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Un canonnier sur la glace

Triste histoire d’un canonnier français mort en avril 1760

Au mois d’avril 1760, les Anglais, dans Québec, dorment sur leurs lauriers. Le peuple est affamé et misérable, incapable croient les vainqueurs, de la moindre riposte. On veille tout de même sur les eaux du fleuve Saint-Laurent, question de voir si des secours de France ou d’Angleterre paraîtront bientôt à l’horizon.

Un soir, ou plutôt une nuit, celle de 27 avril, à deux heures du matin, alors que la ville est pongée dans un profond sommeil, des soldats postés sur les fortifications entendent de faibles cris. C’était comme si quelqu’un agonisait sur le fleuve. Prodigieusement intrigué par le phénomène et piqué par une intuition inexplicable, on envoie chercher l’homme qui dérive, accroché à un important bloc de glace.

Fait curieux, l’homme est revêtu de l’uniforme des soldats français, ce qui, à Cette heure de la nuit et à cette époque de l’année, impressionne fortement les sauveteurs. Et voilà que l’on a, pour le mourant, des soins et des égards exceptionnels. On le bichonne, on le réchauffe, on le cajole, on le contemple lorsqu’il est évanoui et on le réconforte lorsqu’il reprend ses sens. On l’interroge en douceur. On prend des nouvelles, par des détours. Puis, le mourant recouvre l’usage de la voix. La panique le quitte peu à peu. Il ne vivra pas longtemps. Juste assez pour raconter le dernier épisode de sa pauvre existence de Canonnier.

Des hommes, commandés par le chevalier de Lévis, avaient quitté Montréal, le 20 avril, et remonté le fleuve jusqu’à Saint-Augustin. Filant sur l’eau dès que les glaces s’étaient rompues, l’armée comptant près de dix mille hommes s’apprête enfin à attaquer Québec et à en reprendre possession le matin ou dans la nuit du 27 avril.

Cette nuit-là, pourtant, une terrible tempête de grêle contrarie la marche des hommes qui longent maintenant la rive du fleuve pour ne pas être vus. Les bâtiments attendent, laissant aux soldats le temps d’avancer. Le rescapé est un canonnier, sergent de l’artillerie française qui, en quittant le bateau pour regagner la rive, est tombé à l’eau. Baigné, glacé, il perd le souffle et, par miracle, il parvient à se hisser sur l’énorme bloc de glace sur lequel on l’a retrouvé alors qu’il passait devant Québec.

Cette histoire est la plus extraordinaire entendue à Québec depuis de longs mois. Elle est étonnante. Pour cette raison, après avoir pris autant de soin du canonnier, on le transporta sans plus d’égards auprès de James Murray auquel il répéta les détails de son aventure sur quoi, épuisé par ce long bavardage, il expira.

La triste fin du pauvre homme que l’on croit être Jean-Baptiste Begine dit Bellefleur, 50 ans, inhumé le 1er mai 1760 à Québec, est une nouvelle intervention du hasard dans le sort de la Nouvelle-France.

(Source : Nos racines).

Voir aussi :

  • Bataille de Sainte-Foy
Le golfe du Saint-Laurent. Photo de GrandQuébec.com.


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