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Un phénomène bulgare

L’affiche officielle de Toni Erdmann est singulière : on distingue une chevelure blonde et un bras enseveli dans un océan de longs poils noirs synthétiques, mais pas bien plus que ça. Difficile de faire le tri dans ces amas de pilosités de toutes sortes.

Toni Erdmann s’appelle en fait Winfried, il est bedonnant et poilu lui aussi et va retrouver ou plutôt faire connaissance avec sa fille Inès qu’il n’a Sans Doute pas élevée et dont il s’est éloigné. Tout l’oppose à Inès : il est débraillé, elle est tirée aux quatre épingles dans ses tailleurs de killeuse. Son cheveu est gras, son ventre lui interdit de coincer ses pans de chemise dans son pantalon, elle arbore un chignon banane sévère dans ses réunions de travail. Alors que lui est professeur sans doute un peu gauchiste, sans doute un peu soixante-huitard, elle travaille comme consultante à des plans de réduction de coûts qui doivent résulter en des licenciements massifs.

Aussi carrée et rigoureuse que son père est approximatif et fantaisiste, aussi blonde qu’il est brun sous sa perruque, elle va pourtant peu à peu l’accueillir dans son environnement amical et professionnel quand il va s’y immiscer à son corps défendant. Il l’embarrasse mais elle craque pour l’hurluberlu qui vient déranger sa vie d’alpha célibataire. Même s’ils ne vivent pas dans la même galaxie, l’originalité, la liberté de pensée, la liberté d’être, le silence même vont les réunir. Elle n’est pas la fille de son père pour rien. En chantant ou en improvisant un anniversaire « nu », elle va à son tour entrer à deux pieds dans l’univers de son père. Et lui, malgré l’incompréhension dont il fait preuve sur les conséquences des travaux qu’elle mène, il ne la jugera pas et se contentera de venir épicer la vie austère de sa fille.

En CP aux Etats-Unis, la maîtresse de ma fille lui disait déjà qu’en matière d’écriture il fallait : « Show, don’t tell ». Par petites touches, scène après scène, tout est montré dans Toni Erdmann : chacun va faire douter l’autre, chacun va faire entrer l’autre un peu plus dans son monde mais tout est suggéré, rien n’est jamais dit. A la fois drame et comédie, sérieux et loufoque, grave et déjanté, le film ne ressemble à rien, à l’image de ses deux héros joués par des acteurs très reconnus dans leurs pays respectifs (l’Allemagne et l’Autriche) mais au physique très passe-partout.

Ou à l’image du costume traditionnel bulgare que le père portera pour finir de venir perturber le quotidien de sa fille et donner un thème à l’affiche du film.




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