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La guerre des poètes

La guerre des poètes au début du XVII siècle, en France

François de Malherbe s’engage dans une lutte contre tous les poètes traditionnels

Le roi Henri IV a longtemps hésité à faire de François de Malherbe son poète officiel. On a cherché plusieurs explications à cette hésitation.

Celle qui revient le plus souvent, est l’antipathie des poètes, déjà en place, envers “ce grammairien à lunettes” qui constituait une menace à leur prestige. Si cette hypothèse est juste, on doit reconnaître que les événements leur ont donné raison.

Depuis son arrivée à la cour, en 1605, Malherbe a, en effet, engagé une lutte farouche contre tous les poètes traditionnels. On a pensé, d’abord, qu’il ne s’agissait que d’un conflit de personnalités ou même d’une violente opposition de style, mais l’intransigeance et l’agressivité de Malherbe ont suscité une véritable guerre de poètes.

Cette guerre évolue sur deux tableaux : celui de la technique poétique et celui de l’inspiration. Sur le plan de la technique, il est évident que Malherbe a coupé tous les ponts qui pouvaient le rattacher à la Pléiade. Son refus absolu d’accepter certaines licences que se permettent Ronsard et Du Bellay l’incline à une excessive sévérité vis-à-vis des poètes les plus populaires de l’heure qui, eux, se réclament de la pure tradition de la Pléiade.

Malherbe vient en conflit avec les autres poètes sur le plan de l’inspiration, avons-nous dit. Dans ce domaine, il est plus difficile de cerner le point précis où le désaccord naît. Il semble que ce soit surtout sur la primauté à accorder à la création poétique ou à la technique : pour les poètes fidèles à la tradition, l’inspiration prime tout et, pour ne pas la gêner, on doit accepter n’importe quelle exception aux règles poétiques. Sur cette question, le vieux provençal demeure intraitable et veut tout soumettre à des lois très précises.

Cette intransigeance envers ses propres oeuvres, Malherbe la conserve pour évaluer celles des autres poètes et on comprend qu’il se soit attiré une haine féroce de la part de plusieurs. Ses attaques contre les poètes anciens et leurs disciples font parler le tout Paris littéraire.En 1609, on a publié les oeuvres de Desportes, décédé en 1606. Jusqu’à sa mort, ce poète avait joui du respect et de la considération de tous et on le considérait même comme un nouveau Ronsard. Malherbe s’est donc empressé de se procurer un exemplaire de ses œuvres et, après l’avoir copieusement annoté de remarques pas du tout flatteuses, il le fait maintenant circuler à la cour.

On comprend que cette injure à la mémoire d’un auteur qu’on vénère encore en a fait bondir plus d’un et en particulier, Mathurin Régnier, neveu de Desportes, satirique renommé et ennemi déclaré de Malherbe. Régnier n’a pas laissé passer l’offense et s’est employé à venger la réputation de son oncle.

À même temps, un mouvement se dessine autour de Malherbe et, à chaque jour, on retrouve en sa compagnie quelques-uns de ses plus fidèles amis, François Mainard et Honorât de Bueil, seigneur de Racan, tous deux très populaires à la Cour.

Ainsi donc, devant le groupe de poètes traditionnels s’organise ce qu’on appelle l’école de Malherbe et la guerre des poètes prend un nouveau impulse.

« – Devinez ce qu’elle avait sur l’épaule, d’Artagnan ? dit Athos avec un grand éclat de rire./ – Puis-je le savoir ? demanda d’Artagnan./ – Une fleur de lys, dit Athos. Et il vida d’un seul trait le verre du bon Armagnac qu’il tenait à la main. » (Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires.) La guerre des poètes, c’est une guerre sans quartier. Photo de Megan Jorgensen.


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