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L’empereur Alexandre le 2 décembre

L’empereur russe le soir du 2 décembre

Et nous retrouvons, Avec Danilewski, l’empereur Alexandre le soir du 2 décembre.

La pluie tombait avec violence, l’armée marchait dans l’obscurité vers Hidiegitz ; l’empereur Alexandre l’accompagnait en gardant un morne silence. Dans la matinée, le jeune monarque s’était trouvé au milieu des boulets, des balles, de la mitraille ; pendant qu’il donnait ses ordres, le cheval et son chirurgien, Wylllie, fut blessé près de lui; à trente toises en arrière, un cheval de main tomba percé par une grenade ; à deux pas en avant, près de lui, un boulet s’abattit et le couvrit de terre ; enfin, il s’était constamment tenu près de la quatrième colonne jusqu’à sa désorganisation totale et, lorsque les troupes se débandèrent, il passa avec peine un ruisseau dont les bords escarpés et marécageux offraient beaucoup de difficulté. Cependant il ne cessa pas de donner ses ordres. Les témoins oculaires purent admirer son sang-froid, et remarquer que son visage, d’une pâleur mortelle, offrait les traces d’un profond chagrin.

L’empereur Alexandre arriva un peu avant la nuit au village de Hodiegitz, qui se trouva rempli de malades, de blessés, de maraudeurs et de bagages, comme il advient toujours en pareille circonstance. Ce fut avec peine qu’on lui trouva une chambre. D’une suite nombreuse, il n’avait alors près de lui que son médecin Wyllie, l’écuyer Jaehne et un courrier. Czernicheff, aide de camp d’Ouvaroff, s’y trouvait aussi par hasard. Czernicheff avait été envoyé à l’Empereur, pendant le combat, avec les rapports de ce qui se passait au flanc droit. Sa Majesté, ne voyant plus ses aides de camp, le garda près d’elle, l’envoya porter ses ordres, et à son arrivée à Hodiegitz il lui dit : « Rendez-moi aujourd’hui encore un service : trouvez Koutouzoff. » Le hasard seul, au milieu des troupes et pendant une nuit sombre, pouvait favoriser les recherches de Czernicheff. En effet, il ne tarda pas à rencontrer le général qui, de son côté, avait envoyé dans toutes les directions pour savoir où était l’Empereur.

Après avoir causé avec Koutouzoff, Alexandre, apprenant qu’on n’avait pas retrouvé sa calèche à Hodiegitz, partit à cheval pour Czeitsch ; mais il ne put faire que deux lieues ; car déjà, depuis plus de quatre jours, depuis l’affaire de Wischau, l’Empereur se sentait malade. Les fatigues de la bataille, le chagrin qui ne rongeait au spectacle de ses revers, l’agitation de son cœur, une nuit froide et pluvieuse, en un mot, tout ce qui pouvait agir sur le physique et sur le moral, dut augmenter l’indisposition du jeune souverain ; il fut obligé de s’arrêter au village d’Urgitz, dans une cabane de paysan, où il ne trouva que de la paille pour se reposer. Sa tête était en feu et les symptômes d’une maladie appelée cholérine se manifestaient. Son médecin lui fit boire une infusion de camomille avec 30 gouttes d’opium, et, grâce à ce breuvage, le calme amena le sommeil.

Il était urgent que l’auguste malade bût un peu de vin pour se fortifier ; mais on fit d’inutiles recherches pour en trouver dans ce chétif village. L’empereur François y était arrivé, de son côté ; on envoya dans le presbytère où il était descendu demander du vin : tout le monde dormait. Le grand-maréchal du palais impérial fut réveillé, on le pria de donner du vin pour l’empereur de Russie souffrant ; ce grand officier motiva son refus par la raison qu’il n’avait à sa disposition que la provision de l’Empereur François. Enfin on fut assez heureux pour s’en procurer à prix d’or auprès d’un officier hongrois, et notre Empereur fut soulagé.

C’est ainsi que se passa, pour Alexandre, la nuit qui suivit la bataille d’Austerlitz : il fut malade, dans une cabane de paysan, couché sur la paille.

À la suite d’un sommeil de trois heures, et avant l’aube du jour, Sa Majesté se mit à cheval et partit pour Czeitsch, point de ralliement de l’armée.

Mais Danilewski nie énergiquement que « son Empereur » ait risqué d’être fait prisonnier :

Tous les historiens militaires de l’époque ont affirmé que l’Empereur eût été infailliblement fait prisonnier si Davout ne s’était point arrêté, et si, mettant à profit la grande supériorité numérique de ses forces, il eût continué de presser Meerfeldt. On a cru à cette allégation sans se donner la peine d’en examiner la vraisemblance. Cependant, il suffit de jeter un coup d’oeil sur la carte pour comprendre l’impossibilité du fait. De Czeitsch, où se trouvait l’Empereur, jusqu’à la rivière de la March, il y a quatre lieues ; Davout était encore éloigné de cette rivière, et devait, pour atteindre notre front, détruire notre arrière-garde.

(Mikhaïlovski-Danilewski. Campagne de 1805).

Alexandre 1er, portrait par George Dawe. image libre de droits.


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