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Assemblée contre la participation à la guerre

Tags: nous guerre gouin

Assemblée contre la participation à la guerre au Palais Montcalm, dans la ville de Québec

(6 septembre 1939). MM. Paul Gouin, René Chaloult, Paul Bouchard et Horace Philippon parlent à une assemblée présidée par 25 personnes. – Ils demandent un referendum sur la conscription

Dans la salle remplie du Palais Montcalm, MM. Paul Gouin, René Chaloult, Paul Bouchard et Horace Philippon ont parlé hier soir contre la participation du Canada à la présente Guerre. C’est M. Philippon qui a ouvert l’assemblée, et M. L. – M. – J. Thibault a lu les noms de 25 personnes qui présidaient conjointement l’assemblée. Pendant le discours de M. Bouchard, – en autant qu’on a pu le constater de l’estrade où se trouvaient les journalistes, – un homme a été expulsé de la salle pour une remarque qu’il avait lancée et que Nous n’avons pu comprendre. M. Philippon a félicité ceux qui ont pris l’initiative de « sortir » cet auditeur. « Vous avez su vouloir, et il est sorti », a-t-il dit. MM. Gouin et Chaloult ont réclamé que M. Duplessis convoque une session spéciale et extraordinaire, pour que les Chambres se prononcent contre la participation de la province de Québec à la guerre. Dans l’ensemble, les orateurs ont paru s’efforcer de ne pas tenir des propos trop provocants, et ils ont tenu à dire qu’ils ne sympathisent pas avec l’Allemagne.

M. Horace Philippon

Organisateur de l’Action libérale nationale dans le district de Québec, M. Philippon lit un texte parce qu’il a peut de se fâcher, dit-il, et pour qu’on ne puisse dénaturer ses paroles. Il exprime l’avis que les paroles et les actes de MM. King et Lapointe, aujourd’hui, contredisent leurs paroles de 1935, quand ils étaient dans l’Opposition. Nous ne prêchons pas ce soir, dit-il en substance, nous ne prêchons pas la désobéissance et nous ne voulons pas monter les esprits ni nous faire du capital politique. Nous voulons nous placer à un point de vue plus élevé, plus sage, plus sincère, plus canadien.

D’ailleurs, ceux qui voudraient nous accuser de nous faire du capital politique on eu l’occasion, eux aussi, de se prononcer contre la participation. Les assemblée de protestation ont lieu pour que le Parlement soit instruit de la volonté du peuple canadien-français.

Le Canada est pays d’Amérique et ses intérêts ne sont pas en Europe. Il est surchargé de dettes et il a plus de problème qu’in ne peut en étudier. Participer à la présente guerre, ce serait pour le Canada commettre un acte de folie inqualifiable. Un grand nombre se sont laissé prendre au filandreux procédé du volontariat. Nous n’avons pas le droit de nous laisser ruiner et hypothéquer. La dernière guerre nous a donné la conscription, la présente nous y achemine. Les moyens de destruction sont plus rapides, et il faudra remplacer les vides. Ce sera une saignée du peuple du Canada.

M. Paul Gouin

Le chef de l’Action libérale nationale remercie ses auditeurs, qui font preuve d’un patriotisme véritable en assistant à cette assemblée. Il félicita M. Wilfrid Lacroix, M. Liguori Lacombe et d’autres députés qui ont eu le courage, à la dernière sessions, de combattre la politique ministérielle de défense. M. Maxime Raymond prépare un mouvement d’envergure parmi tous les députés, y compris ceux des autres provinces. M. Gouin rend hommage à MM. Chaloult et Bouchard. Il veut que l’assemblée présente et les autres soient un avertissement grave à nos dirigeants. Il n’a pas l’habitude de faire de la démagogie, mais il veut que tous nos dirigeants sachent bien que la province de Québec est catégoriquement opposée à la participation aux guerres de l’Empire.

Gouin combat la théorie que le Canada est en guerre dès que l’Angleterre est en guerre. Quel mandat peuvent bien invoquer les députés pour décider de l’attitude du pays?

