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Intoxication par l’oxyde de carbone

Intoxication par l’oxyde de carbone en psychiatrie

L’intoxication au CO, qu’elle soit accidentelle (gaz d’éclairage, chauffe-bains, explosions souterraines dans les mines, air confiné), ou qu’elle soit volontaire (tentative de suicide), peut s’accompagner de désordres mentaux. Leur proportion est, néanmoins, assez minime au regard de la fréquence de ces intoxications, surtout dans les grandes villes où sont organisés aujourd’hui des services rapides de réanimation.

Depuis la première description d’ensemble de Moreau de Tours, en 1876, des travaux nombreux leur ont été consacrés. Desoille, en 1932, a fait une bonne étude clinique, expérimentale et pathogénique, des asphyxies, et dans sa thèse – Paris, 1945 – Rouault de la Vigne a pu grouper 50 observations personnelles et faire la somme de toutes les connaissances acquises sur le Sujet.

La pathogénie des troubles psychiques, en pareil cas, est attribuée par la plupart des auteurs à l’anoxhémie; quelques-uns cependant défendent l’action directe des toxiques sur la cellule nerveuse et les parois vasculaires. L’anatomie pathologique montre des altérations assez diffuses, des infiltrations hémorragiques et une électivité particulière pour les noyaux sous-corticaux, le pallidum.

Toutefois, Poursines, Alliez et Meissonier ont trouvé, dans plusieurs cas d’intoxication aiguë ou subaiguë suivie de mort retardée, des lésions corticales (troubles vasculaires et vasomoteurs), surtout au niveau de la région périventriculaire; ils ont souligné l’électivité de ces lésions sur le néocortex avec prédominance de l’écorce, spécialement la sixième couche (LIVe Congrès des Médecins, al. Et neur. de France, Bordeaux, 1956).

Hagueneau et ses collaborateurs ont publié (R.N., 6 octobre 1955, p. 656) le cas d’un sujet d’une soixantaine d’années atteint d’une intoxication lente par l’oxyde de carbone (qui toucha plusieurs de ses collègues travaillant avant lui dans un four à chaux) qui présenta des troubles paralytiques et de la dyplopie ; il avouait aussi des habitudes éthyliques. L’autopsie révéla, entre autres lésions, des dégénérescences myéliniques du corps calleux décrites dans le syndrome de Marchiafava-Bignami.

Il y a des intoxications lentes, sournoises et méconnues dans lesquelles une certaine obnubilation intellectuelle jointe à de l’asthénie, à des céphalalgies tenaces, à des vertiges, peut constituer un signe révélateur; mais ces intoxications lentes ou subaiguës à marche irrégulière peuvent se traduire aussi par des bouffées délirantes intermittentes dont la signification exacte n’est pas toujours immédiatement reconnue.

Le plus souvent, il s’agit d’intoxications aiguës ou subaiguës.

L’ivresse oxycarbonée, qui s’observe dans les intoxications subaiguës ou au réveil d’un coma dû à une intoxication massive, peut être prise pour une ivresse alcoolique; elle a pu même donner lieu à des erreurs judiciaires (Brouardel); elle est généralement traînante, accompagnée de céphalées tenaces et se liquide moins rapidement et moins franchement que l’ivresse alcoolique.

Dans presque tous les cas aigus, le sujet tombe rapidement dans le coma. La sortie de ce coma peut se faire régulièrement et progressivement avec retour à la lucidité ; parfois il persiste de la torpeur et de l’obtusion, se dissipant lentement. On peut observer aussi des états d’agitation transitoire. Il n’est pas rare de voir s’installer un état de confusion mentale, qui peut durer de une à plusieurs semaines; mais quelquefois, après un réveil normal et un temps de latence de une à trois semaines, la psychose confusionnelle s’installe à retardement (psychoses postintervallaires de certains auteurs).

Les psychoses aiguës postcomateuses présentent tous les degrés et tous les aspects de la confusion mentale (v. ce mot). Il faut noter cependant que l’activité onirique y est rarement intense. Il y a beaucoup plus de ralentissement, d’inertie et de stupeur que d’agitation. Les troubles de l’attention, de la fixation de la mémoire, y sont dominants.

Enfin, un trait particulier de ces confusions oxycarbonées, c’est qu’elles sont très souvent associées à des désordres moteurs empruntés à la série sous-corticale (akinésie ou bradykinésie, hypertonie permanente ou paroxystique, spasme de torsion, mouvements choréiques et parfois syndrome parkinsonien).

