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« Le grand tremblement de terre du Kantô » de YOSHIMURA Akira



C’est le 1er septembre 1923 qu’eut lieu l’une des plus grandes catastrophes naturelles qu’ait connu le Japon. Ce tremblement de terre d’une importance presque jamais égalée détruisit presque entièrement la plaine du Kantô qui regroupe sept préfectures tout autour de Tokyo. On a dénombré environ 105 000 personnes tuées lors de ce séisme qui atteignit une magnitude de 7,6 et environ 37 000 portés disparus. Les incendies qui ont suivi le tremblement de terre sont la principale cause de ce nombre énorme de victimes. L’inconscience de la population et la mauvaise gestion du gouvernement de l’époque a considérablement aggravé la situation. Un très grand nombre de personnes ont été brûlées vives sans aucune assistance de quelque sorte que ce soit.

Mais YOSHIMURA ne se contente pas de décrire les horreurs de cette catastrophe, même s’il est sans aucun doute un des plus grands descripteurs parmi les écrivains japonais, l’auteur se penche également sur la nature humaine et ses dérives. A cette époque il y avait de nombreux résidents coréens, et c’est assez rapidement que des rumeurs apparurent comme quoi ces Coréens profiteraient du chaos ambiant pour déstabiliser le pays en créant eux-mêmes des incendies et en empoisonnant certains puits. Des milices « spéciales » se formèrent afin de rouer de coups, voire d’assassiner tous les Coréens qu’ils rencontraient sur leur passage. Malgré l’intervention de l’armée officielle, bon nombre de Coréens furent tués sans raison.

« Le grand tremblement de terre du Kantô » est une œuvre très particulière. Ce n’est ni un roman, ni une livre historique ; mais les deux à la fois. YOSHIMURA est historien dans sa volonté d’exposer les faits le plus clairement possible avec dates, heures et chiffres, tout ce qu’il y a de plus officiel ; et romancier dans sa narration. Il inclut dans son récit l’étrange rivalité qu’il y eut entre deux sismologues de renom. L’un est en fin de carrière et ne permet à personne de remettre en question ses différentes théories qu’il fonda tout au long de sa carrière, l’autre est plus jeune et fait fi de toutes ces anciennes théories et ne se gêne pas pour en énoncer de nouvelles, même si elles risquent de paraître extravagantes.

Cette histoire de rivalité est le seul élément romanesque du livre, le reste n’est que descriptions (chiffres et preuves à l’appui). Mais lorsque l’on connaît le génie littéraire de YOSHIMURA, ce talent littéraire fait de précision, de nuances, de retenues poétiques, on peut être certain que le livre qu’on est en train de lire restera à jamais gravé dans nos mémoires. Comment serait-il possible d’oublier la fabuleuse « Jeune fille suppliciée sur une étagère », comment ne pas se souvenir des ballades matinales de ces ouvriers japonais dans le court roman « Le convoi de l’eau », comment oublier ce condamné à mort du roman « Liberté conditionnelle » qui tente péniblement de rejoindre le monde vraiment libre ?
YOSHIMURA Akira écrit avec une plume tranchante et pénétrante, un genre d’aiguille qu’il utiliserait afin de tatouer ses propres images dans nos esprits.
« Le grand tremblement de terre du Kantô » fait désormais partie de ces œuvres inoubliables qui resteront en nous et donc, inévitablement, dans l’histoire de la littérature japonaise de l’après-guerre.

A lire également, « Tsubame » de SHIMAZAKI Aki, qui reprend à sa manière cette catastrophe humaine et naturelle.
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