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De belles cérémonies

Tags: nous notre chair

Pâques donne lieu à de belles cérémonies dans nos églises

Les fidèles remplissent en grand nombre nos églises et terminent le carême d’une façon édifiante. – La musique ajoute à la solennité. – Résumé des sermons prononcés par M. le chanoine Arbour, les RR. PP. Nasse, Bournival et Dom P.-M. Allix

Un rapport sur les sermons prononcés dans quelques églises de Montréal lors de la célébration des Pâques, en avril 1927 (ce texte a paru dans le journal Le Canada, le 18 avril 1927) :

Les églises de la métropole qui, depuis quelques semaines se remplissaient chaque matin et chaque soir de fidèles qui suivaient la retraite pascale, se sont remplies de nouveau, hier, à l’occasion du saint Jour de Pâques.

Des cérémonies brillantes se sont déroulées dans toutes nos églises, cérémonies relevées par les chants de joies et d’allégresse des chorales qui pour la fête, avaient préparé un programme tout spécial.

À la basilique le sermon de circonstance a été donné par M. le chanoine A. Harbour, curé qui a fait ressortir quel sens devait prendre aux yeux du chrétien la fête de Pâques; à Notre-Dame, le R.P.D. Nasse avait pris comme sujet : « Son règne n’aura pas de fin »; le R.P. Bournival, s.j., au Gésu, développa le sujet suivant : « La résurrection de la chair », tandis qu’à Saint-Eusèbe de Verceil, Dom Pascal Marie Allix, o.s.b., a parlé sur le « Mystère Pascal ».

Voici un résumé substantiel de ces sermons :

M. Le chanoine Marbour à la cathédrale

Monseigneur, mes frères,

Le premier jour de la semaine, Nous dit l’Évangile, Marie Madeleine Marie, mère de Jacques et Salomé, étant parties de grand matin avec des parfums et des aromates, arrivèrent au sépulcre au lever du soleil. Mais le tombeau était vide, et un ange leur dit : « Vous cherchez Jésus de Nazareth! Il n’est pas ici : il est ressuscité. »

Ce dût être une bien belle aurore, un lever de soleil, incomparablement radieux, dans la lumière si pure d’un matin oriental que cette aube qui devait éclairer la résurrection du Fils de Dieu. Aussi le saint jour de Pâques a-t-il gardé, à travers les siècles, pour les âmes croyantes, le cachet d’un lever de soleil. Lever de soleil qui dissipe l’erreur et fait luire les clartés de la vérité révélée; qui chasse la crainte et nous propose les plus beaux motifs d’espérer; qui pénètre des douces et fortes effluves de la grâce divine. Telle nous apparaît cette solennité pascale : c’est la fête de la foi, la fête de l’espérance, la fête de la charité.

Il faisait nuit encore quand les Galiléennes sortirent de la ville avec leurs parfums pour aller embaumer le corps de ce maître dont on n’attendait plus rien puisqu’il était mort, mais que l’on continuait d’aimer.

Mes frères, même à la suite de Celui qui s’est emparé de notre âme par le baptême et l’Eucharistie, il peut arriver que parfois, au cours de la vie il fasse sombre.

Il nous faut marcher à certains jours dans l’obscurité. D’où vient-elle cette obscurité? De bien des causes : des préoccupations terre-à-terre de la vie, de la lutte pour l’existence, de la fascination des ambitions, plus souvent de la fumée des passions dont le feu ne s’éteint jamais, dont l’incendie, à certains moments, menace de tout embraser. Elle vient aussi, mes frères, de la nature même de notre foi. Le motif de notre foi n’est pas l’évidence, mais l’autorité; l’objet de notre foi, ce sont des mystères, et malgré que dans l’ensemble et avec la grâce de Dieu notre système religieux soit abondamment satisfaisant pour les exigences de notre esprit, il reste dans les détails une foule de pourquoi et de comment auxquels il est difficile de répondre de façon définitive et catégorique. L’obscurité fait grande partie du mérite de notre foi, mais elle peut en être aussi l’écueil.

