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Maternités en Nouvelle-France

Maternités en Nouvelle-France

Entre le mariage et la ménopause, une femme du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle peut s’attendre à accoucher à intervalles réguliers et parfois même tous les douze mois. Durant leurs années fertiles, Les Femmes sont tellement accaparées par la maternité qu’il est permis de se demander comment elles peuvent accomplir toutes leurs autres tâches. L’épuisement dû aux accoucments successifs et les complications qui s’ensuivent peuvent expliquer les taux élevés de mortalité des jeunes mères.

Aux XVIIIe et au XIXe siècles, la population canadienne s’accroît de façon continue. La courbe des naissances, entre 1711 et 1835, montre comment celle ci est sensible aux conjonctures économiques et politiques. Par exemple, les plus hauts taux de natalité de 1736 à 1835 correspondent à la période 1761-1770, lorsque la guerre ne retire plus les habitants de leurs terres. La courbe la plus basse est due en général aux crises économiques qui retadent les mariages et augmentent la mortalité, se répercutant ainsi sur le nombre de naissances. La sous-alimentation chronique rend les Femmes moins fertiles et augmente le nombre de fausses-couches.

Puisque les fausses-couches pendant les premiers mois de grossesse ne sont pas comptabilisées dans les statistiques historiques, il est probable que les femmes deviennent enceintes plus souvent qu’on ne le dit. Au XVIIIe siècle, les démographes calculent qu’elles avaient en moyenne sept enfants si le mariage n’était pas interrompu prématuréement par la mort, mais il est possible qu’elles en aient eu davantage.

Les conceptions suivent les saisons et le calendrier de l’Église. Celle-ci refuse de célébrer les mariages pendant les jours de pénitence et encourage les époux à l’abstinence sexuelle pendant ces périodes. Toutefois, si l’un des époux exige quan même les devoirs conjugaux, l’autre doit s’y plier. Les conceptions sont plus nombreuses pendant les mois de mai à septembre ainsi qu’en janvier et février, fait qui contredit la croyance voulant que les maris partent tous les printemps faire la traite des fourrures.

Même si les accouchements répétés font inévitablement partie de leur vie d’épouse, les femmes ont de bonnes raisons de les craindre. Au XVIIe siècle (le seul pour lequel nous avons des chiffres précis), on constate une mortalité accrue Des Femmes de trente à quarante-cinq ans. En fait, les femmes de ce groupe d’âge courent de plus grands risques de mortalité que les hommes et les complications qu’entraînent les accouchements multiples en sont sûrement la seule explication.

L’accoucement est douloureux, difficile et souvent mortel. C’est une occasion pour les femmes de s’entraider et de se réconforter. La correspondance de la veuve Marie-Thérèse Baby laisse entrevoir l’omre que jettent les accouchements sur la vie des femmes. En 1762, sa sœur est morte en couches en laissant huit enfants, et, en 1765, elle relate qu’elle se rendit à Chambly aider une amie qui a été « dangereusement malade » à la suite d’un accouchement. Dans une lettre de 1771, elle raconte qu’une amie « a été accouchée d’un garçon, elle a été fort en danger ».

Sages-femmes

Les femmes se font accouher par la sage-femme de la paroisse. Celle-ci, sous le Régime français, est souvent élue par l’assemblée des femmes de la paroisse, comme Catherine Guertin, âgée d’environ quarante-six ans, qui, en février 1712, est élue à la pluralité des suffrages des femmes de Boucherville et doit prêter serment devant le curé, selon l’ordonnance de l’évêque de Québec. Selon l’historienne Hélène Laforce, la Nouvelle-France possède un véritable réseau hiérarchisé de sages-femmes, reconnu et administré par l’État. Dans les villes, les sages-femmes sont payées à un salaire presque équivalent à celui de chirurgien du roi. Elles sont formées à l’Hôtel-Dieu de Paris. À la campagne, l’apprentissage est insuffisant et les sages-femmes exercent dans le cadre de l’entraide.

En 1755, les sages-femmes revendiquent au ministre des colonies la création d’une école d’enseignement de l’art des accouchements. Cette idée est reprise sous le Régime britannique, mais ne sera jamais réalisée. À la fin du XVIIIe siècle, les sages-femmes forment une profession reconnue et inscrite dans les annuaires officiels.

Chirurgiens-accouchurs

Dans les villes de la Nouvelle-France, à la fin du XVIIIe siècle, on trouve des chirurgiens-accoucheurs qui offrent leurs services à celles qui peuvent se les payer. Les chirurgiens possèdent des instruments, tels les forceps, qui permettent de dégager les enfants en difficulté. Les connaissances de la gynécologie et de l’obstétrique restent toutefois fort rudimentaires, comme en témoigne l’initiative du curé Boissonault de l’Ïle d’Orléans qui, inquiet du taux élevé de mortalité dans la paroisse, achète en 1813 « un traité des maladies des femmes composé par François Mauriceau, Seconde Édition a paru chez l’auteur en 1675 pour servir à l’instruction des femmes accoucheuses de la paroisse de St-Pierre entre les mains desquelles il doit passer successivement sans qu’aucune d’elles puisse en prétendre aucun droit de propriété.

Parents et nouveaux-nés

Il est difficile de juger l’attitude générale des parents envers les nouveaux nés. Antoine Foucher, marié en 1743, prend le soin de consigner les naissances et les décès de tous ses enfants dans un cahier qu’il intitule Äge des enfants qu’il a plu au Seigneur nous envoyer depuis notre mariage. De 1744 à 1767, il y inscrit quinze entrées, incluant deux mentions de fausse-couche : Ma femme est accouchée pour s’être blessée enceinte de trois mois. En 1792, il n’y a que quatre de ces enfants qui sont toujours vivants.

En 1804, la veuve Faribault de Saint-Henry de Mascouche écrit à sa fille, enceinte pour la cinquième fois : Chaque fois qu’il t’arrive de me faire grand-mère il me semble que je rajeunis, ce qui me fait peine cependant c’est que cela te vieillit, tout considéré, je souhaite que vous vous tenier tranquilles, ou du moins que vous vous reposiez pendant seulement une vingtaine d’années, permis à vous après ce temps de recommencer de plus belle..

(Source : L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles.)

Parc portuaire de Trois-Rivières, la deuxième ville à avoir été fondée au Québec. Photo de GrandQuebec.com



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