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CHICAGO-LOS ANGELES EN TRAIN


Il faut aimer la lenteur, la contemplation et les rencontres improbables pour ce genre de voyage. Traverser les Etats-Unis ainsi, c'est choisir de ralentir le rythme, de prendre son temps et d'accepter une certaine oisiveté contemplative. Ce type de voyage  a presque un caractère poétique.  
Nous embarquons donc dans le Southwest Chief Train pour un peu plus de 40 heures de voyage, à Chicago, pays des gratte-ciels, pour nous réveiller à Los Angeles, face à l’océan.
C’est un peu l’Orient Express des États-Unis, dans un tout autre genre mais avec son lot d'aventure.


Plusieurs trajets permettent de rejoindre la Californie depuis Chicago. Nous avons opté pour l'un des plus « courts » car nous devions rejoindre des amis à San Diego. Cela faisait longtemps que nous avions envie de traverser ainsi les États-Unis, enfin une partie. Mais par manque de temps cela ne s’était jamais fait.
Avec plus de 3640km parcourus, notre train a donc traversé les états de l’Illinois, le Missouri, le Kansas, le Colorado, le Nouveau Mexique et l’Arizona pour finalement arriver en Californie.


Réveil en Californie aux abords de Los Angeles
D’autres lignes passent notamment par le nord avec le trajet de la très photogénique Zéphyr Line ou alors totalement par le sud en longeant le Mexique. Mais pour ce dernier, selon les parents de nos amis, la route est mooooortellement ennuyeuse avec le désert à perte de vue...

Attention, les prix augmentent en été et il vaut mieux penser à réserver en avance. Dans notre cas, en juin, nous avons pris les billets 3 semaines avant, sans aucun problème. Mais d’autres voyageurs, habitués du train, nous ont mis en garde sur le pic d'affluence lors des vacances d’été.


✰ GÉOGRAPHIE 



Bienvenue au pays des vaches, des plaines et du désert. Avec cette traversée de différentes végétations et paysages, en un seul voyage, les lointains cours de géographie du collège prennent alors tout leur sens.
La route va défiler, avec des arrêts plus ou moins longs, dans des villes au nom exotique: Topeka, La Junta, Trinidad, Raton, etc. Tant de villes aux noms intrigants, synonymes pour nous d'invitation pour venir les découvrir un jour ou l'autre (ou pas).


Une fois le fameux fleuve Missouri franchi, mon voisin de wagon m'informe que pour certains celui-ci marque la frontière invisible entre l'Est et l'Ouest...

Bon, ce n'est pas évident au premier abord de s'en rendre compte car on reste quand même dans un paysage de champs et de fermes. Et le bref arrêt qui suit son passage nous permettant de nous dégourdir les jambes n'est pas plus explicite. Nous sommes un peu au milieu de nulle part, sans repères. Et c'est le charme de tout ce voyage! De multiples  arrêts dans des coins improbables où nous n'avons pas forcément le droit de sortir selon la durée de ces derniers.  



Nous avons aussi de temps en temps des indications, lancées par le haut parleur, sur les régions traversées ou s'il y a un lieu à admirer. 
Même si vous vous sentez perdu et bien seul dans l'immensité des paysages, ne vous inquiétez pas! Il y a des contrôleurs et chefs de bords qui circulent régulièrement! Nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes.



La route se déroule inlassablement. On traverse des paysages plus ou moins variés, on voit la météo changer. Nos montrent s’emballent également. Nous perdons rapidement la notion du temps. On ne sait plus trop quelle heure il est avec le décalage horaire que nous tentons de dépasser.


Les paysages défilent et ne se ressemblent guère. Nous passons de paysages verdoyants avec des champs, des vaches à des paysages plus secs et arides. Ces changements de décor se passent au milieu de la nuit. On s’endort en fermant les yeux sur des champs à perte de vue...



... pour se réveiller entourés d’immenses plaines arides. Des fermes éparses voire rien, et des vaches.
Un peu plus tard, au loin, on peut apercevoir les montagnes mais le train continue au sud, vers d'autres plaines aux teintes jaunies.


Réveil dans le Kansas avant de passer dans le Colorado

On a encore quelques épisodes verdoyants avant de quitter le Colorado à Trinidad mais l’aridité est belle et bien là. Tels des enfants, nous nous amusons à suivre le parcours du train sur une carte, à essayer de déterminer avec précision où se trouve le train à chaque instant, à identifier les états parcourus...


Nous pouvons admirer les collines que nous traversons rien qu'en levant les yeux. Grâce au plafond vitré de "l'observation car", nous ne loupons rien de ce spectacle magique. De temps à autre, nous apercevons même quelques compagnons de routes à plumes. Ce sont des aigles qui semblent nous tenir compagnie et nous accompagner un temps...