C’est pourquoi nous avons besoin de sentir, comme s’exprime S.Paul, que l’ancre de laquelle dépend notre sécurité est sûre et solide au-delà du voile. Expression quelque peu mystérieuse, qui nous représente comme si nous étions sur un bateau ballotté par la tempête dans les ténèbres. Un voile d’obscurité empêche de voir l’ancre qui retient le navire, et cet ancre est de l’autre côté du voile, c’est-à-dire dans des régions inexplorables pour notre œil, pour notre oreille, qu’on ne peut pas atteindre par l’évidence.

Et pourtant nous devons tenir ferme la chaîne qui nous y rattache : si nous doutons de sa solidité, si par découragement nous nous en séparons, nous allons sûrement au naufrage.

Pour garder cette force et ténacité, il faut de temps en temps à nos esprits en détresse, à nos âmes alarmées, quelques réconforts. Et cette fête d’aujourd’hui est précisément un de ces précieux encouragements. Si le Christ n’est pas ressuscité, dit saint Paul (Cor. XV, 14, ch.20), notre prédication est vaine, vaine aussi notre foi. Mais, ajoute-t-il, maintenant il est ressuscité.

Oui, mes frères, il est ressuscité. Il a apparu à deux reprises aux saintes femmes qui n’espéraient plus, – l’ange en a rendu témoignage :

Il n’est plus ici. Il est ressuscité. Il a été reconnu sur le chemin d’Emmaus. Puis Il se montre à Pierre et à Jacques et aux disciples en l’absence de Thomas. Il revient lorsque Thomas était avec les autres et lui dit : « Approche ta main et mets-la dans la plaie de mon côté, et ne sois plus incrédule mais fidèle. Une autre fois, sur le lac de Tibériade, pendant que les apôtres sont à pêcher, il se montra à eux, il les appelle, les invite à manger. Enfin, il leur donne rendez-vous sur le Thabor, et là il rencontre et les apôtres et les disciples, et leur enseigne l’art de pêcher et celui de conduire les fidèles. Puis vient le Jour de l’Ascension, le 40e après sa résurrection. Il apparaît aux pertes de Jérusalem et conduit ses apôtres au Mont des Oliviers.

Il complète ses instructions, promet d’être avec son Église jusqu’à la consommation des siècles et monte vers son Père sur les nuées du ciel.

Jésus-Christ est donc ressuscité et notre foi n’est pas vaine.

Il fait bon, mes frères, avoir un chef qui a vaincu la mort et s’est ressuscité lui-même. En dépit des obscurités, des objections, fermement appuyé sur le roc inébranlable de la foi, je reprends avec amour et fierté la trace de vos pas, O Christ ressuscité! Et le jour qui rappelle le grand événement de votre glorieuse résurrection ne peut pas ne pas être la fête de notre foi.

C’est aussi la fête de notre espérance. Nous recevons aujourd’hui l’assurance de notre propre résurrection comme l’enseigne si éloquemment saint Paul.

C’est enfin la fête de la charité ou du triomphe de la grâce divine dans les âmes par la communion pascale..

O grand jour de Pâques, fête de notre fois, gage de notre espérance. Tu es beau comme l’aurore, pur comme l’aube, resplendissant comme l’astre du jour à son lever.

Puisses-tu garder à nos âmes les bienfaits de la foi, de l’espérance et de la charité, et les bienfaits de l’état de grâce. Puisses-tu être pour nous l’avant goût de ce jour de lumière et d’amour qui n’a pas de fin dans les siècles de l’éternité. Ainsi-soit-il.

Le R. P. D. Nasse. O.P., à Notre-Dame

Sermon après les Vépres

Mes bien chers Frères :

Notre Seigneur est ressuscité d’entre les morts et la mort n’a plus d’empire sur Lui. Il est mort pour que nous vivions et il est ressuscité pour notre vie éternelle.

