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Cybernétique

La cybernétique, comment on la voyait dans les années 1950

La cybernétique, « science of control and communication » est une nouvelle science qui a pour but l’étude de systèmes physiques en équilibre ayant comme caractère essentiel de maintenir eux-même, par auto-régulation, cet équilibre lorsque celui-ci tend à se modifier sous l’effet d’agents extérieurs (exemple : pilote automatique d’avion, la machine à calculer électronique, ou plus simplement le vieux régulateur à boules de Watt).

Dans tous ces mécanismes, l’on trouve une association d’organes informateurs, analyseurs, effecteurs, et l’on peut noter une disproportion parfois énorme entre l’énergie minime nécessaire à l’information et l’énergie considérable modifiée par le système dans son ensemble.

Le mouvement cybernéticien a pris naissance il y a quelques années; il groupe des physiciens, des mathématiciens comme N. Wiener, des neurophysiologistes McCulloch, des psychiatres, comme Ashby et des électroencéphalographistes comme Grey Walter en Grande-Bretagne, et H. Gastaut en France.

Les caractères de ces systèmes mécaniques ou électriques ont fait établir une réelle analogie entre ces derniers et le système nerveux, au moins au niveau du plus automatique et du plus connu, et certains cybernéticiens dépassent la simple ressemblance pour affirmer l’identité de ces systèmes physiques et du système biophysiologique qu’est le système nerveux.

J. Lhermitte, dans une revue critique des nouvelles acquisitions sur la texture intime du système nerveux central, a fait pourtant remarquer que le cerveau d’est pas réductible à un assemblage de structures neuroniques et de fibres efférentes ou afférentes, mais qu’il possède une substance intermédiaire bien mise en évidence par certains histologistes (nervose grau de Nissl, réticulum pâle de Held, troisième substance de Bauer), dont les fonctions sont encore indéterminées, mais certainement d’ordre supérieur. Si le jeu de la mécanique cérébrale, ajoute J. Lhermitte, rend bien compte des activités réflexes et automatiques assimilables jusqu’à un certain point aux données de la cybernétique, « est-ce à dire que cette mécanique soit une explication suffisamment valable pour l’ensemble des activités nerveuses et singulièrement pour les plus élevés que nous groupons sous le terme d’esprit? La question mérite d’être posée ».

On a déjà entrevu la perspective d’une « machine à penser », mais il faut tout de même savoir s’arrêter au seuil de la métaphysique. Chauchard, Lhermitte, Cossa ont fait en France une critique très pertinente de ces espoirs ambitieux et excessifs.

Dans un ouvrage (Introduction à la cybernétique. La pensée artificielle, Gallimard, 1953), P. de Latil a fait un exposé et une mise au point de toutes les acquisitions actuelles dans ce domaine. Les machines, par leur comportement de plus en plus libéré de l’intervention humaine, arrivent, semble-t-il, à détenir une part réelle de pensée.

Mais l’un des plus graves dangers de la cybernétique, ce serait d’identifier les mécanismes par lesquels se réalise un comportement analogue dans l’être vivant et dans la machine. P. de Latil lui-même reconnaît qu’il ne pourra jamais y avoir de pensée artificielle au sens où nous comprenons ce mot. En s’efforçant d’identifier circuits électriques et associations neuroniques, dit Chauchard, certains cybernéticiens prétendent juger de l’identité de comportement à l’identité de nature profonde de ces comportements.

« L’homme, ajoute-t-il, peut aller très loin dans son imitation artificielle de la vie et de la pensée, dans son effort de délégation de ses forces psychiques ou physiques à la machine; mais il reste certain que la pensée humaine, capable de telles merveilles, restera toujours transcendante par rapport à tous les modèles qu’elle peut créer ». Il est un seuil que le cerveau artificiel ne franchira jamais, c’est celui de la conscience. « Dire que la complexification de la machine donnera la vraie pensée consciente, c’est oublier que la conscience est liée à la vie et qu’on ne peut les séparer. » La machine à penser ne représentera jamais que certaine organes du cerveau comme les analyseurs sensoriels, mais non un cerveau tout entier.

« Elle ne résoudra pas tous les problèmes, mais seulement ceux pour lesquels on la construit et n’en traduit que des applications numériques ». La machine n’atteint pas à l’invention vraie et n’a de puissance symbolique que par délégation. » En somme, la machine n’est rien sans l’homme qui l’a conçue et l’utilise », dit R. Charpentier, à quoi il ajoute : « À la machine manquera toujours cet élément affectif, si important dans les manifestations de la pensée humaine ».

Ant. Porot.

Quand le réel nous désespère, la rêverie constitue un facteur de protection (Le Murmure des fantômes, Boris Cyrulnik, psychiatre français). Illustration : Megan Jorgensen.


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