski Stryck et Selekhoff.

Nos soldats ne se rendaient pas. Ayant aperçu des troupes derrière Kobelnitz, et les prenant pour des Autrichiens, ils crurent se porter vers leurs alliés ; mais, au lieu d’eux, trouvant les Français, ils furent complètement dispersés.

La résistance longue et désespérée de la troisième colonne protégea la retraite de Doctouroff et de Langeron ;Soult, occupé par son combat avec Przibyszewski, ne put envoyer de troupes sur leurs derrières.

Le comte Buxhoewden, malgré l’ordre qu’il avait reçu de se retirer, ne le faisait pas ; car il ignorait d’une manière positive qu’au centre de la bataille tout était perdu sans retour. Il espérait, en quelque sorte, pouvoir remettre les affaires en renversant le flanc droit des Français. Son opinion fut partagée par les généraux autrichiens Stutterheim et Kienmeyer, appelés en conseil ; mais lorsqu’il vit l’ennemi descendre sur ses derrières, il se convainquit de l’inutilité d’une plus longue résistance au-delà de Tellnitz ; il commença à se replier, à travers ce village, avec la colonne de Doctouroff, en ordonnant au comte Laneron de l’imiter. Ce dernier ne put débarrasser de l’action que deux de ses régiments, le 8e de chasseurs à pied et celui de Wibourg ; le régiment de Perm, qui se trouvait en avant, fut enveloppés par l’ennemi, complètement défait, après la défense la plus héroïque. Il perdit, en morts, blessés et prisonniers, 5 officiers supérieurs, 39 officiers subalternes, 1684 sous-officiers et soldats, et 6 pièces de canon.

Dans cette catastrophe, des soldats de ce régiment arrachèrent la bannière des deux drapeaux. Plus tard, ils les remirent à Koutouzoff, comme pour lui prouver d’une manière incontestable que le courage ni la fermeté ne leur avaient manqué.

Un sous-officier blessé, nommé Staritchkoff, du régiment d’Azoff, au moment où l’ennemi attaquait avec furie, eut aussi l’adresse de détacher la bannière de son drapeau ; il la cacha sous son habit, parvint à la conserver quoi qu’il eût été fait prisonnier ; puis, à Brünn, couché sur son lit de mort, il la remit en secret à un de ses camarades. Le dépositaire, de retour en Russie, vint présenter à l’autorité ce drapeau, qui se trouve maintenant à l’arsenal de Saint-Pétersbourg.

(Mikhaïlowski-Danilewski. Campagne de 1805).

Maréchal Davout, peinture de Tito Marzocchi de Belluci et Pierre-Claude Gautherot. Image libre de droits.

Manoeuvres habiles

Napoléon félicite vivement Soult, ce qui porte ombrage à Lannes :

C’est sur les hauteurs de Pratzen que je rejoignis l’Empereur et que Soult vint le trouver. L’Empereur le complimenta de la part brillante qu’il avait brise à cette éclatante victoire et dans des termes que l’éloignement ne me permit pas d’entendre ; mais ce que je crois avoir saisi très distinctement, c’est qu’il finit par lui dire : « Du reste, Monsieur le Maréchal, c’est sur votre corps que comptais le plus pour le gain de la journée. »

Ces paroles étaient l’expression exacte de la vérité. Le corps du maréchal était de trois divisions, supérieures par la discipline et l’instruction qu’il avait su y établir parmi toutes celles du camp de Boulogne. L’Empereur, en les plaçant en face du point qu’il avait choisi pour l’attaque (car, contrairement au système du Grand Frédéric, qui agissait toujours sur les ailes, lui agissait toujours sur le centre), annonçait que ce corps avait toute sa confiance. Cependant, ce qui prouve combien les hommes, et à plus forte raison les souverains, plus ils ont d’empire sur les esprits, plus ils doivent peser leurs paroles, c’est que ces mots sortis de la bouche de l’Empereur, et peut-être rapportés inexactement, irritèrent le maréchal Lannes (qui, il est vrai, avait contribué aussi pour beaucoup au succès de la bataille en paralysant les efforts de l’aile droite ennemie), au point qu’après une explication très vive avec l’Empereur, il quitta l’armée. Je le rejoignis huit ou dix hours après à Stuttgart, comme il se rendait en France.

