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Meeting Philip (K. Dick), chef d'Å“uvre d'Eric Vernhes


Devant la nouvelle installation d'Eric Vernhes je suis resté scotché sur le fauteuil où je m'étais assis pour assister aux seize minutes de spectacle total. Créé à Vidéoformes (Clermont-Ferrand), le totem Meeting Philip est parti pour Montréal où est organisée la Biennale Elektra. On le retrouvera certainement à Paris à l'automne. En attendant, j'essaie de me remémorer l'impression que cette installation me fit, probablement le chef d'œuvre d'Eric Vernhes, qui a pourtant à son compte un nombre incroyable de pièces aussi différentes qu'époustouflantes. Devant nous, un magnétophone à bandes 4 pistes ressemble à une tête qui montre les dents, affublé de deux écrans comme d'immenses oreilles dont le son puissant sort en stéréo, d'un ventilateur qui nous décoiffe, d'une machine à fumée, de projecteurs qui nous font tourner la tête et de lumières qui sortent dont on ne sait où. Il est logique que son exposition du discours de Metz de l'auteur de science-fiction complètement allumé Philip K. Dick soit hallucinante. En 1977 la réception de sa prestation en avait désarçonné plus d'un...


Dans ce petit Portrait de 3'50, Eric Vernhes explique très bien les tenants et aboutissants de sa sculpture vivante audiovisuelle. Il a œuvré sans ambages et sans aucun mysticisme en s'appuyant sur la voix de Dick qu'il a mis en son et lumière de manière puissante. Cela pourrait défriser certains Dickiens, mais cette absence totale de jugement produit un effet saisissant quand les meilleures adaptations de ses romans sont souvent reléguées à des aspects anecdotiques rendant difficilement les méandres de la pensée de l'auteur.


Eric Vernhes a composé la musique électroacoustique, créé les vidéos, construit la sculpture de métal, programmé l'ensemble grâce à des programmes génératifs originaux. On appelle cela un artiste complet ! Il fallait bien cela pour évoquer l’existence d’une pluralité d’univers parallèles, du point de vue de Dick une réalité et non une fiction. "Pour lui, il ne faisait aucun doute que notre monde était issu d’un programme informatique dont le concepteur (Dieu, programmeur-reprogrammeur), changeait épisodiquement des variables dans le passé, ce qui perturbait le déroulement de notre temps présent et donnait naissance à d’autres univers uchroniques et divergents. Les impressions de « déjà-vu » résulteraient directement de cette « reprogrammation ». Il entreprit ensuite de faire le récit de ses propres « glissements » d’un univers à l’autre, affirmant que dans l’un de ces mondes, il avait été assassiné par l’administration de Richard Nixon. Dans un autre encore, il avait rencontré Aphrodite dans un paysage pré-chrétien dont la description ressemblait à une illustration de comic-book. Dans Meeting Philip, installation artistique visuelle et sonore, l’artiste ne répond pas à la question de la crédibilité du récit de K. Dick, mais considère plutôt que cette question est sans objet. Confronté aux nombreuses facettes de la personnalité de K. Dick, à ses errements et ses fulgurances, il prend le parti de l’écrivain face au prophète auto-proclamé. Le second (qui n’a jamais convaincu personne) n’est finalement que l’outil du premier (qui est reconnu comme génial)."
J'avoue qu'assister à Meeting Philip me rappela mes premières expériences lysergiques, mais cette fois sans aucun produit chimique.


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