Mais nous avons à mériter notre vie éternelle, car le gouvernement de Notre Seigneur veut tout sauver en nous, à commencer par notre intelligence que la Foi vient instruire. Comme nous dépendons de Dieu, au titre de créatures, aussi au titre de chrétiens nous dépendons de notre Sauveur, par qui nous recevons la grâce que Lui seul, par sa mort, nous a méritée. C’est Lui, à vrai dire qui nous gouverne, et au dedans de nous où il demeure par sa Divine Personne. Il prend possession de nous par le baptême et par le sacrement de patience que nous restituent la grâce. Et par le sacrement de l’Eucharistie. Il vient nous fournir l’alimentation qui nous soutiendra tout le long du chemin. Que dis-je& Il vient en nous se nourrir de nous, nous assimiler à Lui-même, nous transformer en Lui, jusqu’à ce que nous soyons parvenus à l’âge adulte des enfants de Dieu. Tout pouvoir Lui a été donné sur la terre et dans les cieux et sa résurrection est le grand fait qui s’impose à nos consciences pour les incliner à croire. La résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ annoncée par lui est, en effet, comme la signature et l’approbation même de Dieu au bas de l’oeuvre entière de son Fils parmi nous. Résurrection dit maîtrise sur la mort et sur la vie; c’est une œuvre exclusivement réservée à Dieu, et la résurrection de Notre Seigneur fait que sa Personne et son enseignement s’imposent à nous et ferment toute discussion. Il nous gouverne au dehors par son Église, dépositaire indéfectible et infaillible de son enseignement, puis ministre de ses sacrements. Au dedans de nous Il nous gouverne par son Esprit, le même qui maintient officiellement la vérité évangélique dans l’Église et la Foi en nous âmes. Le Fils de Dieu qui, par ce qu’il a souffert, a appris l’obéissance, nous gouverne, sous les inspirations de son Esprit, par son exemple Personnel. Quel roi de la terre a fait pour ses sujets ce qu’il a fait pour nous?

Si la Résurrection est l’événement qui nous incline à le reconnaître Roi béni par Dieu, sa mort nous apprend à vivre dans l’obéissance à la loi de Dieu. Il a pris sur lui tous nos péchés, toutes nos dettes. Il nous a rachetés et acquis par son sang, et Il nus conquiert, Il ravit nos cœur et captive les énergies de notre volonté par l’héroïque dénouement de sa Passion et de sa mort. Quel roi fut plus dévoué que lui au bien de ses subordonnés. Il s’occupe de chacun de nous, Il vient en chacun de nous, Il distribue son corps et son sang à chacun de nous, afin que son Père le voyant en nous, nous confonde avec Lui dans la bénédiction qu’Il ne cesse de prononcer sur le Fils de toutes ses complaisances.

Mais pour notre éducation quotidienne Il se sert d’un intermédiaire qui nous est infiniment doux : sa Mère. C’est elle qui se tenait au pied de la croix et elle a reçu de son Fils mourant le mandat de nous adopter pour ses enfants. Et jusqu’à la fin des siècles, la Vierge Marie sera la mère très fidèle et très vigilante de tous les hommes en qui elle a l’ambition de former son Fils, car nous sommes les membres du corps mystique de Notre Seigneur. Et la Vierge Marie travaillera jusqu’à l’achèvement du corps complet de Notre Seigneur. C’est donc par elle que doivent passer nos requêtes et c’est par elle que passeront tous les actes de gouvernement de Notre Seigneur. Elle est couronnée dans le ciel, reine des anges et de tous les saints, et pas plus que celui de son Fils, son règne n’aura de Fin.

Le R. P. Bournival, au Gésu

La Résurrection de la chair

La résurrection de Jésus-Christ étant un gage de notre propre résurrection au dernier jour, est à cause de cela même le fondement de notre espérance. Car j’avoue que, sans le dogme de la résurrection ou de la chair, notre espérance serait bientôt imparfaite.

Quoique l’on ait coutume de représenter la chair comme la grande coupable, digne de tout mépris et de toute haine. Jésus-Christ a montré tant d’attentions pour elle et l,a réhabilitée si magnifiquement dans sa résurrection, qu’il faut bien reconnaître que, malgré toutes ses misères, elle doit avoir elle aussi une destinée très glorieuse. C’est la chair en effet qui ressuscite aujourd’hui, et qui est l’objet de ce grand miracle; la chair qui sert de ce tombeau taillé dans le roc, et qui est victorieuse de la mort elle-même. Oui, la chair, c’est-à-dire notre chair, aussi bien que celle de Jésus-Christ, qui est réhabilitée aujourd’hui : c’est au fond tout le mystère de la résurrection de Jésus-Christ.

