Get Even More Visitors To Your Blog, Upgrade To A Business Listing >>

Naufragés des Andes / Le cercle des neiges


Hier soir, j'ai regardé Le cercle des neiges (La sociedad de la nieve) réalisé par Juan Antonio Bayona et produit par Netflix. Ce film de "fiction" est nominé pour le meilleur film en langue étrangère aux Golden Globes 2024 et représentant de l'Espagne aux Oscars. Or je suis un peu choqué que les articles qui lui sont consacrés fassent rarement mention de Stranded, remarquable documentaire de Gonzalo Arijón sorti en 2007 sur le même sujet. À l'occasion de cinquantenaire de la catastrophe, le nouveau film est un une sorte de reconstitution dramatique où le suspense est évidemment entretenu et le spectacle forcément impressionnant, mais il est très loin de la profondeur et des interrogations que suscitait le film d'Arijón.



Je reproduis donc ci-dessous mon article du 19 octobre 2010 qui rend hommage au film de Gonzalo Arijón qui m'avait tant impressionné.

En 1972, j'avais été très impressionné par le crash de l'avion sur la Cordillère des Andes dont les rescapés avaient dû leur salut en mangeant leurs camarades décédés. En gastronome curieux j'ai toujours prétendu que le cannibalisme ne me faisait pas peur et que cela n'était qu'une question de circonstances. Mais il s'agit plutôt ici de nécrophagie et la parabole christique "ceci est mon corps, etc." fait passer la pilule lorsque ces jeunes Uruguayens confrontés à la mort choisissent la communion pour ne pas mourir de froid et de faim. Leur condition sociale et physique permettront à 16 des 45 passagers de survivre 72 jours à plus de 4000 mètres d'altitude dans des conditions extrêmes. Jeunes bourgeois éduqués de la banlieue huppée de Montevideo allant disputer un match de rugby au Chili, ils devront affronter un des plus terribles tabous lorsqu'ils apprendront par la radio que les recherches ont été abandonnées au bout de dix jours.


Gonzalo Arijón, qui tenait l'une des caméras du film de 1983 sur Un Drame Musical Instantané et faisait partie de l'équipe des réalisateurs de Chaque jour pour Sarajevo en 1994, avait fréquenté le même lycée que certaines des victimes. En 1h52, il filme le récit extraordinaire de la catastrophe en un documentaire poignant et passionnant, film à suspens où les protagonistes témoignent avec une telle sincérité, où l'enchevêtrement d'images d'archives et de reconstitutions est réalisé avec une telle maîtrise qu'il nous semble assister à un film d'action. En intitulant en français son film Naufragés des Andes, il me rappelle indubitablement Les naufragés de la rue de la Providence, titre initial de L'ange exterminateur de Luis Buñuel, histoire d'un enfermement absurde où la solidarité reste la seule échappatoire. L'humanité qui s'en dégage est un miroir qui suggère quantité de questions anthropologiques (entretien de Gonzalo Arijón de 2022). La qualité technique du film et la subtilité du traitement valent à Arijón de prestigieux prix internationaux. [...] Arte l'avait édité en DVD, [et j'ai eu un peu de mal à en trouver les traces...]


This post first appeared on Jean-Jacques Birgé, please read the originial post: here

Share the post

Naufragés des Andes / Le cercle des neiges

×

Subscribe to Jean-jacques Birgé

Get updates delivered right to your inbox!

Thank you for your subscription

×