(Général Thiard, Souvenirs diplomatiques et militaires).

Lannes fait une habile manœuvre pour acculer l’ennemi à sa perte :

Sur tous les points la victoire était donc déclarée pour nous; la retraite de la gauche des Alliés s’effectua sur Austerlitz, où leur centre et même la Garde impériale russe arrivèrent dans un grand désordre. Le maréchal Lannes, qui, après Massena, était de tous les généraux celui qui avait au plus haut degré le coup d’oeil de la guerre, ces éclairs u génie qu’on nomme inspiration, et cette force de volonté, cette promptitude qui fait que l’exécution se confond pour ainsi dire avec la pensé, le maréchal Lannes, saisissant ce que cette situation rendait possible, fit aussitôt un à-droite avec sa 1ere division et, renforcé par la 1ere division du corps du maréchal Bernadotte, arriva à son tour sur les hauteurs de Pratzen, où se rendirent également toute la cavalerie, la Garde impériale et la réserve de grenadiers (qui n’eurent pas un coup de fusil à tirer). C’était le moment où les divisions Vandamme et Saint-Hilaire achevaient de quitter ces hauteurs de Pratzen, pour suivre les Russes sut Tellnitz et Sokolnitz ; les trois colonnes qui, le matin, avaient fait un mouvement analogue pour nous envelopper, se trouvèrent attaquées et forcées par nous dans ces dernières positions ; elles perdirent toute leur artillerie et furent abîmées au point de ne sauver que des lambeaux.

Mais il a décidément un fichu caractère :

Ce mouvement est d’autant plus à rappeler que c’est d’après lui seul que le maréchal Lannes l’exécuta. L’Empereur voulut en faire une mention honorable, mais par malheur, il crut devoir remplir ce but en mettant dans le 30e Bulletin : « Le maréchal Lannes marche en échelon, par régiment, comme à l’exercice ».Lannes fut outré de ce que dans la relation d’une bataille comme celle d’Austerlitz, on ne parlât personnellement de lui qu’à propos d’une manœuvre ; et malgré cette phrase collective : « La gauche, commandée par le maréchal Lannes, a donné trois fois ; toutes ses charges ont été victorieuses », il quitta sur-le-champ l’armée et revint à Paris.

Informé de ce départ et de son motif, l’Empereur envoya en toute hâte Murat pour courir après Lannes, pour le calmer et le ramener ; mais, quand Murat arriva à Vienne, Lannes en était déjà parti.Il ne s’y était en effet arrêté que le temps nécessaire pour écrire à l’Empereur qui, si sur le champ de bataille d’Austerlitz il avait justifié sa confiance, l’Empereur voulût bien s’en souvenir relativement à son premier aide de camp, le chef d’escadron Subervie, resté blessé à Brünn. Trois jours après, cet officier reçut la nomination de colonel, et l’Empereur, en annonçant cette nouvelle au maréchal Lannes, ajoutait : « Je n’en compte pas moins sur vous, si l’armistice qui suspend les opérations ne conduisait pas à la paix. »

(Thiébault. Mémoires).

En fait, la manœuvre projetée par Napoléon, qui était de couper l’armée russe en deux à Pratzen et d’encercler les deux ailes ainsi séparées, n’a pas pu être accomplie jusqu’au bout. L’armée russe a été coupée en de multiples tronçons, dont certains seulement (en particulier au centre et au sud) se sont vus encerclés. La victoire est malgré tout décisive, ce qui subsiste de l’armée russe étant complètement désorganisé.

L’Armée française au soir de la victoire :

Vers six heures du soir, dès que les ténèbres couvrirent les plaines et les montagnes encore toutes fumantes de sang, la fusillade cessa, et les vainqueurs allumèrent leurs feux de bivouacs. Les Français se préparaient, au milieu du bruit et de la joie, à arranger leurs baraques pour la nuit, quand Napoléon leur apparu ; leurs acclamations d’allégresse durèrent tout le temps qu’il mit à parcourir les lignes pour remercier les régiments. Les échos répétaient au loin ces cris d’enthousiasme.

(Mikhaïlovski-Danilewski. Campagne de 1805).



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