Le pape St-Léon s’étant demandé pourquoi le Verbe s’est fait chair, répond que notre Rédempteur devait être à la fois un homme et un Dieu : un homme, afin de pouvoir mourir; et un Dieu, afin de pouvoir ressusciter. Mais pourquoi ressusciter? Ne Lui suffisait-il pas de mourir pour réparer le péché d’Adam et nous racheter? Non, il devait encore ressusciter. Si notre divin Sauveur s’était contenté de mourir pour nous, la rédemption aurait été très incomplète. Car le péché d’Adam n’avait pas seulement vicié notre âme, mais aussi notre chair, qu’il avait rendue mortelle et corruptible. Il ne suffisait donc pas de rendre la vie à nos âmes, en nous remettant en grâce avec Dieu; mais il fallait restituer à notre chair, cette belle immortalité que le péché lui avait enlevée. En un mot, puisque nous avions hérité et du péché d’Adam, et de la sentence de mort portée contre lui, notre Rédempteur devait nous délivrer et du péché et de la mort. Et comment nous délivrera-t-il de la mort? De la même façon qu’il nous a délivrés du péché. De même en effet qu’il a pris nos péchés sur lui pour les expier; ainsi a-t-il pris notre chair mortelle avec ses misères, ses douleurs, ses infirmités et sa corruption pour la transformer en une chair incorruptible et immortelle. Et c’est dans sa résurrection qu’il a opéré cette heureuse transformation. Car de même encore que les mériter de sa mort produisent dès maintenant en nos âmes, la grâce sanctifiante, qui est un principe de gloire, non pas pour cette vie toutefois, mais pour la vie future; ainsi sa résurrection met-elle déjà en notre chair un principe d’immortalité, qui ne produira son fruit cependant qu’au jour de la résurrection générale. C’est ainsi, dis-je qu’il répare déjà notre chair en lui, même dans sa résurrection, comme il a expié nos péchés en lui-même par ses souffrances et sa mort.

Cependant nous comprendrons mieux encore cette précieuse réhabilitation, si nous nous rappelons d’insigne bienfait que nous devons à notre chair. Quelque vile en effet que soit cette chair, c’est par elle cependant que nous recevons le plus grand honneur qu’une créature puisse avoir ici-bas, l’honneur d’être les frères de Jésus-Christ. Son âme ne nous est pas indifférente sans doute, mais nous n’avons rien de commun avec elle; tandis que nous partageons réellement la même chair et le même sang avec Jésus-Christ. Grâce à cette chair, il appartient véritablement à notre famille; il est véritablement l’un des nôtres, et nous pouvons dire véritablement que c’est notre sang qui coule dans ses veines. De même donc que la chair crée ces liens et doux et si étroite qui nous unissent à nos parents, à nos ancêtres, à notre race; ainsi nous unit-elle à Jésus-Christ par les mêmes liens. Et de même encore que nous parents, en nous transmettant leur chair, nous communiquent leur vie; ainsi Jésus-Christ ne partage-t-il notre chair, que pour nous faire partager sa vie. Le fils de Dieu n’a pas pris notre chair pour nous emprunter notre vie, qui n’est au reste que la mort, mais pour nous communiquer la sienne, qui est l’immortalité, car ce n’est plus Adam, mais c’est lui maintenant qui est les prémices de notre race: «  Primitiae Christus »; c’est une expression de saint Paul. C’est lui qui est devenu notre premier père, à la place d’Adam et qui nous transmet maintenant sa propre vie, c’est-à-dire son immortalité, afin de régénérer notre race, qu’Adam avait entraînée à sa perte, en lui transmettant son péché avec sa vie.

Il est évident au reste que si Jésus-Christ est ressuscité pour réparer notre chair, sa résurrection ne peut être que le commencement de cette restauration; celle-ci ne sera complète évidemment que dans la résurrection générale. C’est alors, mais alors seulement que nous serons véritablement délivrés de la mort, que notre condamnation sera bien effacée et notre rédemption complètement achevée; alors seulement que notre chair recouvrera cette vie glorieuse, incorruptible et immortelle, dont nous voyons aujourd’hui les prémices dans la résurrection de Jésus-Christ.

