Le duc de Windsor va rencontrer son frère le duc de Kent

Une réunion entre les deux frères de la famille royale la plus importante du monde doit avoir lieu d’un moment à l’autre, soit en Autriche, soit en Yougoslavie au début de septembre 1937. Il est d’un autre côté une rumeur qui persiste dans tous les centres diplomatiques d’Europe: c’est celle qui affirme que le duc de Windsor retournerait en Angleterre occuper un très haut poste, où les connaissances de sa femme (ci-devant Mme Simpson), qui est infirmière diplômée, pourraient être mises à profit.

Réunion permise par la Cour de Londres

Car voici justement que le duc et la duchesse de Kent, en pèlerinage sentimental, se trouvent dans le même pays que le duc et la duchesse de Windsor. Après avoir chassé et s’être promenés sur les terres de leur ami polonais, le comte Potocki, ils remontaient sur Vienne dans le même temps où, quittant brusquement le Lido de Venise, l’ex-Edouard VIII et l’ex-Mrs Simpson regagnaient leur sévère château de Wasserleonburg, en Carinthe.

Le duc et la duchesse de Kent descendirent dans un palace du Prater, parmi les baraques foraines, pour reposer et admirer la grande roue reconstituée d’après celle qui a fui notre Ring. On les vit se promener au Champ-de-Mars. Anonymes dans la foule ces touristes, ils visitèrent le musée d’Histoire naturelle et ce château de Schoenbrunn, tout palpitant encore des tragédies récentes de l’Histoire. Ils se rendirent à la Hofbug et visitèrent le crypte des Capucins, où les Habsbourg reposent dans un fouillis incroyable de tombeaux et de cercueils et où les mains pieuses de voyageurs français, d’un bout de l’année à l’autre. fleurissent de violettes impériales le linceul de l’Aiglon.

Réunion en Carinthie? Puis ils sont retournés sur l’Attersee où ils séjournaient dans un palace. Depuis, leurs projets demeurent mystérieux. Mais, durant ce temps le duc et la duchesse de Windsor réunissaient à Wasserleonburg un certain nombre de familiers, la plupart anglais, entre autres l’ami intime et ex écuyer d’Edouard VIII le marquis de Cholmondeley, et, hier, Sir Walter Monckton, son avoué, descendait d’avion à Klagenfurt et, de là. se faisait amener chez les Windsor avec de volumineux dossiers et quelques bagages. Encore que les journées à Wasserleonburg se passeut à jouer au golf, au tennis ou à aller rendre des visites aux voisins, comme le comte de Munster, on affirme que l’ex souverain trouve du temps pour converser avec sir Walter Monckton et pour téléphoner avec le duc de Kent, sur l’Attersee.

Où se rencontreront-ils?

Il est certain, du moins aujourd’hui et pour la première fois depuis son abdication, que le duc de Windsor va rencontrer un membre de la famille royale, le duc de Kent. On ne sait encore si ce sera dans le Salzerkammergut ou en Carinthie, ou en terre yougoslave, au château de Bled, chez le prince régent Paul qui a invité les deux ducs et les deux duchesses. On sait d’un autre côté que le duc et la duchesse de Windsor ont donné lundi dernier un « Garden Party » dans leur château de Wasserleonburg, au cours duquel ils ont annoncé leur intention de partir vers le 15 septembre pour aller chasser en Yougoslavie.

Il est non moins certain que le duc de Kent, s’il éprouve personnellement une grande satisfaction à revoir son frère ainé, n’agit qu’en parfait accord avec la reine mère Mary, avec le roi George VI. la cour de Londres et le gouvernement de M. Neville Chamberlain.

Haut-commissaire spécial

Dans l’entourage du duc de Kent on laisse d’ailleurs s’accréditer le bruit dont un journal anglais et la, presse autrichienne se sont fait l’écho, d’un retour possible et prochain du duc de Windsor en Angleterre.

Il y serait appelé à de très hautes, fonctions en raison des aptitudes que son passage sur le trône lui à permis de montrer en tout ce qui concerne les questions socialisé.

C’est une sorte de haut-commissariat spécial qu’il serait question d’offrir à l’ancien souverain, haut-commissariat dont dépendrait un service d’extrême utilité sociale qui n’existe pas encore dans le Royaume-Uni et qui correspondrait à peu pres à notre assistance publique. Il y a là. pour un homme de cœur, du bon travail à faire et la duchesse de Windsor, qui est infirmière diplômée, pourra le seconder dans une partie de sa tâche.

Le duc de Windsor interrogé n’a voulu ni confirmer ni infirmer la nouvelle. It s’est contenté de déclarer en secouant la tête

– Il n’y à rien de nouveau à faire connaître.

Souhaitons pourtant aux loyaux sujets britanniques qui se réjouissent déjà que l’exercice du pouvoir ait permis à George VI d’augmenter de poids et d’accroitre d’une once son tour de poitrine (il a fallu refaire tous ses uniformes), souhaitons leur cette heureuse solution d’un conflit qui eut, dans les tragédies classiques, un dénouement moins optimiste.