M. Gouin dit en résumé que la propagande cherche à faire croire que nous sommes menacés de grands dangers, et la surveillance des édifices fait partie de cette propagande. Il n’y a pas urgence. L’Angleterre n’a pas encore envoyé de force expéditionnaire en France. M. Gouin cite et critique un article du « Star » de Montréal en date du 25 août, et en blâme l’auteur.

– Il mériterait d’être tué au fusil, lance quelqu’un dans l’auditoire.

Les impérialistes, poursuit M. Gouin, veulent faire de la participation une question de race et faire croire que seuls les Canadiens français s’y opposent. Il y a des Britanniques sincères, dont il faut respecter le point de vue.

– Qu’ils s’en aillent en Angleterre , conseille un auditeur.

M. Gouin opine que nous devons respecter les sentiments et les opinions des Canadiens anglais, comme ils ont le devoir de respecter les nôtres. Comment concilier tout cela? On a trouvé une formule qui correspond à ce désir de respect mutuel des opinions. D’après cette formule les Canadiens français se rendent comte que par souci de l’unité nationale il faut consentir à une sympathie active envers l’Angleterre. D’après cette formule le gouvernement ne lèvera aucun contingent de volontaires pour qu’ils se battent en dehors du pays, parce que ce serait conduire à la conscription. Il s’abstiendra de décréter la conscription des hommes ou des fortunes, mais il posera des actes de guerre.

Ces actes de guerre consisteraient à autoriser les volontaires à quitter le pays pour aller combattre dans l’armée anglaise, à décréter l’embargo sur les exportations aux pays ennemis des Alliés, à vendre aux Alliés tout ce qu’ils veulent, mais moyennant comptant, et pourvu qu’ils transportent eux-mêmes leurs marchandises et à assurer un contrôle suffisant des prix. Le gouvernement ne devra pas payer l’équipement des volontaires ni leur transport. Ces actes de guerre nous exposeront à des attaques. Les Canadiens sont prêts à organiser en conséquence la défense de leur propre territoire, en comptant que l’Angleterre, au profit de qui le Canada s’exposera, assumera une bonne partie du coût de cette défense.

Toute autre politique, suivant M. Gouin. rendra l’unité nationale impossible. Il conseille donc qu’on inonde le Parlement de requêtes et de protestations.

– Avec des masses de bois, commente un auditeur.
– Commençons par des masses de papier, précise M. Gouin.

Le Chef de l’Action libérale nationale estime que M. Duplessis a le devoir de convoquer une session spéciale pour que les députés expriment le sentiment de la province de Québec. Les autres chefs de partis ont le devoir d’avertir Ottawa des sentiments de leurs partisans, » qui sont les mêmes que les nôtres, je le sais. »

M. René Chaloult

Le député de l’ancien comté de Kamouraska à l’Assemblée législative, rend hommage à M. Gouin et dit qu’il appartenait bien au petit fils d’Honoré Mercier de prendre la direction d’un tel mouvement. Nous n’avons pas de sympathie pour les Allemands, dit-il. Nous donnons notre sympathie aux Alliés, particulièrement à la Pologne qu’on a justement appelée un peuple-martire. Mais qu’avons-nous à faire en Europe? Défendre la démocratie ? La plus grande des démocraties, la plus vraie, les États-Unis, s’en désintéresse et proclame sa neutralité. Défendre l’humanité, le droit et la justice? Mais il y a beaucoup de pays qui y tiennent en Europe, et qui pourtant proclament et défendent leur neutralité Même s’il y a eu jeu des principes auxquels nous tenons, notre premier devoir est de nous occuper d’abord de nous-mêmes, petit peuple pauvre. Nous ne sommes pas chargés de faire la police de l’Europe.

