Get Even More Visitors To Your Blog, Upgrade To A Business Listing >>

Mon Centenaire en CD dans Libération


Après Télérama et Citizen Jazz, Jacques Denis évoque l'album de mon Centenaire dans Libération avec en illustration une photo intitulée "Le matin ne pas se raser les antennes" (2010). Je reviendrai sur cet autoportrait lundi dans ce blog...

Dans un album rétrofuturiste, le musicien conceptuel revisite les sonorités de chaque décennie, depuis sa naissance en 1952 jusqu’à la date de son centenaire fantasmé.

Fondateur du label de disques GRRR, compositeur au sein du Drame musical instantané, blogueur pour Mediapart, prosateur pour les Allumés du jazz, improvisateur par nature, expérimentateur par désir, bidouilleur laborantin avant l’heure, Jean-Jacques Birgé est un agitateur d’idées, comme les généreuses années 70 surent en générer tant. Depuis bientôt un demi-siècle, il ne cesse de produire des projets, souvent conceptuels, jamais dénués de charnel, où il interroge la nature même de la musique, entendue comme un ensemble de vibrations qui parlent de (et à) la société des humains. A un âge où beaucoup s’assoupissent sur leurs carrières, où d’autres gèrent leur retraite, lui continue de cogiter sur cette matière première qu’est le son, sur ce qu’elle peut susciter de réflexions et d’inflexions.
C’est de cette oreille qu’il faut appréhender cet album qui célèbre avec une délicieuse ironie son Centenaire, une mise en abyme biographique qui va de 1952, sa naissance, à 2052, il faut bien une fin. Soit une vraie-fausse autocélébration qu’il entend tel un clin d’œil à Orson Welles, à ses films Arkadin et surtout F for Fake. «Pour comprendre ma musique, il faut se tourner vers le cinéma, confie-t-il. Mon approche est encyclopédique, mais la syntaxe est résolument cinématographique. Je pense que c’est ce qui en fait l’originalité. C’était une manière de pallier mes incompétences. Je suis un autodidacte en musique, mais pas en tant qu’artiste.»

Vignettes

Tant dans la scénarisation de l’histoire (la sienne, découpée par décennies, avec son portrait qui vieillit au fil des pages du livret), que dans le casting des musiciens (du regretté trompettiste Bernard Vitet au violoncelliste Vincent Ségal en passant par les voix de son père et de sa sœur ressorties d’une archive de 1958), ou dans le montage des séquences, résonnent en creux ses études à l’Idhec, l’ancien nom de la Femis. «Metteur en sons», ce pourrait être une autre définition de ce «copernicien marxiste», pour qui la dialectique peut parfois casser quelques briques. Les mots - trafiqués, samplés, cuttés, scandés… - comptent aussi dans ce drôle de carnet de notes.
A travers son propre parcours, celui d’un concepteur d’albums dont le premier instrument fut le magnétophone, cet homme de studio plus que de scène invite à revisiter/regarder l’histoire de la musique enregistrée. Chaque décennie évoquée fait écho aussi bien aux esthétiques qu’aux techniques utilisées alors : les millésimes en mode improvisation bien balancée, l’heure des échantillonnages et des claviers aux sonorités étranges - une de ses marottes -, le temps du grand mix electro-organique avec les années 2.0, avant d’entrer dans la prospective.

Empreintes

Jean-Jacques Birgé,s’est toujours plu à manipuler et à jouer avec les nouveaux supports : CD, CD-rom, tablettes, cloud… Et ainsi de suite. Voilà pourquoi cet objet improbable n’est en rien la manifestation d’une quelconque nostalgie, si ce n’est celle du futur. «Il faut sans cesse s’affranchir du passé tout en s’appuyant dessus», insiste ce fervent partisan du temps présent.
Plus que de bilan, il s’agit donc, au cours de cet ego-trip rétrofuturiste, d’ouvrir des perspectives en repartant des empreintes essaimées, des cycles jamais tout à fait achevés, en imaginant aussi les pistes possibles pour demain. Jusqu’au Tombeau final, où Birgé laisse Sacha Gattino lui composer un hommage, avec boîte à musique vintage, sifflements planants et battement électronique. A l’heure de l’ultime rembobinage, cela sonne comme une boucle poétique, qui renvoie à la séquence d’ouverture, un siècle plus tôt. Comme si le temps était sphérique, comme une ultime pirouette pour dire qu’aux voies rectilignes il faudra toujours préférer suivre les courbes sinusoïdales…

Jacques Denis

Centenaire de Jean-Jacques Birgé 1952-2052 (GRRR).


This post first appeared on Jean-Jacques Birgé, please read the originial post: here

Share the post

Mon Centenaire en CD dans Libération

×

Subscribe to Jean-jacques Birgé

Get updates delivered right to your inbox!

Thank you for your subscription

×