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IL EST DES HOMMES QUI SE PERDRONT TOUJOURS

de Rebecca Lighieri

Roman - 370 pages

Editions P.O.L. - mars 2020

Editions poche Folio - août 2021

Dans les années 80-90, à Marseille, le petit Karel tente de grandir. Sa mère kabyle Loubna est accaparée par le petit dernier, Mohand, polyhandicapé, dont les malformations sont la risée quotidienne du père, Karl Claeys, un belge violent et toxicomane. Et alcoolique. La petite sœur de Karel, Hendricka, connaît cette même enfance de violence du père alcoolique, tyrannique, humiliant, uniquement intéressé par ses gosses si leur beauté pouvait ramener de l'argent grâce aux castings qu'il leur fait passer.

Cette écriture dense, affirmée, elle m'a immédiatement happée. Qui est Rebecca Lighieri ? Nulle autre qu'Emmanuelle Bayamack-Tam, dont j'avais adoré le roman Je viens. Une nouvelle histoire de famille, de jeunes se débattant au sein d'une famille, un nouveau milieu social au fonds duquel l'auteure réussit à se plonger. Pourquoi prendre un nom différent ?...
L'histoire est dense, riche de douleurs, d'espoirs, c'est le jeune Karel que l'on suit à travers son adolescence, sa vie à la cité Artaud, ses émois amoureux avec Shayenne, la gitane du passage 50, sa tristesse de voir sa soeur quitter la cité pour un avenir professionnel international, sa volonté de fuir pour entrer dans l'autre monde, celui des bourgeois, des calmes, des aimants, sa souffrance intacte quand il sait toujours les douleurs insupportables que doit subir Mohand.

Extrait :
"Qui a tué mon père?
Personne et beaucoup de gens.
Ou plus exactement, beaucoup de gens Auraient Voulu Tenir la pierre qui lui a fracassé le crâne, réduisant son occiput en bouillie puis s’acharnant méthodiquement sur son visage , massacrant ce qui lui restait de beauté, ce qui n’avait été excavé par l’héro, jauni par la clope, bouffi par l’alcool.
Beaucoup de Gens Auraient Voulu tenir cette pierre, mais une seule l’a fait et son nom est «Personne»..."

Difficile de guérir d'une telle enfance, de tuer le père en soi, de ne pas laisser se distiller la haine de soi. La fratrie est précieuse, leur refuge, entre malmenés sachant précisément le passé réciproque. Les humiliations, la soumission, la recherche du salut extérieur mais son rejet aussi, les faux-pas, la violence et les gestes qu'on regrette d'avoir commis ou ne n'avoir pas commis, tout s'enchaîne se mêle et se coince. C'est un roman très noir mais très vivant et plein d'amour entre frères et sœur, plein d'énergie. Magnifique roman.

Enthousiasmes du Masque et la Plume - FranceInter

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