M. Chaloult cite une déclaration de M. Lapointe en date du 20 décembre. « S’il ne dit plus la même chose, qu’il craigne la colère du peuple canadien-français. » Le Canada et l’unité nationale ont pu survivre à la dernière guerre, mais ils ne survivront à une nouvelle participation qui ne peut conduire qu’à la conscription. On ne peut tolérer que le même problème se pose, et que les mêmes luttes doivent se faire tous les 25 ans. « S’il faut prendre les grands moyens, on les prendra. Les descendants des patriotes de 1837 et 1838 sauront renouveler les gestes du passé. »

Le peuple canadien a été habitué aux trahisons. Avons-nous été assez trahis par nos hommes publics bleus et rouges et par d’autres dont in n’est pas temps de parler? Il faut un troisième parti, me dit M. Philippon. Oui, je le souhaite ardemment. En 1867, le pacte confédératif a reconnu la coexistence de deux races. Le gouvernement de Québec a le droit et l’obligation, en vertu même de ce pacte, de réunir les Chambres pour faire une déclaration de neutralité. Je le demande à M. Duplessis.

« Chou, Duplessis », crie-t-on dans la salle.

M. Chaloult conseille à tous et à chacun d’écrire aux députés, c’est l’unité du Canada qui est en cause. On prendra tous les risques pour combattre la participation. Que le lien impérial et le pacte confédératif cessent de travailler contre nous, on bien on les rompra, et résolument.

M. Paul Bouchard

Après des compliments à MM. Gouin et Chaloult, M. Bouchard parle d’une maladie qui l’a immobilisé au cours de l’été, puis s’attaque énergiquement à la participation. Il suivra partout M. Gouin dans la bataille contre la conscription. Il combattra pour les Canadiens français aussi longtemps qu’il y aura une lueur d’espoir. Il éprouve une certaine satisfaction personnelle, car il y a trois ans qu’il met ses compatriotes en garde contre ce qui se prépare. Il a cru en la sincérité de MM. King et Lapointe et a fait la lutte pour eux en 1935, il s’est vite rendu compte qu’ils nous conduisaient à la guerre.

Quand il harcelait pas à pas le gouvernement, il s’est trouvé des gens pour dire qu’il agissait par rancune. Il était sûr de faire son devoir, et les événements prouvent qu’il avait raison.

Depuis deux ans, continue l’orateur, j’ai fait tous les efforts pour convaincre mes compatriotes de s’unir, de mettre de côté toute routine. Il y a un an, après Munich, vous m’avez applaudi mais vous ne m’avez pas assez suivi. Et nous sommes déjà en guerre, avec toutes les conséquences logiques et inéluctables qu’elle peut entraîner.

Quand il s’agit de défendre le peuple, de vous affranchir, ouvriers et paysans, ce n’est pas le Barreau ni le bâtonnier, ni le Collège de Médecins que vous voyez en tête. Ce sont les indépendants. Nous sommes les seuls véritables et irréductibles défenseurs de vos droits. C’est nous qui vous avons montré les premiers la fourberie de MM. King et Lapointe.

Il faut tout faire, poursuit M. Bouchard, pour effrayer le gouvernement et éviter la conscription. S’ils évitent la les élections et profitent de la guerre, ils connaitront la vengeance du peuple et nous les balaierons. Si M. Lapointe est si certain du sentiment du peuple, qu’il démissionne et vienne se présenter dans Québec-Est! Je demande aux députés qui ont peut de leur devoir de démissionner, et le peuple choisira ses vrais représentants. La dernière guerre a changé bien des choses, dans tous les pays.

Peut-être celle-ci nous apportera-t-elle enfin l’ordre nouveau. Mais nos relations seront certainement changées. Le Canada est le seul pays de l’Empire qui se dise entraîné dans la guerre quand l’Angleterre est en guerre, qu’elle qu’en soit la cause. La seule raison est le lien impérial. Ce lien impérial est une nuisance, et dès ce soir le Canada est en marche vers l’indépendance. Nous avons fini d’aller en guerre tous les 25 ans. M. Bouchard affirme qu’il n’est pas naziste et que c’est à titre de citoyen du Canada qu’il est opposé à la guerre.

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