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La loi des plaines, chapitre 5

Soudain, il remarqua plusieurs silhouettes différentes de celle d'un civil typique. Ils étaient habillés et équipés comme des guerriers, ils se déplaçaient avec une vitesse et une agilité surnaturelle et leurs armes semblaient être une extension d'eux-mêmes. Ils réussissaient à tenir tête aux morlocks, il semblait même qu'ils s'en débarrassaient avec une relative facilité. Les misérables humains pervertis par Tanasi-pʉetʉyai étaient plus grands et plus forts qu'un homme normal, mais cela n'avait pas d'importance. Ils avaient des lames osseuses saillant de leurs bras ou les crocs d'un carnirat, certains avaient des griffes tranchantes comme des rasoirs en lieu et place d'ongles, mais cela aussi n'avait pas d'importance. Pour les plus étranges d'entre eux, ils avaient de longues queues préhensiles terminées par un dard acéré, mais cela n'avait pas d'importance non plus... Chaque pʉetʉyai était une parodie d'être humain unique, chacun d'entre eux était plus étranger et plus effrayant que son voisin, chacun était une machine à tuer enragée et vicieuse mais contre ces guerriers, rien de tout cela ne semblait avoir d'importance. Ils ripostaient avec une violence inouïe et leurs exploits et leur courage étaient presque plus monstrueux que les pʉetʉyai eux-mêmes.

L'un d'eux, un soldat grand et sec aux cheveux sombres vêtu d'une armure de cuir cloutée noire, se précipita à l'aide de deux passagers qui avaient été acculés par les morlocks. Malheureusement, les bêtes furent plus rapides que lui et mirent en pièces les pauvres gens avant qu'il n'ait eu le temps de les rejoindre. Comme d'habitude, ils commencèrent à se battre entre eux pour les restes de leurs proies. Le regard du soldat aux cheveux sombre sembla se vider pendant un instant, juste assez longtemps pour que Yahnee puisse le dévisager complètement. Il n'était que légèrement plus âgés que le jeune brave, mais il dégageait quelque chose de spécial, une forme d'intensité rare, même chez les plus grands chamanes des tribus. Il semblait plus «réel» que son environnement, si cela a un sens. Puis Yahnee remarqua ses yeux: ses iris étaient noirs comme la nuit, mais il y avait autre chose. Un anneau d'or entourait ses pupilles et alors que la colère commençait à monter en lui, cet anneau changea de couleur et se mit à briller d'un rouge ardent.

Soudain, quelqu'un se mit à appeler à l'aide à l'avant du train. Le sombre guerrier fit volte-face et commença à courir dans cette direction. Intrigué, Yahnee le suivit.

Malheureusement, une fois de plus le soldat arrivait trop tard: un autre civil, un garçon pas âgé de plus de 14 révolutions était immobilisé sous un pʉetʉyai et hurlait de douleur. Yahnee se rendit tout de suite compte que rien ne pouvait plus le sauver à présent, il était trop grièvement blessé. Le soldat noir ne s'arrêta même pas. Il passa devant le terrible spectacle en courant et lança un poignard qui se ficha jusqu'à la garde dans le crâne du pauvre garçon, comme si l'os avait été mou comme du beurre. En un éclair, Yahnee compris pourquoi: le sombre guerrier était en fait un chaman, ou, comme on disait à Gond, un Sculpteur. Il était béni par le plus grand Don qui soit: il pouvait modifier la réalité autour de lui, ce qui expliquait probablement comment il avait fait pour rendre ses dagues et ses épées aussi incroyablement aiguisées. On avait expliqué à Yahnee que ses propres Dons fonctionnaient globalement selon le même principe, mais il n'y avait jamais cru. Il était juste un jeune brave qui aimait chevaucher dans les plaines et faire la guerre aux pʉetʉyai.


Yahnee reprit ses esprit. Il avait dérivé pendant un instant et avait été presque renvoyé dans son corps. Être le témoin d'un tel Don était si incroyablement exceptionnel que malgré la sauvagerie de la bataille, Yahnee était émerveillé. A la vitesse de la pensée, il gagna du terrain sur le sombre guerrier. L'homme avait atteint l'avant du train et, une lame dans chaque main, s'était lancé sur une masse de morlocks qui avait acculé un autre combattant contre la proue du train. Un kʉtsʉtoya mort gisait en travers des rails.