J’ai dit que si la chair était exclue de la vie future, notre espérance serait nécessairement bien imparfaite. Comme notre chair en effet n’est pas moins nous-mêmes que notre âme, il est aussi impossible d’être indifférent à notre chair que d’être indifférents à nous-mêmes. C’est pourquoi la félicité ne saurait jamais être parfaite, ni combler tous nos désirs, si la chair n’y participe pas.

Au surplus, n’oublions pas que l’âme a été faite pour animer un corps, pour vivifier ses sens et ses organes, pour voir, entendre, goûter. L’âme peut vivre sans le corps, mais comme un aveugle peut vivre sans yeux, un sourd sans oreilles et un paralytique sans l’usage de ses membres. C’est toujours la vie; mais une vie de privations, une vie qui est un état de violence continuelle; cette vie n’est pas la félicité.

Et ne disions pas que si le corps est nécessaire à la vie naturelle de notre âme, il n’a cependant aucune part à sa vie surnaturelle, c’est-à-dire à la vie de la grâce. Il est vrai que la sainteté existe dans l’âme, mais la chair n’a-t-elle pas son rôle à jouer même dans la sainteté? A qui donc appartiennent les larmes de la pénitence et les actes d’adoration et d’humanité et la pratique de la chasteté, sinon à la chair? Et que dire de nos communions? A qui donc est accordée cette union ineffable avec le corps et le sang de Jésus-Christ, sinon à notre chair? Rien d’étonnant donc que Jésus-Christ ait promis de ressusciter au dernier jour cette chair, qu’il a nourrie tant de fois de sa propre chaire et de son propre sang.

La chair a ses méfaits; mais il me semble qu’elle les répare très noblement. Car c’est elle surtout qui expie, qui supporte toutes les fatigues, toutes les pénitences, les mortifications, les privations; comme c’est elle principalement qui a souffert dans la Passion de notre divin Sauveur; elle qui a été flagellée, conspuée, percée de clous et crucifiés. Et quelque méritoires que soient toutes ces expiations pour notre chair, elles ne sont rien cependant en comparaison d’une autre expiation, la plus terrible de toutes, et dont la chair supporte encore tout le poids : je veux dire la mort. Se pourrait-il que tant et de si douloureuses expiations soient perdues pour notre chair? Non : la justice ne le permet pas. Mais elles seraient perdues pour la chair, si la mort était le dernier mot de son existence. D’autre part, si ce n’est pas la mort qui est le dernier mot de son existence, il faut donc que ce soit l’immortalité : donc une résurrection comme celle de Jésus-Christ.

Malgré cette résurrection, la mort ne sera-t-elle pas encore une destruction pour le chrétien? Une destruction, oui, mais comme est la destruction d’une misérable chaumière que l’on remplace par un magnifique palais. Une destruction, oui, mais de nos infirmités, de nos misères, de notre corruption. Oui, la mort sera encore une destruction, mais de la mort elle-même. Une destruction par conséquent qui sera plutôt une heureuse transformation : car il n’y aura plus de misère dans notre corps, mais des merveilleuses perfections qui font que le corps ressemble plutôt à un esprit; plus de souffrances, mais de continuelles délices. Voilà ce que le dogme de la résurrection de la chair nous permet d’espérer.

Heureuse espérance, qui dissipe toutes les tristesses de la mort. Que la nature gémisse de la séparation de l’âme et du corps, il n’y a rien d’étonnant : cette séparation est sa dissolution. Mais la foi doit faire taire même ces gémissements, puisque cette séparation n’est qu’une absence, après laquelle le corps et l’âme se retrouveront infailliblement, et beaucoup plus riches qu’auparavant, et bien mieux faits l’un pour l’autre, et pour être éternellement l’un à l’autre.

