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Rivière du Saguenay : le mercure

Rivière du Saguenay : Le mercure et autres mauvaises potions

Une rivière, certes, mais un fjord aussi

La vallée qui encastre la portion inférieure du Saguenay, entre Saint-Fulgence et Tadoussac, possède les caractéristiques géologiques particulières d’une auge glaciaire. Découpé dans le granit par le mouvement de glaciers millénaires, serti entre les massifs des monts Valin au nord et ceux des Laurentides au sud, le fjord du Saguenay sculpte le Bouclier canadien sur une centaine de kilomètres, un ouvrage qui le classe parmi les plus longs du monde. C’est aussi le plus méridional. Bien que ses fosses plongent à près de 300 mètres, son embouchure prend la forme typique d’un seuil rocheux, ou verrou glaciaire, d’à peine 20 mètres de profondeur. C’est à cet endroit qu’un courant froid fait résurgence et mêle ses eaux à celles du Saguenay.

De façon simplifée, les eaux marines forment une nappe arctique au fond du fjord. Les eaux froides et salées qui refluent en deçà du seuil et se déposent sous la couche de surface plus chaude et moins salée, renouvellent régulièrement l’oxygène et entretiennent la vie marine jusque dans les profondeurs. Le caractère exceptionnel du fjord se révèle particulièremenet par la présence d’une faune aquatique variée, d’affinité nordique.

Entre 1940 et 1970, la région du Saguenay a connu un incroyable essor industriel et urbain qui a laissé sa marque et dans la rivière et dans le fjord.

Le mercure, puisqu’il faut l’appeler par son nom, fut longtemps la bête noire du Saguenay et le premier problème de pollution à y être décelé. L’alarme est sonnée au début des années 1970 : on signale que la crevette locale contient des niveaux de mercure de 10 à 20 fois supérieurs à la norme tolérée. Logiquement, les chercheurs s’inquiètent de l’état des sédiments car la crevette nordique (Pandalus borealis) s’alimente surtout sur le fond marin.

On ne tarde pas à mettre en évidence une accumulation de mercure dans les secteurs profond du Saguenay. La forme inorganique du mercure s’avère peu toxique, comparativement au méthylmercure, plus nuisible, qui se forme au contact des particules organiques (bactéries, plancton, débris végétaux et animaux en décomposition). Le méthulmercure est transmis, puis concentré dans la chaîne alimentaire marine suivant un processus appelé bioaccumulation. Il se retrouve éventuellement enfoui dans les sédiments, d’où le mercure peut de nouveau être libéré et remis en circulation dans l’eau. Ainsi, même après que les rejets de mercure ont été interrompus, le contaminant continue de circuler durant plusieurs décennies.

Par ailleurs, l’aluminerie, en tant que moteur économique de la région, a craché des milliers de tonnes d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dans le bassin versant du Saguenay. On y a également répandu des organochorés tels que le DDT, un insecticide utilisé en milieu agricole, et le PBC qui ser d’isolant dans les condensateurs et les transformateurs industriels. Des dizaines d’initiatives humaines ont épicé cette soupe avec des dioxines, des furannes, du plomb, du zinc, du cuivre et du cadmium. L’éveil environnemental, à l’aube des années 1970, endiguera heureusement le flot de la contamination. Néanmoins, les concentrations de certains polluants demeurent encore plus élevées dans les sédiments du Saguenay qu’elles le furent à l’époque préindustrielle.

Une petite anse du Saguenay au détour de la baie Sainte-Marguerite. Photographie : GrandQuebec.com.



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