Chère lectrice, cher lecteur, Depuis 1979, Sophie Calle met en scène sa vie intime, ses ruptures, ses deuils, pour parler de nos vies. A chaque nouvelle exposition, Elle surprend. Comme lorsqu'elle a, récemment, raconté l'ancien hôtel de la gare d'Orsay abandonné. Ou lorsqu'elle a fait chanter Bono, Christophe et Pharrell Williams dans un disque en l'honneur de son chat, appelé Souris. Cette fois, elle a élu domicile au Musée Picasso, à Paris. C'est sous les combles, dans une pièce aménagée en bureau, qu'elle me reçoit. Un mot, à côté de la porte, propose aux visiteurs de toquer s'ils souhaitent la rencontrer. «J'étais très surprise tout à l'heure, lorsqu'un groupe a frappé, me confie-t-elle. Ils étaient tous là avec leurs appareils, ils voulaient me prendre en photo… J'ai aussitôt refermé.» Par chance, nous avons rendez-vous et elle m'invite à entrer. S'ensuit une heure d'entretien sur Picasso, les fantômes, la mort et le regard. Elle a refusé durant deux ans d'investir le vaste musée consacré au peintre espagnol. Comment «répondre», comment «faire le poids» face au monstre sacré de l'art moderne, de plus en plus contesté pour son rapport maltraitant aux femmes? Elle a esquivé et puis le confinement est arrivé. Elle a découvert, dans le musée fermé, les toiles de Picasso emballées par mesure de protection. Aussitôt, le désir d'une exposition est né. Il fallait donc, pour qu'elle accepte, que Picasso commence par disparaître. A toi de faire, ma mignonne se tient jusqu'au 7 janvier prochain, et je vous propose de la découvrir avec moi. Bonne lecture! |