Parmi ces complexes neuropsychiques, signalons en particulier la forme akinélohypertonique avec mutis,e de Desoille; la forme braduphycholiélique (Ajuriaguerra et Rouault de la Vigne). Les troubles moteurs de la série sous-corticle et pallidale sont généralement transitoires, d’une durée de quelques semaines, mais on a signalé des états parkinsoniens prolongés.

Une place importante doit être réservée aux troubles de la mémoire et de l’attention, qui ont été souvent signalés et ont pu constituer parfois des séquelles partielles définitives.

– Troubles de la mémoire – Qu’il y ait eu ou non confusion mentale post-comateuse, il y a toujours au réveil une amnésie lacunaire complète qui fait oublier au sujet non seulement sa période de troubles mentaux, mais aussi les circonstances de l’accident et quelques faits antérieurs à lui.

En outre, on a signalé des amnésies retardées; le sujet au sortir du coma réalise d’abord sa situation, puis reperd au bout de quelques jours la notion de ce qui s’est passé; d’où la délicatesse de certains interrogatoires et les contradictions apparentes dans les dépositions lorsqu’une enquête judiciaire est ouverte.

Enfin, il existe une amnésie antérograde qui relève, pour une grande part, de l’inertie mentale et des troubles de l’attention.

– Troubles de l’attention. – Dans un certain nombre de cas, on est frappé par l’inertie mentale du sujet, son incuriosité, l’absence de toute attention spontanée. Parfois, il ne s’agit que d’un engourdissement, un peu traînant, d’un véritable phénomène de persévération mentale encore réversible; il peut s’y ajouter quelques manifestations pithiatiques; mais bien souvent, il y a véritablement une perte définitive de l’initiative et de l’attention rendant le sujet incapable de récupérer son activité professionnelle antérieure. Certains automatismes persistants, la tenue correcte et adéquate du sujet dans les situations courantes de la vie journalière, trompent un observateur superficiel; en fait, le sujet ne peut reprendre une activité pragmatique ou professionnelle utile.

Il n’est pas rare d’observer, avec ou sans persistance d’un état confusionnel, des séquelles de la série aphasique, agnosique ou apraxique (Ajuriaguerra). Il existe plusieurs observations intéressantes d’apraxie constructive dans lesquelles on a retrouvé le phénomène décrit par Mayer-Gross, sous le nom de « closing-in » (v. ce mot) ou accolement, adhésion du sujet aux images ou aux constructions qu’on lui demande de reproduire.

Outre ces séquelles partielles, on a signalé de véritables états d’affaiblissement et de démence définitifs, les uns globaux, d’autres associés à des séquelles neurologiques indiquant des lésions en foyer.

La ponction lombaire a révélé, mais assez rarement, de petites réactions du liquide céphalo-rachidien. L’électro-encéphalographie a montré des perturbations des réactions électriques pendant la durée de la phase confusionnelle; on a même pu déceler pendant l’encéphalographie gazeuse des modifications objectives du cortex ou des ventricules (Rouault de La Vigne et Puech).

Comme facteur de gravité pour le pronostic, mentionnons la prolongation du coma, l’âge du sujets : femmes à la ménopause (Courtois), séniles et préséniles, artérioscléreux.

D’autre part, chez de jeunes enfants rescapés d’une intoxication oxycarbonée, on a pu signaler des arrêts de développement intellectuel (Heuyer). Les états psychopathiques, mélancoliques ou anxieux, qui ont provoque une tentative de suicide par oxyde de carbone se trouvent souvent aggravés par l’intoxication, surtout s’il s’agit de mélancolie d’involution.

Il n’y a pas de thérapeutique spéciale en dehors de celle de l’intoxication dans les premiers jours et des soins généraux qui cet état confessionnel aigu ou subaigu comporte. S’il n’y a que des phénomènes de persévération, l’électrochoc et l’invigoration peuvent les dissiper; des essais de rééducation peuvent être tentés quand il y a perte de l’activité professionnelle, mais ils échouent souvent.

– Médecine légale. – Nous avons dit les situations délicates créées parfois par l’ivresse oxycarbonée et les grosses amnésies fréquentes dans cette intoxication. L’estimation de l’invalidité est souvent délicate et nécessite l’intervention d’un expert spécialiste.

Quant au mélancolique qui a pu entraîner les siens dans la mort (suicide collectif), il ne saurait être inquiété au point de vue pénal; il doit être déclaré irresponsable.

Ant. Porot.

La plus haute obscurité est celle d’une bouche qui ne sait plus dire je t’aime (Salah Al Hamdani, poète irakien). Photo : Megan Jorgensen.


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