Puis le train serpente dans le Nouveau Mexique au milieu de collines à la végétation aride.

La traversée du Nouveau Mexique
La terre rougit de plus en plus, elle prend des teintes carmin à mesure que nous nous enfonçons dans le Nouveau Mexique. On passe alors dans un canyon.


Nos adieux aux Nouveau Mexique avant d'arriver en Arizona

A partir d'Albuquerque au Nouveau Mexique par contre, nous sommes pressés de retrouver les mornes plaines et végétations éparses après avoir traversé la ville et ses nombreuses décharges.

Des plaines, le désert, au loin des massifs montagneux, une route et le rail à perte de vue...  Lovés dans le Southwest Chief Train, nous observons avec curiosité cet ensemble hétéroclite.


Les villages et villes traversées nous offrent un paysage urbain parfois ravagé voire inquiétant. On ressent alors un plaisir coupable à les scruter avec curiosité, à essayer de deviner le quotidien qui se cache derrière les habitations délabrées entr'aperçues avant l’entrée en gare. 
Puis on ne peut s'empêcher de ressentir un certain soulagement en quittant ces lieux étranges pour repartir sur de nouvelles routes inconnues. L’aventure certes mais au chaud dans un wagon... Il y a aussi un plaisir hypnotisant à laisser filer le paysage devant soi tout en se laissant bercer par le roulis du train...




✰ LE VOYAGE 



Nous avons fait le choix d’un trajet plus économique en « coach class » soit un siège.  C'est équivalent de notre seconde classe dans les trains français. Mais ils sont beaucoup plus larges et confortables que ceux en France avec un repose-jambe et un siège qui s’abaisse suffisamment.



Le wagon où nous avons passé sans conteste la majeure partie de notre temps est « l’observation car » avec de larges vitres disposées tout le long ainsi qu’au plafond. 
C'est l'une des principales attractions de ce trajet. Vous vous affalez avec grand plaisir sur les sièges disposés tout le long pour profiter de la vue. Le lieu est un peu frais avec la climatisation qui est à fond mais on s’y fait. Il y a également des tables pour travailler, bouquiner, jouer aux cartes, etc. Bref un beau wagon de vie le temps de votre trajet. 

Dans les wagons, vous n’aurez pas chaud, la climatisation est moins froide que dans « l’observation car » mais prévoyez de quoi vous couvrir pour le trajet et la nuit. En prévision de ce voyage, nous avions embarqué les couvertures distribuées dans l’avion (Mea Culpa). Avec notre polaire cela a été parfait!
Si vous êtes sensible aux bruits et à la lumière prévoyez un bandeau et des boules quies car il y a des arrêts de nuit et des veilleuses restent constamment allumées.
Et puis vous n’êtes pas à l’abri d’avoir des voisins indélicats ou insomniaques


Pour notre part, nous avons pu changer de place la 2eme nuit car le train s’était vidé en cours de trajet. Nous avons ainsi pu nous étaler chacun sur 2 sièges. C’est parfait pour dormir. La 1ere nuit avec un seul siège a été plus ardue mais on arrive quand même à dormir et se reposer.

Il faut savoir que vos sièges vous seront attribués lors de la montée dans le train.
Nous nous sommes ainsi retrouvés en compagnie de familles amish très polies et sympathiques.

Attention il n’y a pas de wifi sur ce train (peut-être que les personnes en couchette y ont accès ? Mais dans tous les cas en coach class vous n’en aurez pas). Il faudra essayer de vous connecter, si vous en ressentez le besoin, lors des brefs arrêts en chemin dans les gares. Mais là également il n’y en a pas tout le temps.
Vous aurez par contre accès à des prises électriques un peu partout, y compris à côté de votre siège.




✰ LES RENCONTRES 


Sans doute les meilleurs moments du voyage!  C'est le moment où la réalité se confond avec le romanesque et où ont lieu des rencontres improbables. Avec la promiscuité du train beaucoup de personnes sont avides de rencontres, notamment au wagon restaurant où l'on est placé à côté de parfaits inconnus pour déjeuner. Tous nos amis américains qui ont eu vent de notre périple dans ce train nous ont parlé de ces moments mémorables au wagon restaurant.


On rencontre beaucoup de monde également dans "l'observation car" qui contrairement à ce que nous pensions n'est pas bondé, cela tourne beaucoup. Et le lieu est propice aux rencontres. 
En un peu plus de 40 heures de trajet, nous avons rencontré Sean, fraîchement diplômé qui voyageait pour la 1ere fois et dont nous connaissons à présent les projets pour les 20 ans à venir et les drames de son passé. Il envisage de partir en van en Italie une fois qu'il sera à la retraite, mais avant cela il va s'engager et devenir avocat ou ingénieur dans l'armée. 
Son premier plan était de devenir haltérophile professionnel, mais un grave accident de la route en a décidé autrement.
Gravement blessé lui et son meilleur ami également haltérophile ont été immobilisés un certain temps. 
Depuis, à cause des séquelles il a dû envisager d'autres voies professionnelles.

