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Une légende guyanaise

Lion, tigre, serpent et tapir ou une histoire d’amour bizarre

Je vais pourtant essayer de redire un de ces contes de la forêt, tout en craignant, d’un côté de l’avoir mal compris, de l’autre d’y rencontrer une philosophie problématique.

Cela se passe dans le bois sauvage, bien avant qu’aucun homme ne parût sur la terre.

Tous Les Animaux étaient bons et doux ; ils vivaient d’herbes et de fruits, et ils s’aimaient paisiblement, n’ayant aucun sujet de dispute ; la terre produisait de tout en abondance, et la guerre était inconnue.

L’amour n’était qu’une exubérance de vie produite de temps à autre par la nécessité, ou bien par l’exercice auquel les Animaux se livraient pour développer leurs forces. La curiosité était inconnue : c’est l’homme qui a apporté le désir de la connaissance ; il a trouvé que, durant sa venue subite et pour si peu de temps à la lumière, il lui fallait se hâter d’apporter sa contribution à la recherche de cette lumière. Les animaux sans doute étaient plus sages, ils se contentaient d’en jouir simplement.

Un jour, le bois vit ce phénomène étrange d’un Lion et d’un tigre qui s’aimaient éperdument ; je n’en compris pas la raison, mais ça ne fait rien. C’était un fait : ils se rendaient toute espèce de services, se procuraient les plantes les plus délicieuses à manger, s’appelaient la nuit, le jour. Le lion était le plus fort et le plus rapide des animaux. Le tigre était le plus agile : il attrapait même les oiseaux sur les arbres.

Un tapir jaloux (c’est bien le fait du gros tapir !) alla le dire au grand serpent, le maître du bois. Ce tapir était obtus. Mais le grand serpent, voulant détruire la jalousie, se laissa tomber sur le tigre endormi, le tua, et commença de l’avaler pour cacher son méfait.

Étouffé par la digestion, il parut mort, et les autres animaux du bois, pour le dégager, le mordirent, le déchirèrent. Goûtant le sang pour la première fois, ils s’y complurent, dévorèrent le tigre, et arrachèrent sa crinière au lion qui voulait les arrêter.

Le pauvre lion fut si péniblement ému de la perte de son ami qu’il en perdit son audace avec sa crinière : il devint le peureux lion de Puma que personne n’aime.

(Tiré du livre d’Albert Bordeaux. «La Guyane inconnue: Voyage à l’intérieur de la Guyane française.» , Publié en 1903).

La bouderie en amour est comme le sel; il n’en faut pas trop. (Proverbe sanskrit). Photo d’Olga Fedak.


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