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L’interruption médicale de grossesse

On estime à 7000 le nombre d’Interruptions Médicales de Grossesses pratiquées chaque année en France.

Qu’est-ce que l’I.M.G. et dans quels cas peut-elle être pratiquée ? En France, l’interruption médicale de grossesse peut être pratiquée à n’importe quel terme de la grossesse dès lors que celle-ci met gravement en péril l’état de santé de la mère ou que les résultats des différents examens médicaux révèlent que l’enfant que l’on porte est atteint d’une malformation incompatible avec la vie ou entrainant un handicap grave et reconnu comme incurable au moment du diagnostic.
Cette décision, bien qu’appartenant avant tout aux deux parents doit être validée par deux médecins dont l’un dépend impérativement d’un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN).
Le diagnostic du handicap grave et incurable étant confirmé par les différentes instances médicales, cette nouvelle tombe comme un couperet sur les épaules des parents. Face au choc de l’annonce, ils se trouvent tout à coup, confrontés à la décision la plus cruelle qui soit : devoir décider de la mort de leur enfant. En proie à l’angoisse et à la détresse, ils sont pris dans cette contradiction, cette impasse terrible : « donner la vie et donner la mort ». Le fait de se trouver devant la responsabilité de choisir entre  poursuivre ou interrompre la grossesse est une expérience extrêmement difficile et traumatisante pour le couple. Et plus le terme est avancé, plus il est souvent difficile pour la mère d’envisager l’interruption de cette grossesse, même en cas de pathologie grave du fœtus. Sans compter que le deuil prénatal peut être vécu comme un échec pour le couple et engendrer un sentiment de culpabilité lourd à porter. Face à cette décision, il est parfois difficile en effet, de continuer à se projeter comme de bons parents. 
Entre la voix du cœur et la voix de la raison, comment prendre une telle décision au moment où on est complètement bouleversé par cette annonce ?
Quelle que soit la pathologie ou la décision prise par les parents, il est important que le couple soit entouré de professionnels à leur écoute durant ce temps de réflexion : des professionnels qui pourront accueillir sans jugement et sans restriction, tous les sentiments que cette situation va les amener à vivre. Lorsque les mots du refus et de la colère pourront être exprimés et entendus, cela pourra laisser place à l’émergence et l’expression d’autres sentiments tels que la tristesse et le chagrin. Il est important également que les parents puissent prendre le temps de mûrir cette réflexion. Toutes les hypothèses autres que l’I.M.G. doivent  être envisagées : comme attendre la mort in utero, voire même, la naissance naturelle d’un enfant qui ne vivra pas. Certains feront peut-être même le choix de mener à terme cette grossesse en accompagnant l’enfant tout le long de sa courte vie. Tant que la santé de la mère n’est pas engagée, il est possible de revenir sur cette décision à tout moment. Quoiqu’il en soit, il appartient aux parents de prendre la décision qu’ils jugeront être la meilleure, à la fois pour leur enfant et pour eux-mêmes tout en tenant compte de l’ensemble de la famille le cas échéant. Car accueillir un enfant lourdement handicapé va impacter l’ensemble de la cellule familiale.
Après le choc de l’annonce, si la décision est prise de mettre fin à cette grossesse, il est possible que le couple souhaite en finir au plus vite. Or, il est important d’agir sans précipitation afin de permettre aux parents d’intégrer le vécu de l’événement et le processus de deuil, étape par étape.
L’entretien préalable à l’I.M.G. : Une fois la décision prise par le couple et acceptée par le CPDPN (Centre Pluridisciplinaire de Diagnostic PréNatal), la consultation pré I.M.G. doit permettre de donner au couple toutes les informations concernant le déroulement pratique de l’I.M.G. Les modalités d’interruption médicale de grossesse diffèrent en fonction du stade de la grossesse. Avant 14 semaines d’aménorrhées, le médecin procède à une aspiration par curetage, sous anesthésie générale. Après 14 semaines d’aménorrhées, l’aspiration par curetage n’est plus possible. L’accouchement est alors déclenché à l’aide d’un produit favorisant les contractions.
Au-delà de 24 semaines d'aménorrhée, après déclenchement de l'accouchement, le fœtus peut naître vivant. L'IMG comporte alors une étape supplémentaire, le foeticide, qui consiste in utero à endormir l'enfant et arrêter son cœur par voie médicamenteuse. Le fœtus naît donc sans vie au moment de l'expulsion.
Lors de la consultation préalable à l'IMG, le médecin aborde avec les parents,  les différentes questions liées au fœtus.
  • La présentation du corps de l’enfant : une fois le bébé expulsé, il sera rapidement amené hors de la salle d’accouchement. Il sera ramené un peu plus tard, si les parents souhaitent le voir. Il pourra être vêtu avec les vêtements ou un lange qu’ils auront apporté. Certains parents ne peuvent envisager de voir le corps de l’enfant, craignant d’être marqués par cette image. Or ce que l’on imagine est parfois bien pire que la réalité. Si les parents n’ont pas eu la force ou l’envie de voir l’enfant à la naissance, il faut savoir que l’équipe médicale prend généralement des photographies qui seront conservées dans le dossier médical. Cela permettra  aux parents de voir leur enfant à distance s’ils le souhaitent. A l’inverse, certains parents ont besoin de voir l’enfant pour les aider dans leur travail de deuil. Il faut se sentir libre de faire ce qui est juste pour soi, sachant que le père et la mère peuvent avoir sur ce sujet, des désirs différents.
  • La déclaration de l’enfant à l'état civil et l'inhumation :
Pour les fœtus de moins de 22 semaines ou de moins de 500 g nés sans vie, l’inscription à l’état civil et l'inhumation sont possibles à la demande des parents. Sinon la prise en charge est assurée par l'hôpital.
Pour les fœtus de plus de 22 semaines de grossesse ou pour les fœtus pesant plus de 500 g, nés sans vie, l'inscription à l'état civil est obligatoire. L'enfant est alors déclaré né sans vie. L'inhumation et les funérailles par la famille sont possibles. Sinon la prise en charge est assurée par l'hôpital.
Voir l’enfant, le prénommer, organiser des funérailles peut permettre aux parents de franchir la période d’incrédulité et de faciliter le travail de deuil en prenant conscience de la réalité.
Dans le cas où il n’y a pas de funérailles d’organisées, il est possible de poser un acte symbolique : écrire une lettre, planter un arbre, ou tout autre rituel signifiant pour eux afin de matérialiser l’existence de cet enfant. Cela permet de continuer à faire exister l’enfant dans sa mémoire et dans la mémoire des autres. Cela permet aussi de ne pas reporter les sentiments destinés à cet enfant sur un prochain enfant à naître. Un deuil non élaboré risquerait en effet de se projeter sur une nouvelle naissance.

