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N’habite plus à l’adresse indiquée

Octobre 2019, Clermont-Ferrand. Je t’écris de dedans la muraille.

Nos chambres sont totalement ouvertes sur la ville, le parking et les arbres, par la magie d’une baie vitrée qui occupe l’entière quatrième paroi. Une merveille. J’ai la tête dans l’immeuble, les oreilles branchées sur le dedans, le dehors, et les battements de mon cœur accélèrent avec le moteur des mobylettes qu’ils essaient en bas. C’est juste qu’ils rigolaient, réalisai-je plus tard. Tous les endroits des premières peurs, on devrait y retourner pour les voir, les dénoncer et les défaire. Je dors la tête dans les mobylettes des mecs d’en bas, les oreilles dans les coussins dans les murs, intérieur, extérieur, combien de fois ai-je rêvé que les volets tombaient ? Julien vit trois étages en dessous, son poste à cassettes joue tour à tour NTM et Nirvana. Nous enregistrons les radios, notons proprement le nom des chansons sur les cassettes. Il y a un stock de cassettes vierges dans le placard en bois du salon. La voix par-dessus les chansons. Le petit poste de radio est rangé dans le même placard. Et nos dents de lait. Quelques secrets. Des fournitures. Des photos. Des lettres à la petite souris. Nos chambres sont totalement ouvertes sur la ville, le parking et les arbres, par la magie d’une baie vitrée qui occupe l’entière quatrième paroi. Une merveille. J’ai la tête dans l’immeuble, les oreilles branchées sur le dedans, le dehors, et les battements de mon cœur accélèrent avec le moteur des mobylettes qu’ils essaient en bas. C’est juste qu’ils rigolaient, réalisai-je plus tard. Tous les endroits des premières peurs, on devrait y retourner pour les voir, les dénoncer et les défaire. Je dors la tête dans les mobylettes des mecs d’en bas, les oreilles dans les coussins dans les murs, intérieur, extérieur, combien de fois ai-je rêvé que les volets tombaient ? Julien vit trois étages en dessous, son poste à cassettes joue tour à tour NTM et Nirvana. Nous enregistrons les radios, notons proprement le nom des chansons sur les cassettes. Il y a un stock de cassettes vierges dans le placard en bois du salon. La voix par-dessus les chansons. Le petit poste de radio est rangé dans le même placard. Et nos dents de lait. Quelques secrets. Des fournitures. Des photos. Des lettres à la petite souris.

Marie Richeux, Climats de France (éd. Sabine Wespieser, 2017).

Afficher/masquer le bavardage...
Une photo depuis un appartement vacant de la Muraille, barre d’immeuble vouée à la destruction dans le secteur Saint-Jacques à Clermont (en fouillant sur Timor Rocks !, on doit pouvoir trouver les cartes postales du quartier que j’y ai faites dans le cadre d’une collaboration avec le Blöffique…).

Cette image inédite m’est revenue, parmi des dizaines d’associations d’idées plus personnelles, à la lecture de ce livre exceptionnel, qui jette un pont entre deux époques et deux lieux de vie, une cité des années 60 à Meudon près de Paris où grandit la narratrice, et une autre utopie sociale du même architecte bâtie à Alger juste avant la guerre d’indépendance, et qui a tourné en totale déréliction. Les passerelles se faisant par l’architecture, par le drame des hommes déchirés entre causes et continents, par la fragilité de la petite histoire de chacun dans le merdier de la plus grande, par la curiosité à fleur de peau, à fleur de pierre, de cette Marie Richeux qui n’est pas qu’une belle voix de la radio…

Accessoirement, j’y ai trouvé moult passages qui résonent juste et fort avec cette problématique du Point de vue de ma fenêtre, qui m’agite photographiquement…

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