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L’hiver et le choléra en 1832

L’hiver de 1832 et l’épidémie du choléra au Bas-Canada

Cet hiver a été un des plus durs et des plus longs que nous ayons eus depuis cinquante ans. Le froid a commencé à la fin de novembre et a duré presque sans interruption jusqu’à la mi-avril. Aussi, la navigation et les affaires se sont trouvées reculées de près d’un mois, comparées aux années précédentes. L’eau s’est tenue tout l’hiver à une grande hauteur, ce qui faisait appréhender beaucoup de dégât pour la débâcle du printemps. Heureusement le chenail s’est fait par degré au milieu de la rivière, et les glaces se sont en allé petit à petit sans faire aucun dommage.

L’eau n’a pas même monté à la hauteur où Elle a coutume de parvenir tous les printemps. La vaigation n’a été ouverte pleinement que dans les premiers jous du mois de mai. Le 5 mai, il n’est pas encore arrivé de vaisseaux de l’autre bord de la mer. L’année précédente, les vaisseaux d’Europe étaient arrivés en partie à la fin d’avril, si bien que dans la première semaine de mai le port de Montréal était dans toute son activité.

Choléra-morbus

Tel est le nom d’une maladie épidémique d’un caractère tout particulier qui, depuis plus d’un an, a ravagé les différentes contrées de l’Europe et moissonné des milliers de victimes. Originaire de l’Asie, cette funeste maladie n’avait jamais dépassé les bornes de cette partie du monde, jusqu’à l’année dernière qu’elle s’est mise en campagne sur le continent européen, à la suite de l’inondation des armées russes dans la malheureuse Pologne.

Après avoir moissonné (dit-on) le frère du Czar, Cinstantin, et le commandant général russe Diebitch, et avoir décimé l’armée de ce général, ainsi que celle des braves Polonais, elle a pénétré jusque dans la capitale de l’Allemagne, à Hambourg et à Berlin.

C’est par ces deux dernières places qu’elle s’est fait jour jusque dans la Grande Bretagne. Importée d’abord à Sunderland, où elle n’a d’abord fait que peu de progrès, elle s’est ensuite étendue à quelques autres petites villes d’alentour, où elle a emporté 4 à 5 000 personnes et, de là, elle a pris son essor vers Londres où elle exerce actuellement ses ravages.

La nouvelle de l’introduction de cette maladie dans un pays avec lequel nous avons des relations si multipliées a naturellement causé breaucoup d’alarme au Canada. La preuve en est que la législature du Bas-Canada a cru devoir faire le sacrifice d’une somme de 10 000 livres pour établir un système de quarantaine, et des bureaux de santé, afin d’arrêter les progrès, sin non l’introduction de ce fleau dans notre pays.

Tous les vaisseaux venant d’aucun des ports de la Grande Bretagne sont jusqu’à nouvel ordre tenus d’arrêter à la Grosse Île (lieu de la quarantaine) pour, là, être visités avant de passer outre.

La dureté et la salubrité de notre climat, la distance du foyer de la contagion et la longueur de la traversée, qui est déjà une longue quarantaine, devraient être, ce semble, autant de motifs capables de rassurer ou du moins de calmer les esprits, et surtout avec la connaissance certaine que nous avons que cette maladie n’a pas encore été importée aux États-Unis, quoique pourtant un grand nombre de leurs vaisseaux aient visité L’Angleterre depuis que le choléra-morbus y a été apporté.

Mais ce qui va indubitablement avoir un mauvais effet sur la classe ignorante et superstitieuse, c’est un proclamation, à l’instar de celle du Roi d’Angleterre, que notre gouverneur a fait publier, ordonnant pour le 4 mai 1832 un jeûne général et des prières publiques pour détourner la colère du ciel et le supplier de ne pas permettre que ce nouveau destructeur du genre humain vienne visiter nos belles provinces.

Si l’invitation spéciale de Son Excellence Lord Aylmer, Sa Grandeur Monseigneur Bernard C., Panet, Évêque de Québec, a fait publier un mandement en date du neuf d’avril dans toutes les paroisses dfe la province, par lequel il ordonne qu’il sera chanté le 4 de mai suivant une messe solennelle dans toutes les églises paroissiales, et fait des prières particulières tous les dimanches à la suite de la grande messe. Il recommande aussi de sanctifer ce jour par le jeûne, la prière et le repos (voyez le mandement publié dans La Minerve du 23 avril 1832, #21).

Il a été organisé à Québec et à Montréal des bureaux et officiers de santé avec des règlements les plus strictes de propreté dans les rues et les maisons. Les Docteurs Nelson, Beaubien et Pardy ont été commissionnés officiers de santé pour Montréal, avec des appointements de 200 livres chaque.

Extrait de Mes Tablettes de Romouald Trudeau (Journal d’un apothicaire montréalais, 1820 – 1850). Texte établi et annoté par Fernande Roy et Georges Aubin, Domaine Histoire, 2016.

L’hiver au Canada. Photographie : Grandquebec.com.



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