Après l'histoire de Sean, nous avons dîné aux côtés d'une veuve d'un certain âge aux ongles vertigineux. Elle était de retour de l'enterrement de son compagnon.


A un autre moment, un charmant couple de retraités, engagés politiquement depuis les manifestations de Berkeley en 1968, nous a parlé de leur ferme près d'Aspen et de la passion du ski du mari. Ce qui donna lieu à une fausse dispute maritale sur le soi-disant contrôle de son épouse qui ne le laisserait pas dévaler les pistes. Ils évoquèrent également leurs amis près d'Aix-en-Provence qui avaient une ferme d'abricotiers.


Enfin nous avons voyagé entourés d'une famille amish aux vêtements traditionnels et parés de longues barbes pour les plus âgés. Nous avons d'ailleurs appris par recoupements d'information qu'il s'agissait en réalité de mennonites, branche qui diffère des amish du fait de leur utilisation plus flexible de la technologie.

Comme vous pouvez l'imaginez nous étions souvent au fond du dernier wagon - le notre en fait - à squatter la vitre arrière pour prendre des photos. Nous avons d'ailleurs fait la rencontre d'une autre passionnée de photo, âgée de 8 ans, qui armée du téléphone de son papa mitraillait la route. Elle a squatté la place avec nous et notre appareil également! 



Par contre, "on ne choisit pas sa famille", on ne choisit pas non plus les gens qui partagent notre voyage (Mille excuses à Maxime Le Forestier pour avoir détourné ses paroles 😀)  On se serait par exemple passé de la mama déchaînée à 5h du matin et de son téléphone. Nous connaissons par coeur l'itinéraire qu'elle s'évertuait à indiquer à une personne, un "dumb ass" selon ses propres paroles, pendant plus d'une heure.

Le déjeuner a aussi été un moment d'échanges avec une ancienne institutrice et son petit-fils. Un puit de science ce dernier! Nous avons beaucoup appris sur les brasseries du Wisconsin avec cet enfant de 9 ans 😁. Après les brasseries, nous avons eu droit à un cours magistral sur les conséquences des OGM sur l'alimentation de la part un papa revenant d'une fête de famille. Il essayait tant bien que mal de démontrer les bienfaits d'une alimentation saine, photos à l'appui de ses filles athlétiques.

Bref ce fut des rencontres fugaces mais hautes en couleurs. Des moments aussi délectables qu'improbables.



✰ LES REPAS 





De peur de manquer, nous sommes partis avec des vivres dont 1 gallon d’eau de 3 litres. Mais cela s'est avéré inutile car vous aurez accès à de l’eau, même à de l’eau bouillante. Il y a également un café et un wagon restaurant.

Il faut vraiment faire au moins un repas au wagon restaurant, au choix pour le petit déjeuner, le lunch ou le dîner.
Le personnel du train passe dans les wagons pour prendre les réservations pour le déjeuner et le dîner. Vous serez appelés alors pour l’heure réservée. Vous serez ensuite placés sur des tables avec nappes et couverts, un vrai restaurant avec un menu, des « specials », rien à redire et c’est assez bon.
Le plus intéressant ce sont les rencontres improbables que l’on peut y faire car nous sommes placées par l’hôtesse et cela donne ainsi lieu à des tablées très drôles ou spéciales.
Pour notre part nous nous sommes régalés avec des Baked Chilaquiles à $13,50. Le reste du menu est ici.
Tout le monde à bord semble en plus impatient de partager ce moment, de filer ainsi à travers le pays en faisant des rencontres le temps d’un repas.
En plus du wagon restaurant, vous trouverez dans la voiture en-dessous un autre wagon restaurant pour toutes les petites faims ou pour des repas plus simples avec des sandwichs, snacks, du café et d'autres boissons.(tout le menu ici)


Une fois notre repas englouti, nous replongeons alors dans nos petites occupations, alternant contemplation béate des paysages, et plongeon dans un bouquin. C'est agréable d'avoir l'impression que le temps s'écoule moins vite, de reprendre son souffle, de se poser un peu avant de repartir de plus belles vers d'autres aventures.

Nous repartirons sans hésiter pour ce genre de voyage! Le prochain pourrait être sur le zephyr line d'ailleurs! 😍. Pour vous donner d'autres idées, voici la carte des différents itinéraires que propose Amtrak pour les Etats-Unis... Il y a même un parcours du côté du Canada. Il y a de quoi faire.




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BONUS
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