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Sindika Dokolo et la question de l’influence angolaise en RDC

Sindika Dokolo, initiateur du mouvement citoyen « Les Congolais Debout »

J’ai attentivement suivi l’interview que le compatriote Sindika Dokolo a accordée aux journalistes Cheik Fita et Amba Westshi. Sa réponse à la question de M. Wetshi sur l’influence de l’Angola dans les affaires congolaises est assez intéressante. « Il y en a qui voient l’ombre de l’Angola derrière vous. Que répondez-vous à tous ceux qui pensent que l’Angola voudrait faire une sorte d’OPA, comme les Rwandais avec l’AFLD… » lui demande le journaliste. Dans sa réponse, Sindika Dokolo souligne que ce sont les troupes angolaises qui ont délogé les troupes rwandaises qui s’étaient emparées du barrage d’Inga, avant de les rapatrier au Rwanda via l’Angola; et d’ajouter : « Je n’ai pas vu pour si peu des Angolais en train de gérer aux destinées du Congo, je n’ai pas vu des Angolais chefs d’état-major, je n’ai pas vu des Angolais opérer des postes importants dans l’administration, dans l’armée, dans les services de sécurité, etc. »

En gros, le compatriote Dokolo explique aux Congolais que l’intervention de l’Angola en RDC, en 1998, était tout à fait désintéressée, contrairement à l’implication rwandaise qui était motivée par d’inavouables desseins. S’il est vrai que l’Angola ne poursuit pas les mêmes objectifs que le Rwanda au Congo, il est absolument faux de prétendre que Luanda est intervenu au côté de Kinshasa pour les seuls beaux yeux des Congolais. Deux facteurs expliquent l’intervention de l’Angola. Primo : l’organe de sécurité et de défense de la SADC stipule qu’en cas d’agression extérieure contre un pays membre, les autres État membres doivent intervenir pour le soutenir. Secundo (et c’est la raison la plus importante) : la situation intérieure qui prévaut en Angola à l’époque – le pays est toujours divisé entre les régions tenues par le gouvernement central et celles contrôlées par l’Unita de Jonas Savimbi – explique l’intervention dans la mesure où les rebelles de l’Unita, qui entretenaient des rapports pour le moins étroits avec le Rwanda qui venait d’envahir le Congo avec la bénédiction des USA, utilisaient la RDC comme base arrière.

En outre, l’intervention de l’Angola au Congo était loin d’être désintéressée, elle répondait avant tout aux impératifs des intérêts angolais. La suite des événements est venue confirmer que ce pays avait intérêt à voir son grand voisin fragilisé. C’était une revanche sur l’histoire après des années de soutien apporté par le Zaïre de Mobutu à l’Unita de Jonas Savimbi. Ainsi donc, après avoir rapatrié les envahisseurs rwandais qui avaient occupé Inga sur demande des États-Unis, Luanda s’attela à maintenir le statu quo sur le front militaire à l’Est, entérinant la division du pays en deux. Après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila dans des circonstances non élucidées jusqu’à ce jour, le numéro un angolais Edouardo dos Santos décide de soutenir son successeur, Joseph Kabila. Petit détail non sans intérêt : certaines sources soupçonnent l’Angola d’avoir pris part au complot, ou du moins d’en avoir été informé.

Depuis janvier 2001, «Kabila fils» évolue à l’ombre de Dos Santos. C’est son protégé. En 2007, Luanda, qui occupait impunément le territoire de Kahemba, a dépêché ses troupes à Kinshasa pour mater les hommes de l’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba qui affrontaient la garde présidentielle. En 2006, il « salue » l’élection frauduleuse de Joseph Kabila. Idem en 2011. Ce soutien de Dos Santos à Kabila semble par ailleurs expliquer le silence de Kinshasa dans plusieurs dossiers l’opposant à Luanda : l’occupation du territoire de Kahemba, le dossier du pétrole congolais pompé impunément par l’Angola voici plusieurs décennies, pour ne citer que ces deux cas. Ce n’est pas demain que l’influence de l’Angola en RDC prendra fin. Lorsque Sindika Dokolo laisse entendre que les Angolais n’ont pas occupé les institutions et le territoire congolais au même titre que les Rwandais, dont l’objectif principal est de morceler le Congo pour rattacher certaines parties à leur pays, je lui réponds OUI, tout en lui rappelant qu’on n’a pas nécessairement besoin d’occuper ou d’infiltrer les institutions d’un pays pour le dominer; il suffit d’avoir quelques nationaux sans scrupules et/ou naïfs jouant les marionnettes ou les « nègres de service » des intérêts étrangers et le tour est joué. Sur ce, je bois mon lait nsambarisé…

Patrick Mbeko



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