Heureuse espérance, qui adoucit, non seulement la séparation de l’âme et du corps, mais toutes les autres séparations de la mort! Non, parents et amis ne sont pas séparés pour toujours! Car la terre rendra fidèlement les dépouilles qui lui ont été confiées, et ce sera même une partie de notre félicité de retrouver dans la gloire, ceux qui nous avons aimés sur la terre. Séchez donc vos pleurs, car ils ne sont pas morts, mais seulement endormis.

Heureuse espérance, qui doit nous soutenir et nous encourager dans les sacrifices de la vie chrétienne! Jésus-Christ a mérité la gloire de sa résurrection par les ignominies et les tourments de sa Passion : ainsi, nous afflictions, nos privations, nos vertus et non renoncements seront-ils pour nous aussi une semence de gloire et d’immortalité.

Dom P. – M. Allix à St-Eusèbe-de-Verceil

Résumé de la conférence de Dom Paul Marie Allix, O.S.B., sur le Mystère Pascal.

Il y a une grande différence entre les tombeaux des hommes et le tombeau de Jésus-Christ. Sur les premiers, si beaux soient-ils, les éloges gravés sur leur pierre sépulcrale sont toujours précédés de ces deux mots significatifs : « Hic jacet »; ici gît, sous cette pierre, dans cette poussière, celui qui fut un homme. Sur le sépulcre du Christ, au contraire, on peut graver les mots suivants adressés par l’Ange aux saintes femmes aux premières heures du jour de Pâques : Surrexit, non est hic. Il est ressuscité, il n’est plus en ces lieux. La résurrection de Jésus-Christ, d’entre les morts, tel est le mystère glorieux que la sainte Église célèbre en ce jour dans la liturgie sainte, unissons-nous à ses transports joyeux et disons avec elle, Alleluia.

I – Ce mystère de la résurrection du Sauveur est la plus grande manifestation de sa Puissance divine… Ses miracles précédents n’étaient en quelque sorte que des essais. Mais en ce ressuscitant, Jésus déploie sa puissance tout entière; il montre qu’il est vraiment le maître de la vie et de la mort; il confond ses ennemis… Les Apôtres pour convertir le monde s’appuieront sur le fait de la résurrection de leur divin Maître…

De plus, le miracle de la Résurrection fait entrer Notre-Seigneur dans une vie nouvelle, toute de gloire et de béatitude. Son état de faiblesse a disparu. Son corps glorifié participe à la subtilité des esprits. Il sort du tombeau en traversant, sans la briser, la pierre qui en forme d’entrée et c’est avec la même facilité qu’il entrera, les portes fermées dans le cénacle. Aux tristesses, aux souffrances de sa passion succèdent la joie pure et sans mélange…

II – La résurrection de Jésus est aussi un mystère de triomphe, de gloire et d’allégresse pour l’Église. L’Église est la continuation et l’extension dans le monde de la vie de Jésus, et il faut que tous les mystères se reproduisent en elle. Jésus a été persécuté, l’Église le sera aussi. Mais Jésus est sorti vainqueur de l’épreuve. Ainsi en doit-il être de l’Église. Elle a traversé des crises formidables où tout semblait conjuré pour sa perte. Mais toujours elle est sortie glorieuse et triomphante de l’épreuve…

Le monde fut-il bouleversé de fond en comble, l’Église, nouvelle arche de Noé, portée sur les eaux du déluge, échappe à tous les naufrages : édifice construit sur la pierre de la main de Dieu, elle demeurera debout au milieu des ruines accumulées autour d’elle.

III – Par rapport à nous, la résurrection de Jésus est la base de notre foi et de notre espérance. Jésus est ressuscité, nous ressusciterons un jour. Comme Lui, nous mourrons, mais comme Lui, nous sortirons de notre tombe… Il est le premier-né d’entre les morts : donc d’autres morts participeront à ce bienfait de la Résurrection… Il est le chef d’un grand corps dont nous sommes les membres…

De plus, ce mystère renferme le modèle et la grâce de la résurrection spirituelle, qui consiste dans le renoncement au péché et dans la recherche des biens célestes.

Faisons des actes de foi au mystère de la Résurrection de Notre-Seigneur. Rendons nos hommages à Jésus ressuscité en union avec les anges du ciel et avec l’Église.

Surexit Christus,Spes Mea, Alleluia.



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