Cela expliquait tout, voilà pourquoi le train s'était arrêté! Satisfait d'avoir élucidé au moins ce mystère, il se retourna pour regarder les Élites se battre. Ce qu'il vit dépassa tout ce qu'il avait pu imaginer au sujet de ces célèbres soldats. Les Nʉmʉ n'étaient pas des lâches. Au contraire, ils avaient la réputation d'être des combattants redoutables, parmi les tous meilleurs de la planète. Yahnee lui-même pensait qu'il était un guerrier valeureux  ... Mais ces deux hommes étaient dans une catégorie complètement à part.
L'homme en noir bougeait si vite que l'œil ne pouvait pas suivre ses mains. Ses lames tranchaient chair et os comme s'ils ne étaient pas là, quasiment chacun de ses frappes tuait ou mutilait un morlock. Son compagnon, un géant avec un mohawk délirant en guise de coiffure, était tout aussi redoutable, peut-être même plus. Chacun des coups de son énorme marteau abattait un pʉetʉyai et l'envoyait valdinguer, en renversant plusieurs autres. Peu importe que cela soit un petit démon affamé et hurlant ou un monstre de 7 pieds de haut, ils semblaient tous légers comme des plumes. Malgré sa force terrifiante, il avait semblé en danger d'être submergé par le nombre de monstres, mais grâce à l'aide du guerrier aux cheveux noirs, il arrivait maintenant à repousser la masse des assaillants. C'était impossible!

Une fois de plus, Yahnee réalisa qu'il devait partir afin d'avertir sa troupe, maintenant qu'il savait ce qui se passait. Les passagers du train arriveraient ou pas à échapper aux pʉetʉyai, cela n'avait pas d'importance pour lui. Son devoir était de s'assurer que la tribu était en sécurité. Peut-être que les braves mèneraient une expédition punitive. Ils iraient trouver et détruire les bêtes, afin de laver la pureté des plaines de ce mal immonde. Telle était la Loi des Plaines: d'abord s'assurer de la survie de soi et des siens. Si vous surviviez assez longtemps pour voir un autre jour, vous pouviez toujours venger les morts.


Une fois de plus, ses pensées furent interrompues. Le sombre guerrier avait ramassé une lanterne qui éclairait la scène et l'avait jeté loin dans la masse de morlocks. Celle-ci avait explosé dans une énorme boule de flammes. En temps qu'esprit, Yahnee n'aurait pas dû sentir la chaleur, mais pourtant si. Pis que cela, il sentait que le tissu même de la réalité était mutilé; il était tiré, poussé, cisaillé, frappé, étranglé... Il sauta en arrière, se propulsant haut dans le ciel, loin au-dessus des nuages. C'était une erreur commune chez les Marcheurs, le mouvement se produisait à la vitesse de la pensée et un mouvement brusque dû à la peur pouvait vous envoyer n'importe où. Yahnee se calma et plongea vers le train. Le guerrier venait d'utiliser une magie très puissante, il avait transformé la petite flamme de la lanterne en dizaines de fantasmatiques esprits du feu qui sautèrent d'un morlock à l'autre, les brûlant horriblement. Ce bref moment de répit permit aux deux guerriers d'aider un civil qui se cachait derrière le dos immense du guerrier au mohawk de regagner la sécurité du train.


Au dessus d'eux, dans le poste de pilotage, Yahnee entendit quelqu'un aboyer des ordres. L'équipage du train avait en grande partie réintégré la sécurité de l'acier des compartiments et avait commencé à faire pleuvoir des projectiles sur les morlocks. Une fumée noire s'échappait de la cheminée du train. Mohawk se précipita vers l'énorme cadavre de kʉtsʉtoya qui barrait la route du train. Il était à moitié dépecé, l'équipage avait apparemment été occupé à l'équarrir afin de pouvoir libérer la voie, et de la nourriture, en particulier de la viande, n'était jamais gaspillée sur Yaghan, ce qui expliquait probablement pourquoi ils étaient arrêtés depuis si longtemps. Une fois de plus Yahnee senti le tissu de la réalité trembler, mais à une échelle bien moindre que lorsque le soldat noir avait créé une explosion. Le grand guerrier s'attela à la tâche titanesque de déplacer ce qui restait de la carcasse. Cela aurait du être impossible, les restes du cadavre massif devaient probablement toujours peser au moins autant que quelques chevaux, mais ces hommes n'étaient pas soumis aux lois de la réalité et pouce par pouce, la dépouille de l'animal bougea hors du trajet du train.


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