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CHANSON DOUCE

de Leïla Slimani
Roman - 240 pages
Editions Gallimard - août 2016
Prix Goncourt - 2016

Myriam reprend sa carrière d'avocat. Avec son mari, ils engagent après une rude sélection, Louise, une femme efficace, la perle, celle qui effectue Toutes Les tâches ménagères avec facilité et anticipation, ne rechigne jamais devant les heures sup', est discrète et aimante. Bientôt elle est indispensable. Et le malaise ne fait qu'accroître quand Louise, d'un milieu social opposé, étriquée dans sa petite ville de banlieue, se détourne de sa fille qu'elle ne peut pas admirer. Elle aussi dépend de cette famille, de ce quotidien au sein de ce foyer qu'elle maîtrise, qu'elle façonne, qu'elle veut sans cesse pénétrer. Mais Quelle pourra être l'issue, si les parents n'envisagent pas d'avoir recours à une nounou après la scolarisation des enfants ?


Chanson douce ne l'est pas. La douceur paraîtra fausse au lecteur dès lors que Leïla Slimani, dès les premiers mots, ne nous ménage pas. Une mère découvre ses deux enfants morts.
Et puis, il faudra suivre l'histoire passée de cette famille modèle, aisée, parisienne, instruite, active, ayant une fille et un garçon, en pleine santé. Il faudra suivre Louise au quotidien, dans la répétition des tâches qu'elle accomplit avec réel vocation et engagement. Il faudra lire cette cohabitation de deux milieux sociaux différents, celui de Louise, seule, complexée, mal à l'aise, s'enlisant dans l'endettement, vivant dans un appartement sordide, voyant, démunie, sa fille ado rebelle et décevante, tentant une amorce de relation amoureuse avec un homme pitoyable. Car dans ses rapports de subordination subsiste une inégalité sociale profonde.
 
Extrait :
"Les squares, les après-midi d'hiver. Le crachin balaie les feuilles mortes. Le gravier glacé colle aux genoux des petits. Sur les bancs, dans les allées discrètes, on croise ceux dont le monde ne veut plus. Ils fuient les appartements exigus, les salons tristes, les fauteuils creusés par l'inactivité et l'ennui. Ils préfèrent grelotter en plein air, le dos rond, les bras croisés. A 16 heures, les journées oisives paraissent interminables. C'est au milieu de l'après-midi que l'on perçoit le temps gâché, que l'on s'inquiète de la soirée à venir. A cette heure, on a honte de ne servir à rien."
 
Il faut lire aussi sur la condition familiale contemporaine, sur l'usage du temps. Le temps professionnel valorisé et valorisant. Le temps familial délégué partiellement à des nounous. La culpabilité des mères. L'ennui surveillé des employées. Il faut lire les rapports de force, toutes les occasions de communication non verbale, toutes les rancœurs et les frustrations. Les hésitations, les renoncement, et le dialogue qui se délite.
J'ai beaucoup aimé cette lecture, enveloppante, préoccupante, puisqu'on y progresse avec sans cesse à l'esprit le souci de lire les raisons, les prémices, les germes du drame des pages initiales.
Et à travers son récit qui pourrait être celui du fait divers romancé, il y a une grande lecture que l'on peut fait sur nos vies d'aujourd'hui, sur le présent de notre société.
 
L'avis de Kitty La mouette - Page après page
Avis autour du roman - OnLaLu



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