L’entretien pré-IMG a également pour vocation d’informer le couple sur la prise en charge psychologique qui est systématiquement proposée et dont ils peuvent bénéficier. Cet accompagnement psychologique peut aider par exemple, à annoncer cette décision aux autres membres de la fratrie (le cas échéant) et à l’entourage, à parler du difficile retour à la maison, les bras vides… Il a surtout pour objet de faciliter le travail de deuil afin de pouvoir entamer une grossesse ultérieure avec moins d’appréhension, si tel est leur souhait.
Dans ce douloureux parcours, il ne faut pas négliger la prise en charge des pères. Ils n’ont pas forcément la même perception des événements. Ils n’ont pas vécu la grossesse dans leur chair. Le deuil sera donc nécessairement différent. Ce décalage peut déstructurer l’unité du couple et le mettre en difficulté, d’autant que chacun est tellement absorbé par sa propre souffrance qu’il en oublie parfois l’autre.  Mais le couple peut aussi se soutenir devant cette épreuve et en faire une force plutôt qu’un déchirement.
Les associations telles que « Petite Emilie » se révèlent souvent d’un grand soutien pour accompagner les parents dans leur douleur et les aider à traverser le deuil.
N’hésitez pas à confier vos doutes et vos souffrances à un professionnel de l’écoute qui pourra vous aider à mettre des mots sur cette douloureuse épreuve, afin de trouver un apaisement et traverser ce cap difficile.

Et pour aller plus loin si ce sujet vous intéresse :

  • ·         « Le deuil périnatal : Le vivre et l'accompagner » - Chantal Haussaire-Niquet et Christophe Fauré – Ed° Le souffle d’or – 2004 – 158 p – 16,20 €
  • ·         « Ces bébés passés sous silence » : à propos des interruptions médicales de grossesses. – Frédérique Autier-Roux – Ed° Erès – 2007 – 70 p – 8,50 €
  • ·         « Quel âge aurait-il aujourd’hui ? le tabou des grossesses interrompues ». – Stéphane Clerget – Editions Fayard – 306 p – 34 €
  • ·         « Surmonter la mort de l’enfant attendu : dialogue autour du deuil périnatal » -Elisabeth Martineau et Bernard Martineau – Ed° Chronique Sociale -  2008 – 134 p – 13,70 €
  • ·         « Traverser l’épreuve d’une grossesse interrompue » - Nathalie Lancelin-Huin – Ed° Josette Lyon – 11/2016 – 224 p – 17 €

Et également : « Léa n’est pas là » - (livre destiné aux frères et sœurs) d’Anne-Isabelle et David Ariyel  A Télécharger sur www.lelivredelea.fr


Site internet :  www.petiteemilie.org


Patricia Cattaneo
Conseillère Conjugale et Familiale à Grenoble
www.conseillere-conjugale-et-familiale.fr
[email protected]
06 14 76 05 48


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